lundi 4 mai 2009

Impressions sur la manifestation du 1er mai

Nous avons suivi le défilé parisien du 1er mai qui s’est déroulé entre la place Denfert-Rochereau et la place de la Bastille.
Manifestation unitaire, les confédérations syndicales étaient toutes représentées : C.G.T., C.F.D.T., C.F.T.C., F.O., U.N.S.A., U.N.E.F., F.S.U., Union syndicale solidaires. Les manifestants furent nombreux mais moins que lors de la manifestation du 19 mars dernier, il est à relever que les entreprises privées ne furent que marginalement représentées alors que leur présence constituait le fait nouveau des précédentes manifestations. Les manifestants ne relevaient pratiquement que du secteur public ou para-public auquel s’ajoutait un fort contingent de retraités C.G.T. La participation des jeunes fut relativement faible, la représentation de la F.I.D.L. (les lycéens) fut très limitée. Le 1er mai historique qu’espéraient les syndicats ne fut pas au rendez-vous.
Les partis politiques de gauche furent présents mais globalement discrets, postés en points fixes sur les trottoirs, leurs ténors firent acte de présence le temps d’une photographie. Les communistes furent représentés par un stand de l’Humanité, le Parti de Gauche était également là et les socialistes furent présents surtout rue Soufflot et près de l’Institut du Monde arabe, ce qui leur va assez bien. Ces derniers ne purent s’empêcher de faire de la propagande pour leur liste aux européennes emmenée par la bouture socialiste et faux pote Harlem Désir. Le N.P.A. (O. Besancenot) qui se devait de phagocyter cette manifestation s’était mobilisé en compagnie d’une escouade de Lutte Ouvrière.
Les manifestants arboraient principalement deux autocollants portant les slogans : « Casse toi, pov’con » et « Rêve générale (sic) » Le premier slogan dénote une politisation de ces manifestations relevant normalement du social et un mépris du suffrage universel, le second démontre bien que ce mouvement baigne dans un idéalisme utopiste et dans un rêve doucereux bercé d’effluves de joints.
Il est de tradition dorénavant que, tout le long du parcours de ces manifestations, de multiples organisations fassent le trottoir pour y vendre leurs charmes idéologiques. Parmi celles-ci, nous avons relevé les Tigres Tamouls qui étaient remarquables par leur effectif, puis pêle-mêle nous avons noté la présence de représentants de quelques établissements scolaires, de plusieurs mouvements de sans papiers, de Kurdes, de Chiliens, d’un mouvement pro-cagoule, du Parti de la décroissance, de mouvements féministes, de militants pour le développement de l’espéranto, du mouvement Utopia, de la Ligue des droits de l’homme, de S.O.S. racisme, de mouvements maghrébins, du Front de Gauche pour changer l’Europe, du F.R.A.P. ou Festival des Résistances et des Alternatives à Paris, de militants en faveur du droit de vote et d’éligibilité des résidents non-communautaires aux élections municipales et européennes, du groupe Europe écologie, de deux militants de Riposte antifasciste (devant une banderole prônant l’interdiction du F.N. et du M.N.R.), de militants pour les victimes de l’agent orange, d’activistes en faveur d’Yvan Colonna., etc. Le mouvement le plus sympathique, à notre humble avis, était représenté par les Vietnamiens qui manifestaient pour plus de démocratie dans leur pays. Par contre, nous n’avons relevé aucune trace de mouvements pro-palestiniens. Un ou deux drapeaux français étaient noyés dans un florilège de banderoles, la manifestation n’avait rien de patriotique. C’était un condensé de mondialisation.
Bref, tout ceci fut un grand melting pot, un agglomérat sans structure rassemblant des individus sans communauté d’intérêt, dont certains trouvaient spirituel de montrer leurs fesses au public ! Nous avons remarqué que ce genre de manifestations était une bonne occasion pour les militants anti-capitalistes de faire des affaires, vous aviez le choix entre acheter du muguet, des boissons, des sandwichs, des merguez (halal bien sûr), des tee-shirts, des livres, des journaux, des brochures , etc., l’anticapitalisme rimait bien ici avec opportunisme !
Nous avons eu l’impression que tous ces militants venaient faire la fête révolutionnaire, pardon la « teuf » pour parler comme Jacques Lang, le temps d’une manifestation, à condition qu’il fasse beau et, pour les bourgeois gauchos, que le socialisme concerne les portefeuilles des autres. Nous avons remarqué la présence de militants abonnés aux manifestations, telles celles du 29 janvier et du 19 mars, à l’image de l’incontournable syndicaliste C.G.T. de la R.A.T.P. monté sur un véhicule et arborant un simple string et une petite cape.
En définitive, nous avons assisté à un défilé du 1er mai de professionnels de la « manif », les fonctionnaires de la banderole et du tractage syndical étaient bien présents, mais l’ambiance était somme toute assez terne comme s’ils sacrifiaient à une simple obligation de manifester.
En conclusion, nous sommes persuadés que cette composition sociologique de syndicalistes mâtinés d’esprit post soixante-huitard et de bobos gauchistes de tout acabit fait plus craindre la multiplication des violences physiques et des mouvements de grève extrêmement durs et totalement irréalistes qu’une révolution qui demande un minimum d’organisation et de réalisme.
Les souhaits de certains que les organisations syndicales lancent un mot d’ordre de grève générale illimitée, s’ils devaient se réaliser, ne feraient qu’enfoncer un peu plus la France dans la crise et illustrent l’aveuglement idéologique des manifestants, totalement déconnectés de la réalité économique.
L’appel à la grève générale serait de toutes façons voué à l’échec.

Louis CHAGNON