mardi 25 juin 2024

Un livre de Michel Festivi : La désinformation autour du Parti communiste « français »

 

C’est un vaste et très utile travail qu’a réalisé, sous ce titre, notre ami Michel Festivi, jusque-là principalement réalisateur de très bons ouvrages d’histoire sur l’Espagne des années 1923-1939.

Cette fois, c’est à un aspect politique de notre histoire contemporaine, bien délimité mais d’importance, qu’il s’est attelé.

En effet, comme nous le constaterons, traiter de la désinformation autour du PCF, c’était vouloir tout bonnement s’astreindre à raconter beaucoup des opérations de désinformation constamment menées par ce parti, selon les directives de Moscou, et plus particulièrement élaborées par « l’Internationale communiste » (IC) sous l’impitoyable férule liberticide et sanguinaire de la dictature léniniste, puis lénino-stalinienne, et enfin stalinienne de 1917 à nos jours. Ce, sous le carcan de la Tchéka – « tout bon communiste est un bon tchékiste » (Lénine) – sous ses différentes appellations (GPU – NKVD – KGB – FSB).

Le premier mérite de Festivi est d’avoir, en préambule, fourni une judicieuse chronologie, dans le contexte de l’histoire européenne et mondiale de cette période à laquelle on pourra souvent se reporter tout au long des chapitres.

Festivi nous livre d’abord, en avant-propos, un article de mise en lumière de la spécificité française du communisme avec en exergue l’accroche suivante : « Histoire et mémoire, le communisme une « passion française » : « une glorieuse mémoire collective », « des lendemains qui chantent ». Le texte vise à l’évidence à camper d’emblée l’originalité du PCF dans l’histoire et la politique française : « L’histoire du PCF n’est qu’une suite ininterrompue de trahisons, de falsifications, de coups fourrés, de mises en scène frauduleuses, de mises en accusation, de purges, d’affabulations des plus sordides, pour tenter de jeter un voile pudique sur le communisme et son idéologie, qui depuis 1917, ont provoqué à travers le monde, plus de 100 millions de morts, sans compter les déportés, les internés, les torturés, les famines, les déplacements contraints de populations, les travaux forcés, les catastrophes économiques, etc, comme cela est démontré dans « Le Livre noir du communisme, terreur répression », sous la direction de Stéphane Courtois, et aussi dans les trois volumes de Thierry Wolton, « Une histoire mondiale du Communisme, les bourreaux, les victimes et les complices ». Ces auteurs sont allés aux sources, aux archives, leurs chiffres, leurs conclusions sont incontestables et n’ont d’ailleurs pas été contestées, sauf par des injures, des cris et des invectives. Nous retrouverons ce même phénomène, tout au long de l’ouvrage. » Regrettons ici une possible mauvaise interprétation du texte qui suit ces lignes. Car s'il y a eu une ouverture des archives moscovites, elles ont été hélas refermées sous Poutine.

Dans son avant-propos, l’auteur s’attache d’abord à mettre en lumière le soutien dont bien des élus ou candidats du PCF ont bénéficié de la part d’hommes politiques d’ordinaire positionnés à droite tels Xavier Bertrand ou Charles Amédée de Courson ou encore Gérard Larcher. En vérité, cet avant-propos est construit comme quasiment un ensemble de touches successives résumant ce qu’a été et ce que sont encore le Parti communiste en France et ses relations internationales.

À la suite de cet avant-propos, Festivi nous livre pas moins de seize chapitres balayant ainsi les principaux aspects de la désinformation non seulement autour du PCF mais aussi par le PCF et pour le PCF, en tant que pièce de la Troisième Internationale moscoutaire, lénino-stalinienne. Il balaye aussi, selon sa subjectivité, la période de 104 ans qui sépare dans sa constante marxiste-léniniste le parti créé en 1920 au Congrès de Tours de son actuelle réalité « rousselienne », certes bien réduite en regard de ses périodes de grande force mais, néanmoins, dans la perpétuation de ses objectifs de prise du pouvoir.

Festivi a choisi de consacrer un premier chapitre aux procès de Moscou et au comportement honteux que fut alors celui de la Ligue des droits de l’homme ayant « approuvé et soutenu l’indicible ». Et, n’est-il pas aujourd’hui stupéfiant qu’après l’effroyable bilan de mal et de mort de plus d’un siècle de communisme dans le monde, il puisse y avoir encore des partis et des hommes à se proclamer communistes ? Que dirait-on d’un pareil phénomène avec le nazisme ?

