vendredi 22 septembre 2023

Après la reddition de l’Artsakh, l’engloutissement final de l’Arménie ?

 

Communisme, islamisme : les deux axes sanglants de l’idéologie eurasiste de Poutine

Bernard Antony, fondateur de Chrétienté-Solidarité, directeur de la revue Reconquête, communique :

La petite république arménienne du Haut-Karabagh (ou République d’Artsakh), enclavée dans l’Azerbaïdjan, et jusqu’à ces derniers jours reliée à l’Arménie par le corridor de Latchine, n‘est plus.

L’armée de l’Azerbaïdjan musulman, cent fois plus nombreuse que celle de l’Artsakh et cent fois mieux équipée, a obtenu la reddition des derniers combattants chrétiens de ce confetti de territoire arménien.

Il faut rappeler que la plupart des Arméniens du Haut-Karabagh sont des réfugiés rescapés des pogroms azéris anti-arméniens perpétrés d’abord, le 27 février 1988, dans la ville de Soumgaït, en république socialiste soviétique d’Azerbaïdjan, et en bien d’autres lieux ensuite de cette république devenue indépendante en 1991.

Soviétique ou indépendant, l’Azerbaïdjan est soumis depuis des décennies à la dictature islamo-totalitaire de la famille Aliyev, de père en fils. L’actuel potentat est Ilam Aliyev.

Au lendemain de la reddition, il n’y aura pas beaucoup d’Arméniens du Haut-Karabagh, voire aucun, pour accepter l’ukase azéri de prendre la nationalité azerbaïdjanaise. Cela, on le sait, signifierait inéluctablement la soumission à la dhimmitude et, très vite, la conversion à l’islam.

Déjà, à l’aéroport de Stepanakert, se bousculent tous ceux qui prendront ou espèrent pouvoir prendre un vol d’exfiltration vers Erevan, la si proche capitale de l’Arménie.

La Russie, fût-elle soviétique, fut longtemps la protectrice de l’Arménie. Elle permit, après le génocide d’un million et demi d’Arméniens et autres chrétiens de différentes confessions, de préserver une part – bien réduite – de l’Arménie historique.

Pour Poutine, l’Arménie chrétienne est le moindre de ses soucis. Même s’il n’a aucun besoin du pétrole et des hydrocarbures de l’Azerbaïdjan, ce pays musulman est beaucoup plus important pour sa politique impérialiste.

Du coup, l’Arménie se tourne militairement vers les États-Unis, annonçant des manœuvres… prochaines…

La politique de Poutine est celle de l’idéologie tsaro-stalinienne de « l’eurasisme » dont Alexandre Douguine est un des grands inspirateurs.

L’eurasisme douguino-poutinien repose sur deux stratégies complémentaires, à vrai dire néo-soviétiques.

-         La première est celle de l’entente et, si possible, de l’alliance avec les grands pays communistes de sa continuité territoriale, et d’abord la Chine rouge de Xi Jinping et la Corée du Nord de Kim Jong-Un ; et ensuite, avec Cuba, le Venezuela et autres pays de la continuité castriste.

-         La deuxième est celle de la recherche de l’alliance avec les pays d’islam, tant sunnites que chiites, sur la base de l’anti-occidentalisme. Il en est ainsi avec l’Iran islamiste, grand fournisseur de drones « shahed » à la Russie, qui l’aide dans ses activités nucléaires et spatiales. Poutine a multiplié les déclarations exhortant le régime du chef suprême Ali Khameneï et de ses pasdarans (gardiens de la révolution) à renforcer encore la répression (avec déjà ses milliers de victimes assassinées ou détenues dans d’effroyables conditions) contre les femmes héroïques qui ne veulent plus des obligations de la charia et en particulier des ukases vestimentaires.

C’est le cas avec l’Algérie, militairement et politiquement encadrée par les « conseillers » russes et où l’on vient de recevoir en grande pompe, et notamment dans la grande mosquée d’Oran, le général Sergueï Sourovikine.

Ce dernier, célèbre pour sa cruauté, était appelé, ainsi que le rappelle Alain Sanders, « Général Armageddon » ou encore « le boucher d’Alep » pour ses exploits de tortionnaire en Syrie.

Quelque temps en disgrâce pour, dit-on, ses liens « amicaux » avec le défunt Prigojine, il semble qu’il devrait remplacer ce dernier à la tête de Wagner en Afrique.

Poutine a besoin de lui.

Le maître du Kremlin entretient ainsi ses deux fers au feu :

-         le premier, celui communiste tchékiste dans le renouveau de la sacralisation de Dzerjinski et de Staline, et dans « l’amitié éternelle » avec la Chine et la Corée du Nord,

-         le deuxième, celui de la formidable affection mutuelle de la Russie (« grande nation islamique » selon Sergueï Lavrov, le ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie), avec l’islamisme pro-russe.

Quand on considère cela, on comprend aisément que pour Poutine, l’Arménie ne compte guère. Le chiffre de sa population n’est-il pas dérisoire en regard de celles de l’ensemble turco-azerbaïdjanais et des nations musulmanes du Caucase et d’Asie centrale ?

Pour un admirateur du « grand Staline », quelle importance peuvent bien avoir moins de trois millions d’Arméniens ?

C’est à peine le chiffre annuel des déportés au goulag dans les années 1930 !