D' « extrême droite » le blogueur bolchevique Vladlen Tatarsky ?
Exaltant l'invasion – et l'annexion fantoche – de l'Ukraine, Vladlen Tatarsky, ce blogueur poutiniste dispersé façon puzzle le 2 mars dernier, avait une obsession itérée et réitérée : « On vaincra tout le monde, on tuera tous les Ukrainiens, on pillera tout ce qu'on voudra, on fera les choses comme on aime ».
Au lendemain de l'explosion dans un café de Saint-Pétersbourg appartenant au groupe Wagner, Vladimir Poutine, qui en avait déjà fait des kilos après l'attentat contre Daria Douguina (la fille de son gourou Alexandre Douguine), a décoré le blogueur de l'Ordre du courage.
Notre capital compassion n'étant pas infini (d'autant que nous le réservons aux nôtres), l'éradication de ce séide d'Evgueni Prigojine, le leader de Wagner, ne nous empêchera pas de dormir.
Ce qui mérite un commentaire, en revanche, ce sont les médias mainstream qui ont répété en boucles – et ce n'est jamais innocent de leur part – que le défunt blogueur était « ultranationaliste » et surtout d' « extrême droite ».
D' « extrême droite » Vladlen Tatarsky ? Voyons ça... Né Maxime Fomine, il a choisi, pour son pseudonyme, un prénom éloquent : Vladlen, référence à Vladimir Lénine. Alors je sais bien qu'une certaine écume poutiniste en France chante désormais le los de Staline (« Après tout, il était quand même maréchal », m'a dit l'autre jour l'un de ces égarés), mais un type supposé d' « extrême droite » qui prend comme pseudo le patronyme d'un des plus grands criminels communistes de tous les temps (et Dieu sait si la concurrence est rude en l'occurrence), c'est comme « la fourmi de dix-huit mètres qui traîne un char de pingouins et de canards » dans le poème de Robert Desnos : ça n'existe pas, ça n'existe pas...
Et ça existe d'autant moins qu'il suffit de se reporter aux vidéos du blogueur préféré de Poutine, à la gloire de l'ex-URSS, de Staline, des soldats de l'Armée rouge. Et de détailler les symboles qu'il arborait : étoiles rouges, faucilles et marteaux, insignes bolcheviques, épinglettes staliniennes.
Originaire du Donbass ukrainien, cet intéressant personnage avait été emprisonné pour un braquage en 2011. Il avait été libéré (avec quelques autres voyous et criminels comme ceux recrutés depuis par Wagner) par des « séparatistes » largement composés de soldats russes in disguise dans le Donbass en 2014.
Moins de vingt-quatre heures après l'attentat, le FSB-KGB a trouvé et arrêté les coupables (ils en ont toujours quelques-uns en réserve). Dont une jeune femme, Daria Trepova, qu'on peut voir arriver au café avant l'attentat. Longiligne, blonde, les cheveux longs. Le lendemain de l'attentat, le FSB-KGB mettait en scène une jeune femme un peu boulotte, les cheveux courts, plutôt rousse...
En fait cet attentat, comme celui tout aussi nébuleux contre Daria Douguina (attentat qui visait peut-être son père qui, va savoir pourquoi, avait laissé sa voiture à fifille...), est un épisode de plus des rivalités – sanglantes – entre les diverses milices armées « patriotiques ». Ce que Evgueni Prigoline, qui y passera un jour lui aussi, a bien compris. Alors que Moscou accusait les services ukrainiens, le chef de Wagner a déclaré : « Je ne blâmerai pas le régime de Kiev. Je pense qu'un groupe de radicaux est à l’œuvre ». En tuant Tatarsky, son fidèle porte-voix, très critique sur le commandement de l'armée, un message fort – mais pour l'heure sans frais – lui a été envoyé. Par des rivaux. Ou par l'armée. Dans les deux cas, le FSB-KGB est forcément dans la manip.
Alain Sanders