Or, ajoutons aux propos de Festivi que le communisme massacrait avant que le nazisme n’extermine, qu’il massacrait pendant que le nazisme exterminait, qu’il a continué après 1945 à génocider et à tuer alors que le nazisme heureusement vaincu ne tue plus. Le communisme a même effroyablement encore génocidé depuis comme en Chine, en Corée du Nord, au Cambodge de Pol Pot et dans l’Éthiopie de Mengistu.

Et voici qu’aujourd’hui le dictateur massacreur russe Poutine, d’idéologie impérialo-eurasiste et néo-stalinienne, a, si l’on peut dire, repris de plus belle l’édification en Russie d’un ordre tchékiste néo-stalinien et entend, sans lésiner sur les massacres de populations civiles en Tchétchénie, en Géorgie et en Ukraine, reconstruire l’URSS.

Au deuxième chapitre de son ouvrage, Michel Festivi traite avec pertinence de la grande page de honte que constitua d’août 1939 à juin 1941, soit presque deux ans, le soutien du PCF au Pacte Hitler-Staline.

Il consacre son troisième chapitre au sabotage de l’effort de guerre militaire de la France en 1939-1940. Rappelons ici que le Parti communiste appela également à pareille trahison pendant la guerre d’Indochine.

Au quatrième chapitre, on lira l’essentiel de ce qu’il faut savoir sur la négociation des dirigeants du PC avec les nazis pour faire reparaître « L’Humanité ».

« L’impérialisme allemand, un allié occasionnel », c’est ainsi qu’au PCF, on traitait de l’occupant nazi tant que Hitler et Staline collaboraient dans leur commune invasion de l’Europe.

Festivi rappelle encore en son cinquième chapitre qu’en 1985 Alain Griotteray, député-maire de Charenton-le-Pont, publia un livre, selon nous de grande réplique à la désinformation sur la guerre : « 1940 : la droite était au rendez-vous, qui furent les premiers résistants ? » (Ed. Robert Laffont). Il nous souvient de la conversation que nous eûmes avec ce dernier, organisée par notre légendaire ami, le grand résistant Jean-Baptiste Biaggi, frère d’armes de ce dernier dans le réseau « Orion ».

Le sixième chapitre est presqu’entièrement consacré à ce que Festivi désigne comme « la mystification de l’affaire Guy Moquet ». Pour Festivi, elle est « la plus grande entreprise de désinformation et de mystification réalisée par le PCF» et ses soutiens ». Opération hélas amplifiée par un Nicolas Sarkozy conseillé par Henri Guaino…

Les pages suivantes (chapitre 7) portent sur ce que Festivi désigne comme « le mythe de la deuxième voie » selon lequel il y aurait eu deux lignes au PCF, entre le 23 août 1939 et le 22 juin 1941, période de l’alliance Hitler-Staline et donc de la collaboration du PCF avec l’occupant nazi : l’une résistante, l’autre « collabo ». La vérité, c’est que, lors de la promulgation du Pacte germano-soviétique, une petite minorité de courageux responsables et militants quittent le parti pour rentrer ensuite dans la Résistance. La vérité encore, c’est que l’organisation terroriste communiste en assassina la plupart.

Dans le droit fil de ce rappel, en son huitième chapitre, Festivi traite de la liquidation des « renégats » figurant sur les listes noires du PCF, conformément à la directive tchékiste de la 13e des 21 conditions de Moscou : « Les partis communistes doivent procéder à des épurations périodiques de leurs organisations afin d’en écarter les éléments intéressés et petits-bourgeois ».

Notre auteur rappelle aussi comment, à Buchenwald, les communistes étaient devenus de facto les maîtres du camp, avec notamment le rôle de Marcel Paul, futur ministre en 1945 dans le gouvernement de Charles de Gaulle, président du Gouvernement provisoire. Le grand résistant Albert Chambon (membre fondateur de l’AGRIF), ambassadeur de France, ancien président des Anciens déportés et rescapés de Buchenwald, nous a jadis sobrement narré cette triste vérité de la collaboration, à l’intérieur des camps, des communistes avec leurs gardiens et bourreaux.

On trouve ainsi dans ce chapitre comment a été réalisé par le PCF le vœu d’Aragon, poète peut-être mais surtout la fieffée crapule bolchevique qui, dans son « Prélude au temps des cerises » de 1931, appelait à un Guépéou : « Je chante le Guépéou qui se forme en France à l’heure qu’il est… Je demande un Guépéou pour préparer la fin d’un monde ».

Le travail de Festivi fourmille de judicieux rappels, de pertinentes anecdotes. Ainsi l’évocation de la mort à Buchenwald du grand industriel catholique Marcel Michelin, déporté pour fait de résistance, persécuté par haine de classe par les communistes. Celui-là, Marcel Paul ne le protégeait pas !

