mercredi 13 novembre 2024

Quand l’abbé Henri Groues, dit « abbé Pierre », commettait l’ignominie de s’en prendre à la mère de Jean-Marie Le Pen, lors de la nuit de Noël


L’abbé Grouès dit abbé Pierre n’est plus aujourd’hui que l’objet d’un mépris généralisé pour la triste réalité de son personnage subitement exhumée et révélée il y a peu : celle, des années durant, d’un multi-agresseur sexuel. Pourtant, à la fin du siècle dernier, on savait bien, dans la classe politique et les médias, qui était en réalité le camarade Grouès dit abbé Pierre, un compagnon de route, un gogo du Parti communiste se laissant sans cesse glorifier notamment dans L’Humanité pour son action si extraordinairement médiatisée pour les pauvres. En réalité, sous le couvert de sa soutane et de son béret, l’abbé Pierre était un pur bolchevique empli de haine mais se donnant l’image d’un moderne saint Vincent de Paul. Avec une ignominie sans limite lors de son étrange messe de minuit, il alla jusqu’à s’en prendre lâchement à la mère depuis longtemps décédée de Jean-Marie Le Pen.

Bernard Antony, aussitôt, répliquait, seul à l’époque, dans le quotidien Présent à cette infamie. Voici le texte de sa lettre il y aura 31 ans ce prochain Noël. Elle n’a pas pris une ride.

Cette lettre fut une première fois reproduite en 1994 dans le livre de Bernard Antony Combats pour mon pays, aujourd’hui épuisé depuis longtemps. La reproduction de ce jour a simplement pour but de rappeler que tant qu’il était récupérable par le PCF, il ne fallait rien révéler des turpitudes de l’abbé Grouès dit Pierre. Ce dernier ayant servi dans leur exploitation politico-médiatique dans la seule perspective de dénigrement d’un curé catholique, il n’était plus désormais bon qu’à être jeté dans la poubelle de l’histoire.

 

 

LETTRE OUVERTE À M. L’ABBÉ HENRI GROUES DIT ABBÉ PIERRE

Monsieur l’abbé,

Lors de la dernière nuit de Noël 1993, vous, abbé Pierre, le prêtre catholique à ce jour le plus médiatisé et qui vous laissez présenter comme un saint par tout ce que le « show-bizz » compte de richissimes profiteurs de l’humanitarisme, vous avez commis la plus vilaine chose pour un homme de votre état, de votre notoriété, et de votre âge.

Une fois de plus, une fois encore, mais cette fois en la nuit de Noël, et vous savez bien ce qu’est pour un chrétien une nuit de Noël, vous avez, pour plaire aux puissants de ce monde qui vous aiment tant sur leurs chaînes et sur leurs ondes, trouvé le moyen de vous laisser aller à la jouissance perverse de la haine pure, de la diffamation sans fondement, de la calomnie pour le plaisir.

En cette nuit de Noël 1993, vous avez attaqué, comme d’ordinaire, Jean-Marie Le Pen, mais non content de cela, c’est à sa mère que vous vous en êtes pris.

Le père de Jean-Marie Le Pen, pêcheur de La Trinité, est mort, on le sait, pendant la guerre, après que son bateau eut sauté sur une mine.

Sa mère, femme courageuse du pays des menhirs et des croix de granit s’est tout entière donnée à l’éducation de son fils devenu pupille de la nation. Contre cette femme de marin, qui a depuis longtemps rejoint là-haut son mari et qui ne peut pour l’instant vous répondre, vous avez commis sans vergogne l’inestimable bassesse de lui reprocher d’avoir obtenu pour son fils les maigres avantages de pupille de la nation.

Sans cela, avez-vous déclaré, Jean-Marie Le Pen n’aurait pu mener à bien ses études. Vous n’avez pas, on le comprend, jugé bon d’ajouter qu’elles furent brillantes.

Pourtant pendant que vous vous complaisiez à la Chambre des députés dans les délices politiciens, à l’aile gauchiste du MRP, l’étudiant Le Pen, pour sa part, savait aussi aller au charbon, comme mineur de fond ou revenir à la mer comme son père.

