Son indécence n'a plus de limites : Poutine en chantre de la démocratie pour... l'Ukraine !
Poutine, kagébiste mal blanchi (kagébiste un jour, klagébiste toujours), dictateur monomaniaque, bourreau du peuple ukrainien, restaurateur du goulag et des hôpitaux psychiatriques, Poutine qui règne sans partage sur le FSB et le GRU, qui élimine physiquement ceux qui osent s'opposer à lui (et pourtant le plus démocratiquement possible...), qui se tricote des élections à faire pâlir d'envie les républiques bananières, a sorti une nouvelle idée de son sac.
Pour chasser du pouvoir Zelensky, qu'il hait férocement, il demande à l'ONU de placer l'Ukraine sous « gouvernance extérieure » : « Sous l'égide des Nations unies, avec les Etats-Unis, voire avec des pays européens (Monsieur est trop bon...) et, bien sûr, avec nos partenaires et amis, nous pouvons discuter de la possibilité de cette gouvernance temporaire en Ukraine (…). Cela permettrait à l'Ukraine d'organiser des élections démocratiques, de porter au pouvoir un gouvernement viable bénéficiant de la confiance du peuple, puis d'entamer avec lui des négociations sur un traité de paix ». Elle n 'est pas belle la vie démocratique à la sauce poutinienne ?
La démocratie ukrainienne fonctionne parfaitement. La rada, le parlement ukrainien, siège sans discontinuer, prend des décisions, propose des lois, en fait voter. Bref, un fonctionnement démocratique sans entraves qui, on le conçoit bien, échappe à la comprenette stalino-poutinienne du Kremlin. Et ce, malgré la loi martiale instaurée pour faire face à l'invasion russe. Alors ce gouvernement fiable qui bénéficierait de la confiance du peuple, il existe déjà en Ukraine (à la différence de la Russie) : c'est celui du président Zelensky.
A Kiev, la réponse à la grossière provocation de Poutine a été immédiate : « Poutine est un dictateur illégitime. Il n'a aucune autorité pour dicter quoique ce soit à une démocratie européenne comme l'Ukraine ». Le député ukrainien Oleksandr Kovalenko voit dans la manœuvre de Poutine une nouvelle preuve de sa vulnérabilité : « Il ne veut pas la paix. Il veut retarder, déstabiliser, reprendre l'initiative. Mais les sanctions font effet et l'Ukraine tient bon. Il n'est pas intéressé par la fin de la guerre. C'est pourquoi il avance constamment des demandes folles ».
Folles et indécentes au point qu'il a choqué en l'occurrence Washington (c'est dire...). « Il ne revient pas à la Russie de décider des règles du jeu démocratique en Ukraine », a déclaré un porte-parole de la Maison-Blanche. Côté Zelensky, on préfère ironiser : « Si Poutine a encore du mal à comprendre avec qui il doit dialoguer, il devrait peut-être avaler quelques pilules pour stimuler son activité cérébrale ». Etant bien entendu que la pilule ukrainienne reste difficile à avaler...
Dans le même temps qu'il ose parler de « démocratie » et d'« élections » (pour l'Ukraine, bien sûr, pas pour la Russie aux liens), Poutine déclare, en parlant des combattants ukrainiens : « Nous allons les achever ». Pas : les vaincre, non : les achever. Un vocabulaire à la mesure de sa vraie nature et qui lui sied mieux au teint que ses maquillages démocratiques de circonstance. Les frappes se multiplient contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes (en violation avec l'accord provisoire négocié avec les Etats-Unis) : à Zaporijjia, Poltava, Odessa, Kharkhov, Dnipro, Mykolaïv, les sites du groupe Naftogaz étant particulièrement ciblés. Continuer à parler de cessez-le feu, voire de paix, relève de l'escroquerie mortifère et ne sert qu'à conforter les manœuvres dilatoires de Poutine.
Alain Sanders