mercredi 19 novembre 2025

Les libres propos d’Alain Sanders


Ukraine : voici venir l’hiver tueur de pauvres gens…

Alors que l’Ukraine se prépare à son quatrième hiver de guerre et que le conflit entre dans une phase particulièrement tendue, les forces d’invasion russes intensifient leur pression sur l’est du pays. Les combats les plus violents se concentrent autour de Pokrovsk, nœud logistique stratégique de la région de Donetsk, où l’armée ukrainienne tente de maintenir une défense sous forte contrainte.

Lundi, le président Zelensky, en visite officielle à Paris, a signé une « déclaration d’intention » portant sur l’acquisition (livraison sur une décennie…) d’une centaine d’avions de combat Rafale, avec leurs armements associés, ainsi que de huit systèmes de défense aérienne SAMP-T nouvelle génération.

Depuis plusieurs semaines, la ville de Pokrovsk est devenue l’épicentre de l’offensive russe. Les combats se déroulent désormais maison par maison, tandis que les unités ukrainiennes tentent de repousser l’avancée ennemie dans des conditions extrêmement difficiles.

Pour éviter un encerclement total, Kiev a déployé des forces spéciales afin de stabiliser la ligne de défense et d’assurer le maintien d’un corridor de ravitaillement. Malgré les intox russes affirmant avoir « refermé la tenaille », la ville reste reliée à l’arrière (bien qu’au prix de lourdes pertes et d’une logistique précaire).

Volodymyr Zelensky s’était rendu sur place début novembre pour soutenir les troupes et souligner l’importance stratégique de la cité : sa chute permettrait à Moscou d’asseoir un contrôle plus large sur l’ensemble de l’ouest du Donbass. La Russie aurait déployé près de 170 000 soldats supplémentaires dans la région de Donetsk. Ce renfort témoigne de la volonté de Moscou de porter un coup décisif à l’armée ukrainienne sur ce front. Soutenue par une production accrue de drones, de missiles et de bombes planantes à longue portée, l’armée russe combine assauts terrestres et stratégies d’encerclement pour épuiser les défenseurs ukrainiens, déjà confrontés à des problèmes de personnels et de matériels.

Face à cette pression, Kiev ne lâche rien et intensifie ses opérations de longue portée contre les infrastructures logistiques russes. Les services de renseignement ukrainiens ont ainsi frappé un oléoduc près de Moscou, un oléoduc utilisé pour alimenter les forces russes en carburant.

Ces attaques, bien que symboliquement fortes, n’inversent hélas pas l’actuel rapport de force sur le terrain. Les progrès russes continuent d’être mesurés chaque semaine, notamment dans les secteurs de Pokrovsk, Myrnohrad et plus au sud vers Zaporijia.

Les analystes occidentaux décrivent une situation « dangereuse » pour Kiev dans le Donbass. L’armée ukrainienne fait face à des pénuries persistantes (malgré les vaines promesses de l’Europe et des USA) : munitions, effectifs, pièces détachées.
Des rapports pointent le risque d’un effondrement localisé de la ligne si les unités présentes à Pokrovsk venaient à manquer de renforts. Si la ville tombait, les conséquences seraient significatives : un recul généralisé sur plusieurs dizaines de kilomètres pourrait devenir difficile à éviter pour les forces ukrainiennes.

Alors que l’hiver approche, la bataille de Pokrovsk apparaît donc comme un point de bascule potentiel du conflit. La Russie espère y obtenir une victoire qui renforcerait son contrôle sur l’est de l’Ukraine et lui offrirait un avantage stratégique durable. De son côté, Kiev tente de ralentir à tout prix la progression ennemie, consciente que la perte de ce hub logistique affaiblirait considérablement sa capacité à tenir la ligne dans le Donbass.

La Russie a revendiqué la prise de trois nouveaux villages sur la ligne du front oriental, à savoir Platonivka (dans la région de Donetsk), Dvoritchanské (dans la région de Kharkiv), Gaï (dans la région de Dnipropetrovsk).

Dans la capitale, le froid est déjà là. Moscou bombardant quotidiennement les populations civiles et les infrastructures énergétiques, la plupart des quartiers sont désormais privés d’électricité et donc de chauffage. Une situation dramatique à laquelle s’ajoute la découverte par le Bureau anticorruption d’Ukraine d’un détournement de plus de 100 millions d’euros au sein d’Energoatom, la compagnie chargée de la production d’énergie nucléaire. Des fonds destinés à renforcer la sécurité du réseau face aux frappes russes ont été « redirigés » vers des sociétés-écrans à l’étranger. Même si Zelinsky a pris des mesures immédiates contre les coupables, même si les profiteurs de guerre et les salopards sont de toutes les époques et de tous les pays, Kiev aurait bien fait l’économie d’un tel scandale.

Le miracle, c’est que les Ukrainiens continuent de tenir. Et leurs soldats de faire mieux que de colmater des brèches en infligeant à l’envahisseur russe des pertes énormes (en hommes et en matériels).

Alain Sanders