mardi 20 juin 2023

250 ans du Grand Orient de France : 250 ans de perversion jacobine !

Très intéressant cet entretien mené ce 18 juin par Jean-Marie Guénois, l’excellent chroniqueur religieux du Figaro avec Georges Sérignac, le grand maître du Grand Orient de France. Si, au Figaro, on a choisi Guénois, le spécialiste des questions religieuses, pour ce « papier », ne serait-ce pas parce qu’on y considèrerait implicitement que traiter de la franc-maçonnerie relèverait peu ou prou des questions religieuses ?

De fait, juste après sa première question au « Grand maître » sur ce que représente pour lui cet anniversaire, Guénois aborde celle de la « question de Dieu » qui a coupé au XIXe siècle (convent de 1877) le Grand Orient de la franc-maçonnerie anglaise traditionnelle, maintenant, pour y être accepté, l’obligation de croire en un Dieu, du moins de le jurer.

Guénois pose ensuite la question de la différence entre Dieu et le « grand architecte de l’univers », concept initialement invoqué au Grand Orient pour sa différenciation avec les obédiences dites « déistes ». Le grand maître Sérignac y va de la réponse « philosophique » habituellement fournie au Grand Orient selon laquelle la notion de « grand architecte de l’univers » a évolué dans cette obédience à une conception « plus symbolique » d’une « puissance supérieure qui peut-être ou pas le Dieu des religions monothéistes ». Et d’ajouter : « Au GODF, on n’utilise plus cette référence et considérons la croyance en Dieu come intime ». Il poursuit : « Cela dit, la maçonnerie, par sa méthode initiatique et rituelle, est un lieu de spiritualité laïque que nous vivons intensément dans les loges ». « Spiritualité laïque » : notons ici l’oxymore !

Cela a du moins le mérite de la clarté et, somme toute, distingue parfaitement le Grand Orient (et d’autres obédiences voisines telle la Grand Loge) des maçonneries s’affirmant « déistes », ce qui d’ailleurs, le plus souvent, ne veut pas dire grand-chose, et surtout pas la foi en Jésus-Christ et au Dieu de la Sainte Trinité.

Mais, on pourra lire sur tout cela nos réflexions dans notre ouvrage « Vérités sur la Franc-maçonnerie »(1), sous-titré : « De la subversion des loges à la République des initiés ». Nous y développons que la Franc-maçonnerie née en Angleterre et originellement catholique (comme le compagnonnage en France, inspiré par saint Bernard) a été subvertie concomitamment avec la Réforme protestante avant de devenir globalement elle-même une puissance subversive ; historiquement, la principale « société de pensée » de la gauche comme l’a analysé très remarquablement le très grand penseur catholique et contre-révolutionnaire Augustin Cochin.

À la vérité, la Franc-maçonnerie du Grand Orient de France a été un puissant vecteur de l’idéologie jacobine qui a fait tant de mal à la France, n’imprégnant pas seulement la gauche radicale et socialiste aussi, trop souvent la droite bonapartiste puis gaulliste. Il n’est donc pas étonnant que le grand maître affirme ce qui est mis en exergue de son entretien : « Il n’y a qu’une communauté, elle est nationale ». Phrase par excellence révélatrice de l’idéologie jacobine.

Car, si la patrie française est la plus importante et la plus protectrice des communautés dans lesquelles nous nous enracinons, elle n’est pas la seule ! Il en est d’autres, et d’abord la famille et puis les métiers et les organisations corporatistes et les syndicats quand ils ne sont pas politiquement subvertis et bien sûr les paroisses et les communautés religieuses. Affirmer comme le fait le grand maître du Grand Orient de France qu’il n’y a qu’une communauté, la nationale, c’est s’inscrire idéologiquement dans la continuité jacobine et révolutionnaire selon laquelle il ne saurait y avoir que « l’État d’un côté, l’individu de l’autre » et « à bas les corps intermédiaires ! » D’où la haine des corps intermédiaires…

Cela nous a valu les détestables lois liberticides et antisociales que furent en 1791 les décrets d’Allarde et la loi le Chapelier interdisant les corporations et les associations ouvrières notamment le compagnonnage. Et ce furent surtout avec la IIIe République, les lois de persécution anti-catholique et d’étatisation de l’enseignement. Bref, le totalitarisme tel que le professe un Pap Ndiaye !

Sérignac revient naturellement sur « la défense de la laïcité – clé de voute de notre république ». Cela constitue surtout la redite incantatoire de tous les discours maçonniques. Mais, il l’inscrit, sans ambiguïté, dit-il, dans le combat maçonnique « contre les obscurantismes et les totalitarismes dont fait partie l’extrême-droite ».

À le lire, on mesure combien il n’a sans doute jamais mesuré que l’essence même du totalitarisme réside pourtant dans le jacobinisme précurseur du fascisme que résumait la formule de l’idéologue mussolinien Giovanni Gentile : « L’individu n’existe que par l’État, que pour l’État ». Individualisme et étatisme totalitaire vont ainsi de pair dans la vision sociale du fascisme comme dans celle du communisme. Mais, là où l’idéologie fasciste maintenait malgré sa perversion socialiste une certaine soumission au réel, à la vie et à la nature des choses, le totalitarisme maçonnique a substitué l’affirmation individualiste d’une liberté absolue de conscience « par-delà le bien et le mal » selon l’expression de Nietzsche.

Et, en effet, le grand maître Sérignac expose : « Nous considérons que chacun a le droit de disposer de sa vie comme de sa mort, en application de la liberté absolue de conscience ». Cela explique que le Grand Orient (et à vrai dire la plupart des obédiences maçonniques également) soit une fois encore à la pointe de la revendication d’une loi sociétale pour la légalisation de l’euthanasie (ainsi qu’il en a été pour celle de l’avortement et pour celle du mariage dit « pour tous »).

La vérité n’est-elle pas que le Grand Orient a systématiquement été à l’origine de presque toutes les lois dites « sociétales », en réalité de « dissolution sociale », celles de ce que, prophétiquement, le grand pape Jean-Paul II désigna comme « la culture de mort ». Comme l’écrivait le très grand penseur contre-révolutionnaire Joseph de Maistre (longtemps franc-maçon illuministe) : « La révolution n’a pas seulement fait tomber les têtes. Depuis, elles tournent ! ».

Le secret véritable de la franc-maçonnerie c’est que sous les apparences et les illusions du respect de la liberté des individus, on les conditionne par la manipulation éprouvée des lois de la dynamique des groupes.

Combattre le communautarisme, notamment l’islamique avec l’asservissement totalitaire à l’Oumma, c’est bien ! À condition de ne pas confondre cela avec la destruction des communautés naturelles. Or, sous des invocations de liberté, les loges n’ont-elles pas été trop souvent les lieux par excellence de la propagation des idées, directives et mots d’ordre transmis par des hiérarchies supérieures pas toujours bien connues. Ce n’est pas faire œuvre de complotisme que de se poser ces questions, c’est tout simplement vouloir un peu de lumière sur ce que font les dits « fils de la lumière ».

Le grand penseur contre-révolutionnaire, Joseph de Maistre, qu’il faut savoir lire, fut sans doute un grand initié, il n’était pas sujet à un débile complotisme.

 

(1) Vérités sur la franc-maçonnerie, De la subversion des loges à la république des initiés, Godefroy de Bouillon, 2007