On a retrouvé les restes de Jean-Michel Nicolier, volontaire français dans les forces croates et martyr, à Vukovar (novembre 1991), de l’Armée rouge serbo-yougoslave
Jean-Michel Nicolier (1967-1991) est un jeune Français originaire de Vesoul (Haute-Saône) engagé volontaire auprès des forces croates pendant la guerre d’indépendance de la Croatie contre les communistes serbo-yougoslaves. Son histoire, marquée par un profond engagement et un courage exceptionnel, a fait de lui une figure symbolique de la solidarité internationale envers la Croatie. Et un héros en Croatie.
Né le 1er juillet 1967, Jean-Michel Nicolier a grandi dans une famille modeste à Vesoul. Après avoir suivi une scolarité classique et effectué divers petits emplois, il décide, en 1991, de partir en Croatie alors plongée dans la guerre après la dislocation de la dictature yougoslave. Sensibilisé par les images de la guerre diffusées à la télévision, il est touché par le sort des civils croates et prend la décision de se rendre sur place. Pour aider.
En juillet 1991, il arrive en Croatie et rejoint la Garde nationale croate (Zbor Narodne Garde) avant d’intégrer la Hrvatska Vojska (l’armée croate). Il participe aux combats pour la défense de Vukovar, une ville du nord-est du pays assiégée pendant plusieurs mois par l’armée serbo-yougoslave et les milices serbes. Malgré des conditions extrêmement difficiles, il reste fidèle à son engagement aux côtés des habitants de Vukovar qu’il a juré de protéger jusqu’au bout.
Vukovar tombe le 18 novembre 1991. Après un siège dantesque de près de trois mois. Jean-Michel, blessé, sera capturé avec d’autres défenseurs et civils croates. Il sera détenu à l’hôpital de Vukovar, puis transféré au hangar d’Ovčara, un lieu tristement célèbre pour le massacre de quelque 260 prisonniers croates par les forces serbes. C’est là que Jean-Michel, battu, torturé, sommé de désavouer ses camarades croates, ne cédera rien à ses bourreaux. Il sera alors exécuté d’une balle dans la tête. A la soviétique. Son cadavre sera jeté dans une fosse commune. Il avait 25 ans.
Son corps n’avait jamais été retrouvé. En septembre 2025, trois corps ont été retrouvé près d’Ovcara. Les restes de Jean Michel ont pu être identifiés. En Croatie, Jean-Michel Nicolier est considéré comme un héros national. Quand on parle de lui, on dit : «Roden kao Francuz, umro kak Hvrat » (« Né français, mort Croate »).
En 2006, il a été décoré à titre posthume de la Médaille du souvenir de la guerre pour l’indépendance de la Croatie et, en 2011, il a reçu la citoyenneté d’honneur croate à titre posthume. Une école et plusieurs rues portent aujourd’hui son nom. En 2014, son nom a été donné à un pont sur la rivière Vuka (un buste et une plaque commémorative ont été érigés à l’entrée du pont). Un documentaire, intitulé Jean-Michel Nicolier, le Français de Vukovar, retrace son histoire et son sacrifice. En 2012, la romancière croate Nevenka Nekic a publié un roman inspiré de son histoire : Jean ili miris smrti.
En 2021, un buste à son effigie a été inauguré
à Vukovar en présence d’officiels croates et français.
En France, sa mémoire reste moins connue (sinon dans nos rangs), mais plusieurs
initiatives locales et associatives œuvrent à la faire connaître. Le parcours
de Jean-Michel Nicolier incarne le courage, l’altruisme et l’engagement pour la
liberté face au communisme. Il demeure un symbole fort de la fraternité entre
la France et la Croatie et, plus que tout, un exemple d’humanité face à la
barbarie.
Alain Sanders
