jeudi 17 juillet 2025

Les libres propos d’Alain Sanders

 Ukraine : tout est encore possible !

Assez récemment, je racontais à Bernard Antony que lorsque, petit lascar turbulent, je faisais l’intéressant en feignant de  loucher, ma grand-mère me disait : « Arrête de faire ça : si un mauvais courant d’air passe, tu vas rester bigleux toute ta vie… » Et je poursuivais en disant, Trump semblant revoir sa copie sur l’Ukraine : « Espérons que va passer un bon courant d’air qui va le fixer dans de mêmes bonnes résolutions… »

Pour l’heure, cela semble être le cas. Après avoir scandaleusement annoncé son désir de se désengager d’Ukraine, Trump, notamment touché par une bonne fée (en l’occurrence son épouse, Melania : née en Slovénie, elle sait qu’il ne faut rien attendre des Russes sinon le pire et elle a fini par l’en convaincre), annonce désormais de nouvelles livraisons d’armes à Kiev. À commencer par les très efficaces systèmes de défense antiaériens Patriot et des missiles ATACMS. À continuer par la menace de lourdes sanctions douanières à l’encontre des alliés de Moscou (la Chine communiste en tête).

Trump aura mis le temps à comprendre que Poutine (KGB un jour, KGB toujours) était en train de le manipuler. Presque six mois. Mais restons prudents : l’ultimatum de « cinquante jours » envoyé à Poutine est anormalement long. Il n’empêchera pas Moscou  de lancer cette grande offensive d’été (que nous annonçons depuis de semaines dans Reconquête et sur ce blog). Reste qu’à Moscou on a compris que le vent avait tourné. « Nous prenons les menaces de Trump au sérieux » a déclaré le boutefeu Medvedev, éternel homme de paille de Poutine, tandis que le journal poutiniste Kommersant titrait en une : « Trump a rejoint le parti de la guerre ».

Il ne faut jamais oublier que Trump est aussi – est surtout diront certains – un businessman. Il a ainsi pris en compte le fait que ce sont les Européens qui vont acheter – et payer comptant – les armes américaines destinées à l’Ukraine. D’où un nouveau credo de sa part (lui qui, il y a un mois encore, tenait l’Europe pour de la roupie de sansonnet) : « Avoir une Europe forte est une très bonne chose ».

Ce qui importe surtout, c’est que ce new deal trumpiste soit une bonne chose pour l’Ukraine. La livraison à Kiev de systèmes de défense antiaériens, de missiles de longue portée (et la possibilité de frapper Moscou comme Moscou frappe Kiev) et d’autres munitions, est un message que Poutine peut comprendre : il ne gagnera jamais la guerre qu’il a déclenchée contre un pays libre il y a trois ans et demi.

Mais il faut faire vite. Chaque jour compte pour l’Ukraine. Les bombardements meurtriers sur Kiev et, désormais, des villes de l’ouest (près de la frontière polonaise) sont quotidiens et frappent des civils (dans la seule nuit du 11 au 12 juillet, 597 drones et 26 missiles de croisière Kh-10).

Sur la ligne de front, les Russes ont perdu 100 000 soldats depuis janvier dernier. Et ils sont statiques. Mais, nous avons eu l’occasion de le dire, Poutine, comme Staline naguère, est prêt à sacrifier des centaines de milliers d’hommes puisés dans un vivier ethnique inépuisable.

Grâce à leurs drones (made in Ukraine), les Ukrainiens ont mis en place une kill zone (une zone où si tu pénètres, tu meurs…) d’une trentaine de kilomètres. Ce qui limite grandement les éventuelles velléités offensives russes. D’où le changement de stratégie de Poutine : bombarder à outrance les civils pour les terroriser. Il est donc urgent, n’en déplaise aux humanistes de salon, de lui répondre sur le même ton…

Alain Sanders