mardi 17 octobre 2023

Paix et sécurité pour Israël comme pour l’Ukraine !


·         L'humoriste Poutine

Parmi la myriade de déclarations sur la barbarie du Hamas et la terrible vengeance annoncée d’Israël, celle de Vladimir Poutine aura brillé par son humour au deuxième degré. Le dictateur russe, responsable des hécatombes perpétrées par son armée en Tchétchénie, en Géorgie, en Syrie, en Ukraine enfin, n’a-t-il pas déclaré : « L’opération terrestre israélienne à Gaza entraînerait des pertes civiles, l’essentiel est d’arrêter l’effusion de sang » ?

On croit rêver ! Que n’a-t-il arrêté, lui, les flots de sang entraînés par son « opération militaire spéciale » par les effroyables massacres de Boutcha, de Marioupol, par les bombardements de villes et de centres commerciaux. Que ne met-il fin à une invasion que rien ne justifiait, que la veille encore de son déclenchement, il jurait, la main sur son cœur de fervent chrétien orthodoxe, ne pas du tout préparer ?

Entre Israël et le Hamas, Poutine s’efforce il est vrai de continuer à maintenir la Russie dans « un numéro d’équilibriste » ainsi qu’est titré l’article de Benoît Vitkine, correspondant du Monde à Moscou. Cet article est précédé de la mention selon laquelle « des officiels russes semblent renvoyer dos à dos les deux belligérants ». Numéro d’équilibriste en effet, car selon Vitkine, d’une part l’opinion russe serait majoritairement pro-israélienne, « souvent pour la simple raison que nombre de Russes ont des proches en Israël » mais de l’autre, le potentat poutiniste en Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, assure : « Nous soutenons la Palestine ».

Naturellement, l’humoriste en second après Poutine, jadis son utile remplaçant à la présidence de la Russie, Dmitri Medvedev, avait déclaré le lundi 9 octobre que les « armes livrées [par les Occidentaux] au régime néonazi d’Ukraine, sont utilisées en Israël » (sic). Propos révélateur de ce que, finalement, la préférence du Kremlin va bien au Hamas. Chose tout à fait compréhensible si l’on considère que l’Iran chiite, allié de la Russie, non seulement soutient le Hamas sunnite autant que le Hezbollah, mais chapeaute en fait les deux entités islamisto-terroristes.

Et c’est ainsi que l’Algérie et aussi, en Afrique, la Tunisie, le Soudan et Djibouti ont manifesté dès l’invasion de l’État hébreu, leur soutien au Hamas et, en Orient : l’Afghanistan, la Syrie, le Qatar, le Koweït, l’Irak, le Yémen et la Malaisie. Alors que la Chine et la Corée du Nord ne vont pas tarder à rejoindre leur amie la Russie dans la préférence pour le Hamas.

On le voit, notre temps n’est plus celui de l’attraction réciproque de jadis entre sionisme et marxisme, et que même ne rompit pas l’antisémitisme stalinien avec son abominable invention d’un « complot des blouses blanches ».

Dieu merci, aujourd’hui c’est le talentueux Alain Finkielkraut qui manifeste son inquiétude sur la propagation chez nous du jihâdisme, déclarant : « On peut craindre que l’esprit et la pratique du pogrom ne gagnent la France ». Et c’est Gilles-William Goldnadel qui titre sa chronique dans le Figaro : « Israël est une sur une ligne de front civilisationnelle ». Assurément, il n’entend pas par-là que ce serait la ligne du front poutino-islamisto-iranien… Quant à Samuel Fitoussi, autre talentueux et souvent malicieux chroniqueur juif, il titre sur « l’extrême-gauche, ennemie de la civilisation occidentale ? » Mais, son point d’interrogation ouvre sur un oui sans ambiguïté.

Pour sa part, dans un entretien avec le journaliste Alexandre Devecchio, le grand écrivain algérien, Boualem Sansal, qui lui n’a jamais eu d’état d’âme sur l’islamisme, affirme ce dernier samedi dans la page « Débats » du Figaro : « Du Hamas à Arras, l’islam radical a déclenché une guerre sainte contre l’Occident ». Ce qu’il entend par « guerre sainte », c’est bien sûr le jihâd. Il écrit : « L’islamisme n’use de la violence que lorsque la manière douce, la prédication, l’action sociale et politique, la corruption, l’entrisme et la taqiya, rencontrent des résistances fortes… » Il poursuit : « La violence n’est plus tellement nécessaire en France, en Europe, en Occident ; ils sont mûrs pour la suite et œuvrent eux-mêmes à leur chute. C’est du pur gribouille ».

Ces lignes sont en convergence avec l’observation du mode de progression de l’islam que nous avons faite déjà depuis longtemps avec notre ami Christophe Bilek (fondateur de Notre-Dame de Kabylie). Christophe faisait observer la dialectique d’avancée entre un hypocrite « islam patte blanche » et un « islam mains rouges » l’islam terroriste.

Constatons enfin que, très souvent désormais, on parle heureusement bien plus « d’islam radical » que « d’islam politique ». Il nous aura fallu des années – et ce n’est sans doute pas fini – pour faire observer l’ineptie de cette mention, comme s’il y avait un islam autre que politique ! Un islam en quelque sorte sans « Oumma », sans « Charia », sans « Zaka », sans « Djizia », notions et institutions expressément politiques, faisant partie des « cinq piliers de l’islam » qui sont les fondements politiques de la réalité islamique. Et, n’est-ce pas une institution totalement politique que celle de l’OCI (Organisation de la Conférence Islamique) à laquelle adhèrent tous les 57 pays islamiques du monde ?

