mercredi 27 mars 2024

Les libres propos d'Alain Sanders

 

Le tropisme poutiniste de Philippe de Villiers occupe CNews comme les Russes le Donbass...

Depuis plusieurs semaines désormais, la chaîne info CNews fait une situation de rente à Philippe de Villiers. A savoir, chaque vendredi, une heure d'antenne libre pendant laquelle, sous les regards pantelants de dévotion d'Eliot Deval et Geoffroy Lejeune, il peut commenter à loisir l’actualité et le reste.

Comme un tel privilège a dû faire tousser ici et là, CNews a octroyé la même liberté – une heure le samedi – à Michel Onfray. Cet athée frénétique (il en va jusqu'à contester l’existence historique de Jésus...) est pour sa part cornaqué par Laurence Ferrari.

Mais restons-en à Villiers. Je dois confesser que ça fait très longtemps que ce personnage, qui a finalement trouvé un destin vicinal, me hérisse le poil. A la différence de son père qui, par fidélité Algérie française, démissionna de ses responsabilités préfectorales pour ne pas avoir à frayer (ce qui n'a pas gêné Villiers fils et tout au contraire) avec la gent gaulliste.

Philippe de Villiers, qui se crut un temps un destin national, aura été de toutes ces manœuvres qui consistèrent à susciter, au moment des élections, des candidatures de circonstance pour prendre à la droite nationale les quelques voix supplémentaires qui auraient fait la différence. Son complice Pasqua était passé maître en la matière. Villiers ne manque jamais de lui rendre hommage.

Sur CNews, en une heure de temps, Villiers réussit certes à glisser deux ou trois thèmes propres à faire plaisir aux téléspectateurs gavés de désinfos gauchardes par ailleurs. Ainsi parla-t-il de façon émouvante, en décembre dernier, de la Nativité. Ce n'est pas une raison pour nous prendre pour des ravis de la crèche...

Il y a chez Villiers, comme à CNews plus ou moins sournoisement (cf. les éditos de Mathieu Bock-Côté, gros bébé québecois confit en dévotion gaullienne), un tropisme poutiniste qui commence à se voir comme le nez au milieu du visage. Il en va ainsi jusqu'à refuser aux Ukrainiens, à la résistance ukrainienne, une héroïcité qu'il trouverait par ailleurs admirable dans l'histoire de la Vendée. Et pourtant la soldatesque russe en Ukraine, c'est les Colonnes infernales, le fer, le feu, le sang, la haine.

Récemment, Villiers nous a resservi la formule éculée de Talleyrand : « On sait comment faire sortir un ours de sa tanière, on ne sait comment l'y faire rentrer ». Macron ne voulait pas humilier Poutine. Villiers ne veut pas qu'on s'en prenne à ce gros nounours grincheux et, en tout état de cause, qu'on se ne plaigne pas de ses réactions éventuelles. Il faut faire la paix avec Poutine, martèle-t-il. Sur le dos des Ukrainiens occupés et massacrés ? Ben oui, la paix est à ce prix-là...

Écoutez, si vous avez l'occasion, le « Face à Philippe de Villiers » du 22 mars dernier. C'est, sur un ton patelin et sous les regards de midinettes de Deval et Lejeune, un plaidoyer kremlinesque digne des logorrhées du vice-président de la Douma, l'idéologue Piotr Tolstoï.
Alain Sanders