vendredi 8 décembre 2006

Nouvelles d'Allemagne

Pour raison familiale, je passe, avec mon épouse, quelques jours en Allemagne, à Göttingen, belle ville universitaire et historique de Basse Saxe dont Barbara a chanté les enfants : « Car les enfants ce sont les mêmes à Paris comme à Göttingen ».

Cela est vrai et faux à la fois. Vrai, en ce sens que, n’en déplaisent aux racistes, tous les enfants du monde se ressemblent. Vrai encore en ce sens que, plus ou moins blonds ou plus ou moins bruns, les petits Allemands ressemblent aux petits Français, comme tous les petits enfants sur les deux rives du Rhin depuis des siècles.

A l’avantage de l’Allemagne, je vérifie encore une fois combien tout est propre, ordonné, respectueux d’autrui ; les gens sont gentils, attentifs, empressés à vous renseigner.

Nous étions, hier, à l’aéroport puis à la gare de Francfort. Quelle différence avec notre gare du Nord, si tiers-mondialisée et clochardisée, avec ses recoins douteux et une faune pas toujours rassurante. J’en ai eu l’expérience.

L’immigration turque est ici la principale avec, comme partout en Europe, ses restaurants chiche-kebab aux enseignes du Bosphore ou des Dardanelles. Mais elle n’est pas tapageuse : pas trop de bruits ni d’odeurs comme disait jadis le Jacques Chirac d’un moment. Les Allemands accueillent volontiers les Turcs et les Turcs s’adaptent à Allemagne.

Entre les deux races, germanique et touranienne, il y a, il est vrai, des points de convergence. Il y a aussi, au-delà de la différence de religion , la sympathie historique depuis le XIXème siècle dans l’alliance militaire, dans la germanophilie des Jeunes Turcs et de Mustapha Kémal, dans la construction de la ligne de chemin de fer Berlin/Ankara.

L’indépassable reporter Henri Béraud a admirablement évoqué cela. Et même Hitler sut faire recruter des SS avec la collaboration des muftis de Jérusalem, de Sarajevo et d’Ankara.

Au-delà des régimes, il y a ainsi dans le rapport des peuples, dans leur inconscient et dans les sentiments profonds des individus, des attirances ou des répulsions qui ne sont pas de l’ordre de la raison pure.

Mais cela dit, ma fille et mon gendre, jeune docteur en neuro-sciences et invité dans un grand institut de recherche, y sont admirablement bien accueillis par les Allemands qui aiment les Français. Mais ils me faisaient remarquer qu’ayant déjà deux enfants, on les considérait avec un grand étonnement.

Car les petits enfants des anciens Allemands sont rares à Göttingen. En promenade, ce jour, sur les belles pistes piétonnières, j’ai, en effet, croisé des dizaines de couples avec …des chiens (tout, sauf des bergers allemands)[1].

Qu’on se rassure, les Turcs comblent les vides. Comme chez eux, jadis, dans les zones de l’Arménie conquise.


[1] Je n’ai strictement rien contre les chiens même pas contre les bergers allemands.