Combien de temps encore faudra-t-il asséner à d’impénitents ignorants que l’islam, contrairement au christianisme, ne distingue pas le spirituel et le temporel, autrement dit ne sépare pas la religion de la politique ? Et que tous les autres ordres de la vie ne sauraient pas plus être séparés. L’islam est un ordre social où, bien plus qu’en chrétienté et bien plus encore qu’en pays d’institutions laïques, chacun vit sous le regard de l’autre, sous le contrôle de tous.

L’islam est en vérité comme une quintessence du totalitarisme (un totalitarisme de fondement théocratique) préfigurant somme toute, dès le VIIe siècle, les régimes totalitaires fondés sur les idéologies modernes et révolutionnaires, idéologies générées par les dites « Lumières », sécrétant le jacobinisme de la Révolution française tant admiré et imité plus tard par les Jeunes-Turcs, génocideurs des Arméniens et autres chrétiens d’Orient grecs ou assyro-chaldéens, sécrétant le communisme et le nazisme, systèmes pareillement inhumains. Voilà qui explique aussi le resurgissement en Russie poutiniste de l’idéologie eurasiste du XIXe siècle largement reprise par Staline et de nos jours notamment développée sous l’influence d’un Alexandre Douguine, grand inspirateur de Poutine et fanatique exaltateur de la dimension islamique de la Russie.

·         Islam – Islamisme : des différences de degrés, non de nature

Il serait évidemment à la fois absurde et injuste de considérer de même tous les régimes islamiques. Car il saute par exemple aux yeux que le monstrueux régime des talibans afghans, particulièrement odieux pour les femmes, est très différent de celui de la monarchie marocaine. Cette dernière n’est-elle pas tempérée de démocratie et la société n’est-elle pas façonnée aussi très positivement par l’identité berbère chère à notre grand ami le pasteur évangélique Saïd Oujibou, au demeurant si fraternellement proche des catholiques que nous sommes ?

Il n’en demeure pas moins que par-delà ces exemples institutionnellement extrêmes, l’islam marocain, dit « modéré », n’est nullement à l’abri des cheminements et pulsions islamistes Ainsi, la manifestation de soutien au Hamas a–t-elle été considérable alors que l’on pouvait croire que les accords « d’Abraham » entre le royaume cde Mohamed VI et l’État hébreu semblaient avoir été largement révélateurs d’une volonté de coopération politique et économique et d’un rapprochement culturel. Qualifiée de « manifestation monstre » dans les medias marocains, certainement de plusieurs dizaines de milliers de participants, la mobilisation pro-palestinienne et à forte tonalité anti-israélienne, entraînera certainement, pour le moins, un recul dans les relations des deux pays.

Et, à ce que nous avons vu, en a-t-il été ainsi dans la plupart des pays d’islam où le pays légal est presque toujours très différent du pays réel, souvent désigné aujourd’hui, pour ce qui est des pays arabes, sous le vocable de « rue arabe ».

On peut constater sur certains blogs et réseaux sociaux combien cela réjouit des mouvances d’extrême-droite, poutinophiles ou poutinolâtres, prolongeant sans difficulté leur adulation pour Poutine à celle pour le Hamas, le Hezbollah ou l’Iran, la Chine et la Corée du Nord.

·         La menace iranienne

L’inaction des États-Unis sous présidence Carter dans l’élimination du Shah d’Iran, trop peu évoquée, aura été pourtant une des plus lourdes fautes de la politique américaine dans le dernier quart du XXe siècle. La conséquence la plus immédiate en fut la prise du pouvoir par ‘ayatollah Khomeiny, puissamment aidé il est vrai aussi, ne l’oublions pas, par son accueil de la France à Neauphles-le-Château, voulu par le président de la République Giscard d’Estaing. Ce dernier trahissait ainsi l’amitié que lui avait prodiguée le Shah.

Le chiite Khomeiny, accueilli triomphalement par la « rue » iranienne perpétra aussitôt les liquidations de masse de sa révolution islamiste. Mais surtout, il sut, au fil du temps, propager aussi l’islamisme dans plusieurs pays sunnites. Ceci explique qu’aujourd’hui l’Iran exerce sa tutelle hégémonique aussi bien sur le Hezbollah chiite libanais que sur le Hamas sunnite, branche palestinienne des Frères musulmans.

L’Iran est par ailleurs un allié majeur de la Russie poutiniste sur le plan militaire puisqu’il lui fournit un important armement et notamment ses drones « Shahed ». Quant à Poutine, il a vivement exhorté les ayatollahs à ne pas céder face aux manifestations des héroïques femmes iraniennes, largement soutenues par leurs frères et maris, pour en finir avec l’obligation du port du voile. Et c’est ainsi que des milliers de femmes iraniennes ont été et demeurent emprisonnées tandis que les tribunaux politico-religieux des pasdarans (Gardiens de la révolution) condamnent régulièrement à la pendaison tous ceux que la charia voue à pareil châtiment.

À ce jour, nul ne sait si l’Iran décidera d’ordonner au Hezbollah d’entrer pleinement en guerre contre Israël. Depuis le 7 octobre ce dernier a certes subi des tirs d’artillerie et de missiles sur la Galilée entraînant la mort de deux Israéliens. Mais, cela n’est pour l’instant que peu de choses en regard de la puissance du Hezbollah qui, selon les spécialistes, disposerait de plus de 150 000 missiles pour frapper l’État hébreu. Ce qui n’est pas une petite menace !

Mais, reste à savoir si la riposte d’Israël, disposant du formidable renfort des porte-avions américains qui viennent d’arriver au large des côtes phéniciennes, ne serait pas largement supérieure et n’entraînerait pas finalement la destruction de la force armée libano-iranienne et donc l’élimination de la puissance politique du Hezbollah.

On le voit, l’avenir d’Israël et celui du Liban se jouent en grande partie dans le cerveau des stratèges iraniens.