N’eût-il pas été pupille de la nation, cet orphelin (moins avantagé que vous, le fils du riche soyeux Grouès), n’en doutons pas, aurait surmonté le handicap de sa pauvreté familiale.

Mais peut-être aimez-vous tellement les pauvres que vous auriez souhaité que Jean-Marie Le Pen le fut encore davantage ?

Peut-être auriez-vous plutôt préféré qu’il ne fût jamais né ?

Je vous entends déjà répondre qu’en effet…

À propos des pauvres et de la pauvreté, il me revient cette phrase d’Engels, le compagnon de Marx : « Dans le prolétariat ce qui nous intéresse, ce n’est pas qu’il est pauvre, c’est qu’il est une force ». Et Marx, comme Bakounine, comme Lénine, et comme tous les communistes, professait cyniquement que le développement de la misère était la nécessaire condition de la révolution.

Or, monsieur l’abbé, vous constituez depuis quelques années avec Bernard Kouchner, le duo de pointe de l’humanitarisme sous projecteurs. Et je me demande quelquefois si vous ne pratiquez pas l’un et l’autre la charité comme ces pauvres marines américains armés de pied en cap et débarquant en Somalie sur une plage où les attendaient... trois cents caméras.

En cette affaire somalienne, on le sait, votre ami Bernard avait fait converger tout le riz des enfants des écoles de France… pour un prix cent fois supérieur (publicité, conditionnement et acheminement, si tant est qu’on l’ait acheminé !) à ce que l’on eût pu acquérir sur les proches marchés de l’Orient. Mais aménageant sans cesse son curriculum vitae, Bernard Kouchner n’hésite pas aujourd’hui à prétendre qu’il fut toujours un « militant des droits de l’homme ».

Je sais que je ne vous apprendrai rien en rappelant toutefois pour les lecteurs de cette lettre que monsieur Kouchner, qui ne semble pas recevoir tous les damnés de la terre dans sa luxueuse villa corse, fut tout à tour un militant communiste, puis un ardent maoïste, un ami et admirateur de Goldmann, le tueur gauchiste.

Mais le compagnonnage de route avec l’idéologie la plus meurtrière de tous les temps est chose que l’on doit comprendre et pardonner puisque, à la différence du nazisme vaincu, le communisme se porte toujours bien. À vrai dire, voyez-vous, je crois que ni vous ni Kouchner n’avez changé : la pauvreté vous intéresse dès lors qu’on la combat à grand effet de pub !

Mais laissons là votre ami Kouchner. Il y a belle lurette qu’il ne trompait plus son monde et l’excellent livre (chez Albin Michel) des reporters de télévision, Floquet et Coq, sur ses tribulations en Yougoslavie lui aurait fait un sort définitif si vous ne le couvriez un peu de la protection quasi-virginale de votre soutane, un peu fanée comme il se doit, mais bien décorée quand il le faut…

Remarquons au passage qu’au moment où l’Église, fuyant le prosélytisme, entendait se dépouiller de tout signe extérieur, s’il y a un homme qui a compris l’importance de la soutane, c’est bien vous !

Sous cet aspect, en effet, le bon chrétien se laisse prendre et vous écoute ; avec vos bérets et vos grosses godasses, votre soutane le rassure et vous êtes à Saint Vincent de Paul comme Pasqua à Fernandel.

J’ai longtemps, sachez-le, hésité à écrire cela : certes j’ai souvent tenu à rappeler que la charité en politique consiste à épargner à son peuple les maux qui se sont abattus sur d’autres. En encourageant l’immigration sans limite, c’est au sort du Liban et de la Bosnie que vous condamnez notre France.

Mais cette perversité révolutionnaire, déguisée sous les oripeaux de la charité, et dont je sais depuis longtemps qu’elle vous habite, j’avais quelques scrupules à la dénoncer.

Catholique, il m’était pénible de risquer de décevoir de braves gens en arrachant votre masque de fausse bonté. Sans doute prends-je, ce faisant, le risque de susciter l’incompréhension, voire la réprobation, de quelques-uns.

