lundi 3 octobre 2022

Poutine : maître dans l’art de la manipulation

 

« L’Occident noie la vérité au milieu d’un océan de mensonges », a déclaré Vladimir Poutine dans son important discours du 30 septembre dernier.

Cette affirmation du maître du Kremlin peut aisément se retourner contre lui. Son discours de vendredi dernier en est, lui-même, une illustration parfaite.

Il fallait oser dire, comme Poutine l’a fait, que, pendant que l’Occident colonisait et « asservissait » certains pays, la Russie (comprenez l’URSS) se battait pour la liberté des peuples.

Libertés des peules que le génocide ukrainien, Holodomor, qui en 1932 et 1933 a fait 5 millions de morts ? Libertés des peuples que les 20 millions de déportés du Goulag provenant de toutes les républiques et pays enserrés par le joug soviétique depuis 1917 ? Liberté des peuples que les 22.000 Polonais exécutés par le NKVD entre 1941 et 1943 et les 60.000 autres déportés ? Liberté des peuples que les milliers d’exécutions sommaires et les massacres de ceux qui étaient suspects de non-stalinisme durant la Guerre d’Espagne ? Liberté des peuples, les répressions de Budapest en 1956 et Prague en 1968 ? On n’en finirait pas de dresser la liste des crimes, des massacres et des asservissements imposés par le joug de la Russie soviétique depuis 1917.

Poutine a raison quand il parle de bombardements inutiles de villes allemandes par les anglo-américains, à la fin de la Seconde guerre mondiale. Mais quel cynisme lorsqu’il évoque les crimes des forces d’occupation américaine en Allemagne alors qu’à la même époque, le viol des femmes allemandes faisait partie des ordres officiels et était systématisé par l’Armée rouge.

Certains diront que nous passons notre temps à parler du passé. Mais en l’occurrence, c’est Poutine lui-même qui a occupé la moitié de son discours à faire du révisionnisme historique, par affirmation ou omission, dans le seul but d’exalter le passé soviétique et de justifier son plan néo-soviétique. Ce Poutine « historien » (1) démontre à quel point, il est capable d’utiliser le mensonge et la désinformation pour arriver à ses fins. 

Bien sûr, sa dénonciation des inversions sociétales dans les pays occidentaux ne peut que recueillir notre approbation. Sauf qu’il ne la met en avant que pour tenter de rallier à son projet néo-soviétique les parties conservatrices, qu’il sait être de plus en plus nombreuses (spécialement aux Etats-Unis), des opinions occidentales.

Ce discours devrait donc ouvrir les yeux à beaucoup de nos amis.

Pour Poutine, comme pour une certaine politique américaine, la fin justifie les moyens et le mensonge peut être érigé en moyen de communication-manipulation. Rien de nouveau, sous le soleil noir kagébiste.

Entre l’impérialisme euro-mondialiste et l’impérialisme néo-soviétique de Poutine, Chrétienté-Solidarité continue, plus que jamais, à défendre l’indépendance des patries et la liberté des peuples contre tous les totalitarismes.

 

Yann Baly

Président de Chrétienté-Solidarité

 

1)      Sur ce sujet, on lira l’excellente brochure de Nicolas Werth, « Poutine, historien en chef », Tracts – Gallimard, juin 2022.