Bien sûr, Festivi ne pouvait pas omettre de rappeler la légende, longtemps répétée, martelée, assénée par les communistes, du « parti des 75 000 fusillés ». Mythe totalement déconstruit aujourd’hui. Même dans « Le Monde », c’est dire ! Et notamment grâce aux travaux de Serge Klarsfeld. À la vérité, il y eut hélas, bien sûr, un peu plus de 4 000 fusillés qui n’étaient pas tous communistes.

« Une si longue nuit », titre de l’ouvrage publié en 2003, dirigé par Stéphane Courtois, ouvre le dixième chapitre consacré au totalitarisme du « Parti-État soviétique » ainsi qualifié par ce dernier. On y lira notamment l’évocation de la durable stalinolâtrie du PCF avec ses formes les plus stupéfiantes d’une adulation indépassable.

Alors que l’on peut, à juste titre, rappeler les ambiguïtés soviétophiles de la politique du général de Gaulle à l’égard de l’URSS, Festivi nous rappelle qu’alors qu’il présidait, sans être au gouvernement, le Rassemblement du peuple français (RPF), ce dernier avait tout de même lancé : « Sur notre sol, au milieu de nous, des hommes ont fait vœu d’obéissance aux ordres d’une entreprise étrangère de domination, dirigée par les maîtres d’une grande puissance slave ». Comme souvent on peut trouver chez de Gaulle un jugement et quelquefois son contraire. En l’occurrence, c’était ici un bon jugement.

Dans le chapitre onzième de son livre, Festivi aborde ce que furent les liens financiers et matériels entre le PCUS (Parti communiste d’Union soviétique), l’URSS, l’Internationale communiste et le PCF. Il rappelle que des journalistes d’investigation, comme Jean Montaldo, avaient démontré dans les années 1970 que le PCF ne tenait financièrement que grâce au soutien financier de l’URSS.

Il évoque aussi la publication en 1994 de l’ouvrage « L’argent caché de Moscou » publié par Victor Loupan et Pierre Lorrain, tous deux journalistes russophones, ouvrage préfacé par le très bon journaliste d’origine serbe, l’anti-communiste Branko Lazitch. Ce dernier, qui dirigea pendant une dizaine d’années la revue « Est et Ouest », titra sa préface « Un siècle de mensonges et de corruption ». Festivi a en a extrait les lignes suivantes : « L’histoire de la Russie soviétique comme celle du parti communiste ont été continuellement falsifiées, dans un travail digne du ministère de la vérité dans 1984 de Georges Orwell. Mais Moscou avait également le pouvoir de déformer l’histoire des autres peuples… Il disposait pour cela de l’IC et de ses sections, appelées « partis frères ».

Il aborde enfin le rôle bien connu dans la région Midi-Pyrénées du célèbre Jean-Baptiste Doumeng, qui était surnommé « le milliardaire rouge », à la tête de son empire dans l’agro-alimentaire et notamment de ses coopératives sous le label « Interagra ». Doumeng fut longtemps un des grands financeurs du parti.

Dans son douzième chapitre, Festivi aborde le rôle des figures emblématiques du communisme. Il a sélectionné le personnage du juriste Pierre Cot, membre actif du Parti radical, devenu sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères dans le gouvernement de Joseph-Paul Boncour et devenant de plus en plus soviétophile. Il évoque bien sûr le rôle de Pierre Cot en tant qu’agent soviétique de haut niveau, devenu ministre et ainsi à l’origine de la livraison à l’Espagne rouge d’un immense armement. Il rappelle également que Pierre Cot a été aussi un grand recruteur de nombre d’espions soviétiques. Thierry Wolton, dans « La France sous influence », en a traité.

On lit également avec un grand intérêt ce que Festivi écrit sur Artur London, ce permanent de la Troisième Internationale, « un bourreau fonctionnaire », « un tortionnaire de bureau pris à son propre piège » et triste héros central du film « L’Aveu », sorti après Mai 1968 et dont la propre histoire appartient pleinement à l’histoire du totalitarisme communiste français et de ses actions de désinformation.

Les deux autres personnages de ce chapitre sont les époux Rosenberg que Festivi qualifie de faux innocents mais vrais coupables, condamnés à mort en 1951 pour leur livraison à l’URSS de secrets sur la bombe atomique et exécutés le 19 juin 1953. Festivi cite à leur propos un extrait d’un jugement de l’historien bien connu des États-Unis, André Kaspi, nullement de droite, mais qui écrit : « Il faut se boucher les yeux et les oreilles pour ne pas admettre l’irrécusable. L’Union soviétique a systématiquement infiltré l’opération Manhattan qui avait pour but de mettre au point la bombe atomique. Elle s’est appuyée sur les éléments les plus déterminés du parti communiste américain. Les Rosenberg ont tenu un rôle important dans ces activités d’espionnage ». Et il précise : « Les Rosenberg ont soutenu jusqu’au bout qu’ils n’étaient pas communistes. Ils ont menti. Ils n’ont pas cessé de proclamer leur innocence. Autre mensonge que les sources disponibles mettent en relief ».

