Le point sur la situation en Nouvelle-Calédonie : plus de guère de poils sur le Caillou…
L’été étant quasiment passé, et notamment sur la situation en Nouvelle-Calédonie, il convient peut-être de rappeler où l’on en est et comment on en est arrivé là. Les faits, rien que les faits. En attendant un très prévisible maelstrom.
Le 13 mai 2024, une réforme constitutionnelle visant à élargir le corps électoral aux élections provinciales avait provoqué de violentes émeutes insurrectionnelles. Bilan : 14 morts, 300 blessés, 2,2 milliards d’euros de dégâts, et plus de 2 600 arrestations (mais très peu de condamnations).
Pour rétablir l’ordre, l’État d’urgence fut décrété le 15 mai 2024. Avec des mesures comme un pont aérien et des assignations à résidence. Le plan dit « PS2R » (Plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction) fut initié en octobre. Histoire de colmater les brèches en mettant une sorte d’emplâtre sur une jambe de bois.
En décembre 2024, le parti Calédonie Ensemble quittait le gouvernement collégial, provoquant sa chute. Un nouveau gouvernement loyaliste fut formé fin décembre. Alcide Ponga en est devenu le président début janvier 2025.
Le FLNKS est fragilisé : le Palika et l’UPM (les plus « modérés ») se sont partiellement retirés, ne reconnaissant désormais que l’Union calédonienne (UC) comme seule légitime. En outre, l’élection controversée de Christian Tein (leader radical de la CCAT) a renforcé les tensions internes.
Fin 2024, 11 600 emplois salariés ont été perdus (sur environ 60 000) et 13 500 personnes étaient toujours au chômage partiel. La cherté de la vie continue de peser, particulièrement sur les ménages modestes. Et l’insécurité fait de certaines zones de Nouméa des coupe-gorges dès la nuit tombée.
Les maires ont alerté sur une forte baisse des recettes fiscales locales due à la crise du nickel et aux émeutes. Ils estiment à 180 millions d’euros les besoins immédiats. L’État a promis une rallonge de 700 millions d’euros et 1 milliard d’euros de prêts garantis. Toujours l’argent magique…
Le ministre des Outre-Mer de l’époque, François-Noël Buffet, lors de sa visite en octobre 2024, avait mis l’accent sur une méthode de dialogue rénovée et engagé des financements, notamment pour reconstruire les écoles (100 % des coûts pris en charge).
Les élections provinciales, initialement prévues en mai 2024, ont été repoussées plusieurs fois, jusqu’à fin novembre 2025 pour, voulait-on croire, « permettre un rétablissement du dialogue ».
En novembre 2024, une mission conjointe des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat s’était rendue à Nouméa pour relancer ledit dialogue. Sans résultats, bien sûr.
En juillet dernier, un sommet a été organisé à Bougival (Yvelines), réunissant Emmanuel Macron, le Premier ministre, le ministre des Outre-Mer, Valls, et les principales forces politiques calédoniennes. Tout ce beau monde siégeant sans moufter sous le drapeau kanak.
Il en est sorti un accord surnommé « Le pari de la confiance » (sic). Il prévoyait la création d’un État de Nouvelle-Calédonie inscrit dans la Constitution, une souveraineté partagée, une nationalité calédonienne, une loi organique spéciale, et une loi fondamentale votée en 2026. Il comporte aussi un pacte économique et un plan stratégique pour la filière nickel. Au programme aussi (en principe) : à l’automne 2025, adoption de la loi organique (report des élections à juin 2026) et projet de loi constitutionnelle ; début 2026, soumission de l’accord au référendum des Calédoniens ; adoption de la loi organique ; élections municipales et provinciales.
Le 9 août dernier, le FLNKS a rejeté formellement l’accord, le considérant incompatible avec le droit à l’autodétermination. Cet accord, jugé « historique » par Macron et Valls, est certes passé dans l’Histoire, mais côté poubelles….
La suite ? Elle se jouera dans un climat de guerre civile, hélas… Nous y reviendrons.
Alain Sanders