Soirée particulièrement émouvante que celle animée ce dernier samedi sur le plateau de LCI par l’excellent Darius Rochebin (francisation de Khoshbin, son nom iranien d’origine). Invités majeurs de l’émission : l’ambassadeur de Pologne en France Ian Emeryk Rosazewski, et l’ex-diplomate soviétique, le Russe Alexandre Melnik, désormais professeur de géopolitique en France.
Le premier va rappeler que son pays a également souffert de la barbarie communiste et de la barbarie nazie coresponsables de plus de six millions de morts après le pacte Hitler-Staline (encore dit germano-soviétique) du 23 août 1939 (voir détail dans nos ouvrage : « Le parti communiste et ses virus mutants », et « Le communisme 1917 – 2017 »).
L’ambassadeur de Pologne a eu dans sa famille autant de massacrés par les communistes et les nazis. Ces derniers furent alliés pendant 22 mois (après 18 mois de négociations secrètes), ce que l’histoire réécrite par le régime poutiniste interdit de rappeler au risque de plusieurs années de détention.
Sur la demande de Rochebin, Ian Emeryk Rosazewski évoque la grande reconquête de sa liberté par le peuple polonais dans les années 1980 avec Solidarnosc et Lech Walesa et le formidable appui du grand pape polonais Jean-Paul II (désormais saint Jean-Paul II). Lorsque lui aussi, après tant d’autres au long des mois de l’agression contre l’Ukraine, émet le juste regret de ce que le procès général et mondial du communisme n’ait pas été organisé, je suis une fois encore saisi de l’affliction qui m’envahit toujours à l’écoute de ce propos à la fois si juste et si injuste.
Car le 9 novembre 1997, à la Mutualité, à Paris, Pierre Clostermann, le héros des ailes françaises pendant la Seconde Guerre mondiale, ouvrait la journée que nous avions organisée sous l’intitulé de « Procès international des crimes contre l’humanité des régimes communistes ». Il déclarait : « Ce procès, le premier du genre, des crimes communistes contre l’humanité, restera comme une date historique ». Nous avions voulu consacrer ce qui, selon nous et dans l’esprit de tous les nombreux représentants des résistances anticommunistes dans le monde, devait être une « première » : celle du nécessaire grand et long procès pour l’histoire, au cas particulier du communiste Georges Boudarel, le traître-tortionnaire de nos soldats, devenu commissaire politique et bourreau dans le camp 113 du Viet Minh en Indochine où la proportion des morts dans ce camp fut de 70 % soit celle des camps de la mort du nazisme.
Se déroulant sous la présidence du légendaire avocat, héros de la guerre et de la résistance, notre Jean-Baptiste Biaggi, la journée conclue par la condamnation à l’indignité nationale de Boudarel fut suivie par plus de 3 000 personnes dans la grande salle de la Mutualité mais aussi retransmise dans les autres sur de grands écrans.
Hélas, à l’exception du président de la Lituanie, Wytautas Landbergis, qui nous avait reçu à Vilnius et organisa un grand procès des criminels aux ordres de l’URSS, la nécessité du procès pour laquelle nous nous battions, ne s’imposa pas. L’extrême-gauche et la gauche n’en voulaient à aucun prix. La droite n’en voyait pas la nécessité et notamment la droite gaulliste, celle de la connivence avec l’URSS.
Aujourd’hui, à quelques rares exceptions, les historiens du communisme ne savent pas que se déroula jadis le 9 novembre 1997, une journée modèle de ce qu’aurait dû être le grand procès des crimes contre l’humanité du communisme…
L’ancien diplomate soviétique, le Russe Alexandre Melnik fut particulièrement brillant, émouvant et percutant, dans cette émission de ce samedi 11 février. Ce professeur en France de géopolitique, exprima d’abord son immense admiration pour la Pologne et sa tradition de résistance alors que ce pays est devenu selon lui la principale puissance européenne économique et militaire dans le soutien à l’Ukraine et dans le constant renforcement de la volonté de son peuple de faire face plus que jamais à la menace russe.
