lundi 10 octobre 2022

les libres propos d'Alain Sanders

Comme à Grozny ?

Comme un petit voyou capricieux, Poutine n'a pas supporté qu'on touche à son jouet : un pont illégalement construit pour relier la rive russe à la Crimée occupée par Moscou (et déjà volée aux Tatars par les Russes jadis).

Un voyou capricieux, on lui donne un coup de pompes aux fesses et on lui dit d'aller ranger sa chambre et ronger son frein en silence. Le problème, c'est que personne – à commencer par un Occident avachi qui feint de rouler des mécaniques – n'a les cojones pour claquer le bec de l’agresseur du libre peuple ukrainien.

D'où, en toute impunité, le déluge de feu à quoi on assiste. De Zaporija à Lviv en passant par Kiev, des centaines de missiles tirés depuis la Biélorussie et de navires stationnés dans la mer Noire. En violant au passage, et là encore impunément, l'espace aérien moldave : les soldats français stationnés en Moldavie ont vu passer les armes de mort sans pouvoir – faudrait pas humilier Poutine et l’énerver plus comme dit Macron – les arrêter dans leur sinistre course.

Au fur et à mesure que ses troupiers prendront des déculottées sur le front de l'Est, Poutine sera tenté de pratiquer ce qu'il sait, dans la plus pure tradition soviétique, le mieux faire : terroriser les populations civiles. Comme en Syrie. Comme en Tchétchénie où Grozny a été vitrifiée.

Quand j'évoquais ce risque, il y a encore quelques jours, on me disait que Poutine n'osera pas aller aussi loin avec les Ukrainiens dont le martyre est supposé nous parler plus que celui des Tchétchènes et des Syriens naguère. T'as qu'à croire (comme disait ma grand-mère). Non seulement Poutine est prêt à faire disparaître l'Ukraine, mais il est prêt aussi à s'en prendre, au moindre prétexte, à la Pologne et aux pays baltes. Qui seront accusés eux aussi d'être des « terroristes » menaçant la Russie stalino-poutinienne.

C'est lui qui a envahi l'Ukraine et mène contre son peuple une guerre génocidaire, mais ce sont les Ukrainiens, coupables de se défendre, d'être devenus des « agresseurs »... Et les services spéciaux ukrainiens supposés, c'est t'y pas plus simple comme ça, avoir écorné le pont Poutine, d'être des « terroristes ».

En 1956, lors du martyre de Budapest, la honte (une de plus) de l'Occident, des milliers de jeunes nationalistes français manifestèrent en force contre les intérêts soviétiques en France et contre ceux de leurs collabos du Parti communiste. Rebelote en 1968 – j'en étais – lors de l'invasion de Prague par les chars de l'Armée rouge.

Aujourd'hui ? L'ambassadeur de Russie en France et son porte-parole – un minet arrogant qui appelle des baffes – sont invités sur les chaînes d'info continue où ils déversent leur propagande tranquillement.

Et le gouvernement et l'Europe et les États-Unis multiplient les communiqués réprobateurs dérisoires (« si ça continue comme ça, on va voir ca qu'on va voir »...) qui doivent faire rigoler Poutine et son équipe de bouchers.

A l’heure où des hommes, des femmes, des enfants ukrainiens meurent sous un déluge de fer et de feu, il est urgent de passer à la vitesses supérieure. En     décidant d'interdire aux tueurs de Moscou le survol du ciel ukrainien. Faute de quoi, on assistera en piaillant (comme pour Budapest, Prague, Grozny) à la destruction d'un pays libre. Prélude à d'autres apocalypses...

Alain Sanders