lundi 14 octobre 2024

Les libres propos d'Alain Sanders


A un mois de la présidentielle : les États-Unis au bord de la sécession...

S'il me fallait résumer en deux mots la situation politique actuelle des États-Unis à un mois de la présidentielle, je dirais « Floride » et « Californie ». La Floride, État du Sud, réputé conservateur (même si la cosmopolite Miami est du camp démocrate, à l'exception du quartier très anticommuniste de Little Habana). La Californie, État de la côte Ouest, livré aux pires déviances (même s'il y a, dans le nord de l’État, de forts bastions républicains et, dans le reste de l’État, des Latinos catholiques hostiles aux dingueries wokistes).

Auteur d'un essai à peu près (mais à peu près seulement) objectif, La Nouvelle Guerre de Sécession (Fayard), Guillaume Debré rappelle : « Si vous vivez en Floride, vous avez le droit de porter un pistolet. Et l'avortement est interdit après six semaines. Aider un migrant en situation irrégulière peut vous envoyer en prison. En Californie, les femmes ont le droit d'avorter jusqu'au seuil de visibilité du fœtus. Il est plus difficile d'obtenir un port d'armes et les autorités locales ont interdiction de collaborer avec le niveau fédéral pour arrêter les clandestins ».

Alors sécession ? Au moins séparation. Avec des gens qui ne se parlent plus et qui sont désormais prêts à en découdre. Dans certains États, des comtés ont même engagé des démarches pour devenir des entités séparées ou pour être rattachés à des États voisins proches de leurs convictions politiques, culturelles, religieuses, philosophiques, sociétales. C'est le cas en Oregon où la partie occidentale de l’État est gauchiste jusqu'à l'os : à Portland, sous prétexte de Black Live Matter, les antifas, les wokistes, les casseurs de flics, avaient mis la ville à feu et à sang en 2020 (et on a vu des citoyens défendre leur vie et leurs biens les armes à la main (1) face aux hordes gauchistes). En revanche, les comtés de l'Est de l'Oregon, comtés ruraux, religieux, patriotes et conservateurs, demandent d'être rattachés à l'Idaho voisin, un État très majoritairement républicain.

De tels arrangements ne sont pas impossibles. Au début de la grande Guerre de Sécession, des comtés du nord de la Virginie ne voulant prendre fait et cause pour les Confédérés demandèrent (et l'obtinrent) à former un nouvel État : la Virginie occidentale (West Virginia). Paradoxe des temps : aujourd'hui, les grandes villes de Virginie, l’État du général Lee, la prunelle des yeux de la Confédération sudiste, sont aux mains des gauchistes et les Virginiens conservateurs « émigrent » volontiers en Virginie occidentale résolument conservatrice...

On ne fait donc pas – pas encore au moins... – « sécession », mais on se « sépare ». On fortifie des isolats. Les conservateurs californiens viennent vivre en Floride, les gauchistes de Floride déménagent pour San Francisco et Los Angeles. Et Elon Musk, suivi en cela par des dizaines d'entrepreneurs (lessivés par les folies pro-immigrants de New York), a déménagé ses entreprises au Texas, fleuron de la résistance au gaucho-wokisme.

Deux Amériques face à face. Définitivement irréconciliables. Tout cela ne se réglera pas, soyons-en sûrs, par une soirée de gala : l'Amérique du Nord (et je pense aussi au Canada en l'occurrence) n'a pas été construite par des chochottes... Cette explication à venir ne repose pas sur des clivages raciaux. Les Latinos et une majorité de Noirs, généralement très pratiquants alors que les intellos blancs sont plus que déchristianisés : ennemis de la religion, sont hostiles – et le mot est faible – au wokisme et à la cancel culture nés des cerveaux dévoyés de Blancs subversifs (les antifas, les immigrationistes, les LGBTQ+, les pro-Hamas de campus, etc., sont aux USA, comme chez nous, des Blancs).

Dans un récent hors-série du Point, Brice Couturier pose de bonnes questions : « Doit-on tolérer dans les spas réservés aux femmes des hommes qui « s'identifient comme femmes », mais chez qui la présence de vraies femmes – nues – provoquent des érections ? Est-il normal que des nourrissons soient diagnostiqués comme « habitant le mauvais corps » et « assignés au mauvais sexe » ? Les parents qui acceptent que leurs ados prennent quotidiennement des bloqueurs de puberté savent-ils que cela les rendra stériles pour la vie, même s'ils finissent par décider, à 18 ans, de ne pas changer de sexe ? Accompagner dans leur chemin vers la mort des milliers de drogués au fentanyl qui hantent les parcs et les trottoirs de San Francisco, est-ce vraiment ce qu'on peut faire de mieux pour eux ? »

On nous dira que, le 5 novembre prochain, ce sont les États-Unis qui votent et que cela ne nous concerne pas. On aura tort. Ce qui va se jouer ce 5 novembre marquera, pour le meilleur ou pour le pire, un moment charnière de l'avenir de l'Occident.

Alain Sanders

(1) Béni soit le deuxième amendement de la Constitution US qui stipule le droit des citoyens à détenir des armes ! Rappelons, à cette occasion, qu'il y a moins de   meurtres par armes à feu aux USA qu'il n'y a d'attaques au couteau en France.