dimanche 4 novembre 2007

Interview parue dans le numéro d'octobre de la revue du MNR "Le Chêne"

Comment analysez-vous la contre-performance de Le Pen à la présidentielle de 2007 et les mauvais résultats aux législatives ?

Bernard Antony : La vérité, c'est que je n'ai pas quitté le Front national mais son bureau politique, pour manifester mon désaccord sur une évolution que je voyais suicidaire, combinant la rupture avec certaines de ses valeurs fondamentales et une sclérose clanico-stalinoïde avec ses modes d'organisation et de fonctionnement. En quelque sorte, il évoluait où il ne fallait pas et il régressait là où il aurait dû se moderniser. On m'en a rayé des listes sans avoir jamais le courage de m'en informer, de me dire en face pourquoi, en invoquant pour les medias des prétextes contradictoires et également mensongers.
En cohérence avec ce qui précède, je crois que les deux échecs que vous analysez tiennent à deux raisons. La première est celle de l'affaiblissement interne. Dans le mouvement, on a tout de même perçu un brouillage du message sinon une trahison. Alors, pour faire face au mécontentement de ceux qui grognaient, on s'est efforcé de maintenir la cohésion, résultant jadis de l'adhésion à un idéal, par une sorte d'autoritarisme caporaliste. La deuxième est celle de la puissance de la concurrence sarkozienne face à laquelle on ne pouvait résister ni avec des idées en marmelade, ni avec un corps militant brisé.

Selon vous, quelles sont les conditions à réunir pour que la droite nationale renoue avec les succès ?

BA : Ma réponse se déduit de ce que je viens de dire. Il faut reconstruire d'abord dans la clarté des valeurs et exigences fondamentales de la droite nationale et sociale, à savoir le respect de la dignité humaine, le refus de la culture de mort, la défense de l'indépendance de la France dans une Europe des Pactes, la défense des libertés positives, la remise à sa place du seul pouvoir scandaleusement absolu aujourd'hui le pouvoir des juges n'ayant de limite et de comptes à rendre ni devant Dieu ni devant les électeurs.
Il faudra ensuite mettre sur pied une organisation fédérative dirigée par un conseil des responsables des différentes composantes du mouvement national.

Vous avez annoncé votre participation à la journée du 27 octobre à Paris organisée par la revue Synthèse nationale. Sur quelles bases, politiques et stratégiques, l'unité du camp national pourrait-elle se faire ?

BA : J'ai accepté d'y participer sur la foi de ce que l'on m'en a dit oralement. Mais attention, il ne s'agit donc selon moi que d'une journée d'échanges et de confrontations sur la notion d'identité nationale. Il ne s'agit nullement de la constitution d'une quelconque coordination.
J'ai en effet constaté que figuraient dans la liste des participants des personnes avec lesquelles notre divergence d'idées et de valeurs interdit toute collaboration. Pour être clair, je ne travaillerai jamais, par exemple, dans un rassemblement avec Pierre Vial contre lequel je n'ai rien à titre personnel mais dont je ne partage pas l'idéologie à mon sens antinationale et antichrétienne, qu'il a, fort honnêtement d'ailleurs, explicitée dans un de ses livres que nous avons commenté dans Reconquête.
Je ne me prêterai donc pas à quelque « manie que ce soit. Je connais assez la praxis léninotrotskiste pour la subir à droite de la part de gens qui ne sont pas de droite !

Quel jugement portez-vous sur les premiers mois de Sarkozy au pouvoir ?

BA : Un jugement encore réservé sur les questions économiques et sociales et sur la justice. Plus négatif sur la politique étrangère et sur la politique d'immigration, très négatif sur sa politique face à l'islam et très inquiet sur ce qu'il va réellement faire sur l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Et, bien sûr, il continue hélas dans un euro-constructivisme inacceptable.

Vous revenez d'un récent séjour au Liban. Quel était le but de ce voyage ?

BA : Rencontrer mes amis qui luttent pour que le Liban ne devienne pas une république islamique sous contrôle irano-syrien. Apporter l'aide quêtée par Chrétienté-Solidarité pour des oeuvres catholiques ou de résistance nationale.

Pouvez-vous nous dire quelques mots de l'AGRIF (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne) et de son action ?

BA : Elle est la seule association authentiquement anti-raciste oeuvrant dans le cadre d'une législation qu'il faudrait d'ailleurs profondément réviser comme je l'ai exprimé dans une longue lettre à Nicolas Sarkozy. Elle s'attaque en effet au racisme anti-français et au racisme anti-chrétien dont ne se soucient nullement les professionnels de l'idéologie dite anti-raciste qui selon l'expression juste d'Alain Finkelkraut est le communisme du XXIe siècle. Elle engage sans cesse des actions devant les tribunaux. La dernière en date est celle que nous déclenchons contre Houria Bouteldja et la manière dont elle a qualifié les blancs de "souchiens" qu'il faudrait rééduquer... L'AGRIF, qui n'a été affecté d'aucune querelle au sein de ses institutions dirigeantes, réunit dans la diversité de l'amitié française tous ceux qui, croyants ou non, respectent l'âme chrétienne de la France, la culture de vie et la légitime fierté d'appartenance à la nation française.