lundi 24 avril 2023

« La Russie sera libre, dites-le à tout le monde ! »

 

La déclaration du patriote Vladimir Kara-Mourza s’étant sacrifié, au sommet de l’héroïsme, pour la liberté de son peuple.

Cette déclaration qu’on lira ci-après s’inscrit dans une fascinante continuité d’Antigone, l’immortelle héroïne de la tragédie grecque de Sophocle.

C’est le lundi 17 avril que le réprouvé politique Vladimir Kara-Mourza l’a prononcée dans sa cage du box des accusés après le verdict rendu par le juge poutinien Sergueï Podoprigorov : 25 ans de prison dans une « colonie pénitentiaire à régime strict ».  Ce, pour avoir prononcé quelques mots contre la guerre en Ukraine, lui valant une mirobolante accusation de « haute trahison » et de « diffusion de fausses nouvelles ».

En réalité, une condamnation à mort, si Vladimir Kara-Mourza n’est pas un jour libéré alors que craquerait l’abominable régime néo-stalinien de Poutine. Ce dernier, depuis des années, n’a-t-il pas fait assassiner ses opposants les plus déterminés, tels que Boris Nemtsov et Anna Politkovskaïa ?

Et il a désormais rétabli aussi la sinistre continuité des « procès de Moscou » dans la ligne des pratiques du démoniaque procureur soviétique aux ordres de Staline, Andreï Vychinski.

Rappelons que Vladimir Kara-Mourza, historien de 41 ans, de nationalités russe et britannique, opposant politique à Poutine, a fait l’objet de deux tentatives d’empoisonnement en 2015 et 2017, semblables à celle qui entraîna la mort de Litvinenko et à celle dont réchappa in extremis l’admirable opposant Alexeï Navalny.

Comme ce dernier exilé en Europe et ayant pris le risque de retourner en Russie, aujourd’hui condamné à 9 ans de prison pour « fraude », Kara-Mourza s’est délibérément sacrifié, dénonçant la dictature FSB-tchékiste de Poutine pour témoigner de son intraitable décision de sacrifice pour la liberté de la Russie.

Et ce, sans être désavoué par son héroïque épouse, lui exprimant toute sa fidélité et toute son admiration, ainsi qu’on put l’entendre, questionnée ce dimanche 23 avril à 22 h 15 par le talentueux Darius Rochebin (un journaliste exilé de l’Iran islamiste allié de Poutine).

Très probablement aurons-nous l’occasion de reparler de Vladimir Kara-Mourza. Nous pourrons réitérer ainsi ce que nous avons déjà naguère exprimé plusieurs fois, à savoir non pas de l’hostilité contre le peuple russe mais contre le régime aux mœurs mafieuses et néo-staliniennes qui le manipule ou le terrorise.

Voici l’essentiel de la Déclaration de Vladimir Kara-Mourza. Elle fera date dans l’histoire de la Russie libre :

« Membres du tribunal,

… Je sais qu’un jour viendra où les ténèbres qui recouvrent notre pays se dissiperont. Quand le noir sera appelé noir et le blanc sera appelé blanc ; quand, au niveau officiel, on reconnaîtra que deux fois deux font toujours quatre ; quand une guerre sera appelée une guerre, et un usurpateur un usurpateur ; et quand ceux qui ont allumé et déclenché cette guerre, plutôt que ceux qui ont essayé de l’arrêter, seront reconnus comme des criminels.

 « Ce jour viendra aussi inévitablement que le printemps après l’hiver le plus froid. Notre société ouvrira alors les yeux et sera horrifiée par les crimes terribles qui ont été commis en son nom. C’est à partir de cette prise de conscience, de cette réflexion, que s’ouvrira le long, difficile mais vital chemin vers le redressement et la restauration de la Russie, vers son retour dans la communauté des pays civilisés.

« Aujourd’hui encore, même dans l’obscurité qui nous entoure, même aussi dans cette cage, j’aime mon pays et je crois en notre peuple. »