mercredi 6 septembre 2023

Les libres propos d'Alain Sanders

 

Pascal Praud en groupie énamourée de Sarkozy...

Nombre de gens de « chez nous » (je mets « chez nous » entre guillemets car je ne suis plus de « chez eux ») ont le béguin pour CNews et, désormais, Le Journal du Dimanche repris par un banni zemmouriste de Valeurs actuelles.

Au motif que çà et là – mais genre pâté de cheval et d'alouette – ces deux médias ne donnent pas forcément dans la doxa médiatique d'extrême gauche.Certes. Mais avec des cautions quand même (comme l'équivoque Nathan Devers, sorte de Bernard-Henri Lévy du pauvre, lamentable, et même suspect, sur l'abaya et les sujets concernant l'immigration).

Parmi ceux qui ont la cote des gens de « chez nous », Pascal Praud, ancien journaliste sportif qui a su quitter les stades avant de tourner complètement footeux. Praud a un bon fond. Il est de Nantes. Et d'une époque où Nantes la Bretonne se souvenait encore (depuis elle est robespierrisée) des héros vendéens et de Charette qui y fut martyrisé. Mais c'est un vernis. Praud n'est pas très cultivé, ce qui peut se corriger en lisant beaucoup, mais il sait surtout jusqu'où il peut aller trop loin, n’hésitant pas à faire la coquette avec les invités de gauche. Il faut le voir faire de la lèche au bolcho Olivier Dartigolle, qui a son rond de serviette dans ses émissions, en répétant qu'il avait de l'affection pour les militants communistes des années soixante...

Dans Le Journal du Dimanche nouvelle manière, Praud a sa page hebdomadaire. Un « billet d'humeur » qui ne casse pas trois pattes à un canard (n'est pas Bloy ou Rochefort qui veut...), mais qui, entre deux, trois banalités, laisse passer parfois une remarque frappée au coin du bon sens populaire (Praud, c'est la mère Denis des adages à l'ancienne : « C'est ben vrai, cha ! ».

Dans le JDD du 3 septembre dernier, ça dérape... Façon groupie du pianiste, il titre (in english if you please) : « Sarkozy forever ! » Une déclaration d'amour à l'occasion de la parution du tome 3 des mémoires de Sarko, Le Temps des combats, un long pensum de plus de 500 pages (plus somnifères qu'un escadron de mouches tsé-tsé...).

Praud écrit dudit Sarko : « Je le trouve intelligent (très), courageux (très), sensible (très) ». Bigre... « Intelligent » l'homme qui voulait chasser La Princesse de Clèves ? « Courageux » le président qui avait vendu aux gogos « de droite » un programme musclé et n'en appliqua rien ?  « Sensible » celui qui traîne dix casseroles judiciaires (et il est loin d'en être sorti) et qui a abandonné en rase campagne ses compagnons de turpitude ?

Praud, qui dit être d'accord à quasiment 100% avec ce que dit Sarkozy, écrit, comme son mentor : « Oui, il faut négocier avec Poutine ». Il y eut naguère des gens qui voulaient négocier avec Hitler et Staline. On connaît la suite. Mais ce tropisme poutinien est largement partagé à CNews où l'on a désormais droit à Régis Le Sommier, ex-chantre d'Assad, ancien reporter à RT (filiale française de la télé de propagande d’État russe), créateur d'Omerta, média en ligne poutinophile jusqu'au trognon, un Le Sommier auteur de déclarations ignobles après le massacre de Boucha (« On a rarement vu une armée qui se retire passer l'aspirateur dans les endroits qu'elle a occupés »). Sur Poutine, Le Sommier est, comme Praud, bien sûr d'accord avec Sarkozy.

Praud, qui comme Sarko et avec Sarko, se croise désormais pour Gérald Darmanin, est chipé (comme on disait jadis d'une grisette tombée en pâmoison pour le chef d’atelier macho). Au point d'avoir « les larmes aux yeux » quand il lit son héros (Praud est très pote avec le maire de la station, Franck Louvrier), il trouve touchante la famille Sarko...

Pris en flagrant Delly (1), ce Praud n'est somme toute qu'un petit amateur...

 

Alain Sanders

 

(1) Célèbre auteur en son temps de romans à leau de rose