vendredi 5 mai 2023

Les libres propos d'Alain Sanders

Quand Reporters sans frontières tape sur le Maroc...

Comme chaque année, Reporters sans frontières (RSF) publie un rapport sur la liberté de la presse dans le monde. Comme chaque année, ce rapport – qui n'est pas en concurrence idéologique avec celui d'Amnesty International, tant s'en faut... – nous amène à nous poser des questions sur la crédibilité de cette organisation. Qui est, rappelons-le, abritée en France et financée par nos impôts.

Cette année donc, le Maroc, cible récurrente de ceux qui ont, par ailleurs, les yeux de Chimène (Badi...) pour l'Algérie (1), a droit à des attaques entachées (mais c'est une habitude) d'erreurs grossières.

Selon RSF, « les journalistes indépendants au Maroc subissent une pression continue, et le pouvoir tente de mettre ce secteur aux ordres ». Président du Conseil national marocain de la presse, Younès Mjahed dénonce la méthodologie adoptée par RSF : «Avant d'élaborer un quelconque rapport ou classement, il faut tenir compte d'abord de ce qui se passe. Ce que RSF ne fait jamais ».

Un exemple ? Il y a, au Maroc, un Syndicat de la presse marocaine qui, c'est le moins qu'on puisse dire, est connu pour son indépendance à l'égard du pouvoir et la pugnacité qu'il met dans la défense des journalistes et de la liberté d'expression. Eh bien, les « enquêteurs » de RSF ne l'ont pas consulté ! « Ce qui intéresse RSF, ce sont les avis de ses amis, relève Younès Mjahed. Quand RSF arrive au Maroc, elle arrive avec en tête un rapport déjà écrit. RSF tire sur tout ce qui bouge au Maroc. Et ce n'est pas nouveau ».

Sur place (et Amnesty procède de la même façon), RSF trouve toujours quelques activistes prêts à lui  dire ce qu'elle veut entendre, répercutant ainsi, avec quelques ajouts aggravants, les mêmes accusations d'une année l'autre.

Le rapport indique qu'il y aurait 11 journalistes détenus au Maroc. Réponse de Younès Mjahed : « Il y a seulement 3 journalistes détenus et tous pour des affaires qui n'ont rien à voir avec la liberté de la presse, ni avec l'exercice de la presse ».  

Les raisons de cette hostilité haineuse à l'égard du royaume chérifien ? Younès Mjahed les explique : « Quand on parle de Reporters sans frontières, on parle de la France. Et là, nous sommes devant un pays européen qui a des alliances avec d'autres pays et d'autres forces qui considèrent que le Maroc ne peut pas prétendre à une souveraineté totale ».

 Dire que les relations entre le Maroc, un ami pourtant séculaire de notre pays, et la France macronisée et vautrée devant l'Algérie ne sont pas bonnes, serait encore ne rien dire...

« Quand j'étais président de la Fédération internationale des journalistes, qui représente les syndicats de journalistes dans le monde, dit encore Younès Mjahed, nous ne participions pas à des événements où RSF était présente, car nous considérions que c'est une organisation qui travaille pour des agendas politiques qui n'ont rien à voir avec la liberté de la presse, ni avec les droits de l'Homme ». Et, là encore, c'est rien de le dire...

Alain Sanders

(1) Dans le classement de RSF sur la liberté de la presse dans le monde, l'Algérie, qui mène une guerre ouverte contre ses médias nationaux et ses journalistes, est mieux classée – et de plusieurs rangs – que le Maroc...