Au chapitre treizième, notre auteur en vient à la rétrospective du moment de la mort de Staline, à tous les phénomènes d’hystérie et de folie collective que l’événement engendra non seulement en Russie mais aussi en France. Tels que l’on a pu en revoir en Chine et en Corée du Nord, ces pays « liés par une indéfectible et éternelle amitié » avec la Russie poutinienne. Mais n’est-ce pas un Valery Giscard d’Estaing qui, déposant sa gerbe au mausolée de Mao Tse Toung, peut-être le plus grand exterminateur de l'histoire, salua en lui « un phare de la pensée universelle ». Cela pour son débile « Petit livre rouge » !

Festivi écrit qu’en parallèle aux effluves d’absurdités, de dégénérescences mentales soulevées par les deuils d’un Lénine, d’un Staline, d’un Thorez, d’un Ceausescu, Thierry Wolton a le mérite de nous asséner que « notre mémoire a occulté les exterminations par la famine, décidées par les régimes communistes ». Et il déplore ainsi que l’Holodomor ukrainien qui a tué autant que la Shoah n’arrive qu’en septième position dans l’échelle des horreurs plus ou moins mémorisées par nos contemporains. Encore qu’un classement soit, selon nous, bien difficile à établir. Mais après tout qu’importe de savoir exactement si Pol-Pot a exterminé plus que les dirigeants Jeunes-Turcs, et si dans l’Holodomor les Ukrainiens ont été plus ou moins nombreux à périr que les Juifs dans la Shoah. On est là dans la perversion satanique de l’humanité.

Bien sûr Festivi ne pouvait omettre de traiter de l’infamie communiste castriste, de la mort et de la déportation sous les Tropiques. Il règle son compte au sinistre Che Guevara que Castro avait chargé de diriger la prison de la Cabaña où il aimait assister aux exécutions qui se succédaient, déclarant : « Les exécutions sont non seulement une nécessité pour le peuple de Cuba, mais également un devoir imposé par ce peuple ».

Formulons ici le regret que Michel Festivi n’ait pas traité des abominations perpétrées par les Sandinistes au Nicaragua, pays aux frontières duquel Alain Sanders, Thibault de la Tocnaye et moi-même sommes allés rencontrer les guérilleros de la « Contra » dans leur camp de base de Yamales à la frontière du Honduras.

C’est au cas très emblématique de Georges Marchais, l’ancien dirigeant haut en couleurs du PCF, que Festivi a jugé bon avec raison de consacrer son avant-dernier chapitre. On y lira toute la saga médiatique de la découverte que ce dernier fut indubitablement, pendant la guerre, un travailleur requis ou volontaire chez Messerschmitt. Oui, outre le fait que les plus grands partis collaborationnistes pendant la guerre ont procédé du Parti communiste (PPF, RNP…), le PCF a été doublement collaborationniste, et de l’ordre hitlérien et de l’ordre stalinien…

Festivi nous livre enfin un épilogue sur l’impérieuse nécessité d’un « Nuremberg du communisme ». La vérité nous impose de rappeler que lorsque nous avons organisé, le 9 novembre 1997, une journée consacrée au traître Boudarel, sous l’intitulé de « procès international des crimes communistes contre l’humanité », nous n’avons pas voulu utiliser l’expression de « Nuremberg du communisme ». Certes, Nuremberg en était l’inspiration mais nous ne pouvions nous en satisfaire car le nécessaire procès des crimes du nazisme était pollué par le fait que c’était des tueurs staliniens qui jugeaient les massacreurs hitlériens.

Bernard Antony

P.S. : Nous remercions Michel Festivi de nous avoir consacré plus d’une page dans son épilogue. Mais la vérité nous impose de rectifier ce qui doit l’être. Ainsi, si nous avons effectivement reçu à Toulouse le dirigeant anticommuniste angolais, le docteur Honorato Lando, nous n’avons jamais pénétré en Angola, ne pouvant faire mieux que de demeurer quelques jours en Namibie.

De même, ne nous sommes-nous rendus qu’une seule fois en Lituanie.

La désinformation autour du Parti communiste « français », Editions Dualpha, www.francephi.com