Alexandre Melnik exprima son immense dégoût de l’effondrement moral auquel le poutinisme a conduit son peuple. Rochebin fit en effet retransmettre une très révélatrice et très accablante scène de la télévision d’État russe dans laquelle un bouffon de service imite longuement le son des sirènes ukrainiennes d’alerte aux bombardements. Cela déclenche le fou rire inextinguible de participants. Quoi de plus hilarant en effet que de semer l’effroi et la mort dans les villes d’Ukraine que, selon ses délires obsessionnels, Poutine qualifie alternativement de « peuple frère » ou de pays « à dénazifier ».
Devant cela, le Russe Alexandre Melnik, l’ancien diplomate soviétique, ne peut qu’exprimer sa nausée, son immense affliction devant cette rétrogradation, cette déshumanisation de son pays. Il s’agit d’un épouvantable retour à « l’empire du mal ».
Autre scène encore prise sur la télévision d’État russe, celle où un bouffon de propagandiste du régime se régale à exalter l’unité de la Russie et de la Chine, de l’Iran et de la Corée du Nord, ce que nous avons désigné comme « la bande des quatre ». Mais il lance aussi un appel à la fraternisation avec Cuba et le Venezuela. Comme au meilleur temps de l’URSS. La liste ne devrait pas s’arrêter là, notamment avec les pays d’Afrique conquis par Wagner, non sans humiliation de l’armée française. Dans laquelle, il est vrai, il semble que les admirateurs de Poutine se fassent moins nombreux…
D’un mondialisme à l’autre
Je souris toujours devant l’obsessionnelle dénonciation par certains du seul impérialisme américain. Il suffit de reprendre mes déclarations, entretiens et communiqués du temps de « la guerre du Golfe » pour vérifier que je ne les ai pas attendus pour exprimer, notamment depuis Bagdad, ma totale désapprobation de la politique américaine en Orient. Je n’ai ainsi jamais cessé de rappeler le véritable crime politique qu’avait constitué l’abandon-trahison du Shah d’Iran à la mainmise de Khomeiny (par Carter donc mais trahison accompagnée de celle de Giscard d’Estaing en faveur de l’Ayatollah, le grand propagateur des révolutions islamistes).
Mais je vomis le « binarisme » idéologique : ce n’est pas parce que l’on désapprouve la politique américaine à une certaine époque et sur certains pays que l’on doit obligatoirement devenir partisan de tous ceux qui la combattent. Les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis !
Ainsi, aujourd’hui, l’espace mondial sino-russo-iranien, nord-coréen et autres avec ses immenses territoires sur plus de 30 millions de km2 et ses presque 2 milliards d’habitants, et sa formidable puissance militaire, constitue-t-il le substrat de la réalité menaçante d’un mondialisme néo-soviétique bien plus dangereux que le mondialisme américain.
Et d’ailleurs, au fait, pourquoi y a-t-il donc beaucoup plus de masses humaines à vouloir entrer dans les pays d’Occident que dans ceux des dictatures russes, chinoises, nord-coréenne, iranienne et autres ?
La réalité n’est-elle pas que la Russie (sans prendre en compte ses pertes militaires) enregistre chaque année une diminution d’environ un million d’habitants ? Et que maintenant, de surcroît, du fait de sa guerre d’invasion de l’Ukraine, elle a encore perdu plus de huit cent mille de ses ressortissants les plus indispensables. La vérité n’est-elle pas que Poutine, s’il est un génocideur de l’Ukraine, est aussi un immense destructeur du peuple russe ?
Mais, peut-être, nous l’espérons, les poutinophiles et autres poutinôlatres, démontreront-ils notre erreur d’analyse en allant s’installer nombreux dans leur si chère et si sainte Russie ?