lundi 13 octobre 2025

Les libres propos d’Alain Sanders


Pour une fois (une fois n’est pas coutume…), un Nobel de la Paix qui n’est ni wokiste ni « politiquement correct »…

 

S’il fallait montrer que, depuis sa création en 1901, le Nobel de la Paix, décerné à des Aristide Briand, Dag Hammarskjöld, Lê Dûc Tho (Vietminh fanatique), Amnesty International, Jimmy Carter, Al Gore, Arafat et autres canards boiteux du « politiquement correct » et des idéologies subversives, est une sorte d’imposture universelle, rappelons qu’il fut décerné à Barak Obama – en 2009 – alors qu’il venait de décider l’envoi massif de troupes de combat en Afghanistan (1)…

Mais cette année, n’en déplaise aux groupies trumpistes qui auraient bien vu leur grand homme couronné, le Nobel a choisi – une fois n’est pas coutume – de s’écarter du wokisme et dudroitdelhommisme échévelé.

Grande figure de l’opposition à la dictature socialo-communiste installée au Venezuela par Hugo Chàvez et renforcée par Nicolàs Maduro (deux « modèles » vénérés par un Mélenchon par ailleurs chantre de Robespierre), Maria Corina Machado a été désignée pour la récompense suédoise (2).

C’est un choix éminemment politique. Un coup porté à l’horreur marxiste-léniniste, mâtinée de castrisme, qui tient le Venezuela dans la terreur politique et la misère économique depuis des lustres.

Maria Corina Machado se bat depuis 2002 contre le chàvisme. Ce qui lui a valu d’être persécutée, arrêtée, menacée de mort (elle a dû envoyer ses enfants et sa mère se mettre à l’abri aux Etats-Unis). Si elle n’a pas été tuée par les porte-flingues du régime, c’est qu’elle bénéficie d’une image internationale plus ou moins protectrice : Chàvez n’osait pas passer à l’acte, et Machado, qui craint le retour de bâton américain – qui finira par venir – aboie plus qu’il ne mord en l’occurrence.

En 2023, Maria Corina Machado avait remporté, avec 93,13% des voix, les primaires organisées par l’opposition en vue de la présidentielle de 2024. Aussitôt une décision arbitraire lui fera interdiction d’exercer la moindre fonction publique jusqu’en 2030. Suivra, le 27 janvier 2024, la décision du Tribunal suprême de justice (sic) d’interdire sa candidature à la présidentielle et une inéligibilité à la clef (3).

Menacée dans ses déplacements et dans sa vie, la résistante est passée à la semi-clandestinité : réfugiée dans des lieux secrets qui changent chaque jour, elle continue à se déplacer dans le pays (où elle jouit de complicités populaires) pour mobiliser contre la dictature.

Sur le plan international, Maria Corina Machado a soutenu le candidat de la droite nationale en Colombie, Ivàn Duque, vainqueur de la dernière présidentielle. Elle a félicité l’Argentin Javier Milei pour sa victoire à la présidentielle de 2023. Elle est signataire de la charte de Madrid lancée en 2020 par le parti nationaliste espagnol Vox pour unir les droites d’Espagne et d’Amérique latine contre le narco-communisme, la gauche et le crime organisé. Elle soutient le droit d’Israël à se défendre et réaffirme que le terrorisme islamo-palestinien doit être vaincu quel qu’en soit le prix.

Dame de fer, mais fine mouche, Maria Corina Machado a dédié son prix à Donald Trump en hommage à son « soutien décisif » contre Maduro et ses sicaires communistes. Un geste et une attention qui, paraît-il, ont mis du baume au cœur du locataire de la Maison-Blanche et de ses partisans.

Vingt ans de lutte contre le chàvisme et, enfin, cette reconnaissance internationale (sous les cris d’orfraie des gauches internationales elles aussi…). Malgré les forces de répression (à commencer par les milices rouges de brutes fanatisées) des milliers de Vénézuéliens – aussitôt violemment tabassés et arrêtés par centaines – sont descendus dans les rues de Caracas pour fêter celle qu’ils ont surnommée la Libertadora (la Libératrice), par référence à Simon Bolivar El Libertador.

Maria Corina Machado recevra son prix le 10 décembre prochain à Oslo.

Alain Sanders

 

(1)   Dans leur livre assassin, Prix Nobel : le prestige et l’imposture (L’Observatoire), Christine Kerdellant et Daniel Temam indiquent, à propos du choix surprenant d’Obama, que le président du Comité Nobel, qui venait d’être récemment nommé à l’époque, était aussi le secrétaire général du Conseil de l’Europe : il était obsédé par le désir d’être pris en photo avec « Obama, le leader du monde libre ». D’où ce choix…

(2)  L’an dernier, elle a reçu le prix Vaclav-Havel et le prix Sakharov.

(3)  Un éventuel rapprochement avec le sort réservé, en France, à une femme politique française qu’on cherche à « écarter » de la prochaine présidentielle ne serait pas le fruit du hasard. Le chàvisme ne manque pas d’émules chez nous…