Pour cela, il a fallu que l’on me fasse écouter vos propos d’une nuit de Noël sur Europe 1. Cette nuit-là, monsieur l’abbé, vous n’étiez pas dans l’immense amour de la crèche, cette nuit-là vous n’étiez pas à la contemplation du plus grand des mystères, l’incarnation d’un Dieu venu nous rejoindre dans la beauté, mais aussi dans les misères de sa création, blessée par le péché.

En ces nuits de Noël – n’en aurions-nous plus le droit ? – nous, nous nous laissons aller aux joies des enfants, retrouvant avec eux les rêves de la nuit peuplée d’étoiles, les histoires des mages et des bergers, la dinde du père Garrigou, les cloches de Minuit, les contes de Provence.

Cette joie, ce bonheur, que l’on éprouvait en pays chrétien dans les plus humbles demeures n’empêche ni de penser, ni d’agir pour les plus oubliés et les plus souffrants, car si vous avez le monopole des médias, vous n’avez pas celui du cœur.

Votre cœur, votre charité, votre amour nous paraissent d’ailleurs bien étranges. La psychologie humaine quelquefois fait apparaître des haines si vives, si exclusives, si passionnées qu’elles ressemblent à de l’amour et parfois finissent par se transformer en amour. La littérature est pleine de cela. Mais votre amour à vous, si proclamé, certifié, authentifié, glorifié par les hautes autorités de la république, ressemble bien à de la haine, à cette haine qui, se parant des motivations de la justice, de l’égalité et de la fraternité, suscite les révolutions, dresse les guillotines, fanatise les tueurs, ouvre les goulags exterminateurs.

Car si vous étiez, dans l’âme, réellement un prêtre, un prêtre catholique, vous auriez eu d’abord à cœur de rencontrer Jean-Marie Le Pen, de lui tendre la main, de lui parler et d’essayer de le convaincre puisque vous estimez qu’il a tort. Dans l’Évangile, il n’y a qu’une condamnation sans appel, elle s’adresse à ceux qui scandalisent les petits enfants et pour lesquels il eût mieux valu qu’on les précipitât au fond des abîmes avec une meule de moulin au cou.

Or, ceux qui aujourd’hui scandalisent les petits enfants, massivement, d’une manière jamais égalée, sont ceux qui tiennent les télés et remplissent les kiosques, ce ne sont pas les amis de Jean-Marie Le Pen. Ceux qui pervertissent et pourrissent, ce sont ceux qui vous offrent leurs journaux, et leurs émissions parce que votre haine les intéresse.

D’ordinaire, sur vos antennes, Jésus-Christ, le pape, l’Église, n’ont droit qu’à la dérision, et aux quolibets les plus obscènes.

Mais vous, abbé Pierre, vous êtes invité, adulé, chouchouté. Pensez donc, un curé en soutane qui, le soir de Noë,l s’en prend à la mère de Le Pen, c’est pas tous les jours qu’on en aura des comme celui-là !

Autant de haine, ça vaut son pesant d’or et l’accès, en veux-tu en voilà, aux émissions d’Anne Sinclair et consorts.

Abbé Pierre, pauvre abbé Pierre, vous qui croyez vous être fait une gloire en jetant un facile « ta gueule ! » à un Le Pen qui n’était pas là pour vous répondre, vous ne seriez désormais qu’un triste « abbé ta gueule », si vous n’étiez pas allé aussi loin dans la vilénie.

Aussi désormais, car il ne m’appartient pas de vous pardonner l’offense faite à Jean-Marie Le Pen et à sa mère, je m’emploierai à faire savoir autant que je le puis, que vous n’êtes qu’un méchant homme, empli d’une haine qui déshonore l’habit que vous portez.

Pour conclure, je vous dirai que ceux qui maintenant peuvent le plus pour vous faire pardonner l’injure de Noël, sont les parents qui dans le port de La Trinité, au nom si admirablement catholique, donnèrent la vie à Jean-Marie Le Pen, que nous sommes nombreux à aimer bien plus que vous ne pourrez jamais le haïr.

Vous comprendrez, bien sûr, que toute formule de politesse serait inconvenante en fin de cette lettre.