Comme à
Grozny ?
Comme un petit voyou capricieux, Poutine n'a pas supporté qu'on touche à son jouet : un pont illégalement construit pour relier la rive russe à la Crimée occupée par Moscou (et déjà volée aux Tatars par les Russes jadis).
Un voyou capricieux, on lui donne un coup de pompes aux
fesses et on lui dit d'aller ranger sa chambre et ronger son frein en silence.
Le problème, c'est que personne – à commencer par un Occident avachi qui feint
de rouler des mécaniques – n'a les cojones pour claquer le bec de
l’agresseur du libre peuple ukrainien.
D'où, en toute impunité, le déluge de feu à quoi on assiste.
De Zaporija à Lviv en passant par Kiev, des centaines de missiles tirés depuis
la Biélorussie et de navires stationnés dans la mer Noire. En violant au
passage, et là encore impunément, l'espace aérien moldave : les soldats
français stationnés en Moldavie ont vu passer les armes de mort sans pouvoir –
faudrait pas humilier Poutine et l’énerver plus comme dit Macron – les arrêter
dans leur sinistre course.
Au fur et à mesure que ses troupiers prendront des
déculottées sur le front de l'Est, Poutine sera tenté de pratiquer ce qu'il
sait, dans la plus pure tradition soviétique, le mieux faire : terroriser
les populations civiles. Comme en Syrie. Comme en Tchétchénie où Grozny a été
vitrifiée.
Quand j'évoquais ce risque, il y a encore quelques jours, on
me disait que Poutine n'osera pas aller aussi loin avec les Ukrainiens dont le
martyre est supposé nous parler plus que celui des Tchétchènes et des Syriens
naguère. T'as qu'à croire (comme disait ma grand-mère). Non seulement Poutine
est prêt à faire disparaître l'Ukraine, mais il est prêt aussi à s'en prendre,
au moindre prétexte, à la Pologne et aux pays baltes. Qui seront accusés eux
aussi d'être des « terroristes » menaçant la Russie
stalino-poutinienne.
C'est lui qui a envahi l'Ukraine et mène contre son peuple
une guerre génocidaire, mais ce sont les Ukrainiens, coupables de se défendre,
d'être devenus des « agresseurs »... Et les services spéciaux
ukrainiens supposés, c'est t'y pas plus simple comme ça, avoir écorné le pont
Poutine, d'être des « terroristes ».
En 1956, lors du martyre de Budapest, la honte (une de plus)
de l'Occident, des milliers de jeunes nationalistes français manifestèrent en
force contre les intérêts soviétiques en France et contre ceux de leurs
collabos du Parti communiste. Rebelote en 1968 – j'en étais – lors de
l'invasion de Prague par les chars de l'Armée rouge.
Aujourd'hui ? L'ambassadeur de Russie en France et son
porte-parole – un minet arrogant qui appelle des baffes – sont invités sur les
chaînes d'info continue où ils déversent leur propagande tranquillement.
Et le gouvernement et l'Europe et les États-Unis multiplient
les communiqués réprobateurs dérisoires (« si ça continue comme ça, on va
voir ca qu'on va voir »...) qui doivent faire rigoler Poutine et son
équipe de bouchers.
A l’heure où des hommes, des femmes, des enfants ukrainiens
meurent sous un déluge de fer et de feu, il est urgent de passer à la vitesses
supérieure. En décidant d'interdire
aux tueurs de Moscou le survol du ciel ukrainien. Faute de quoi, on assistera
en piaillant (comme pour Budapest, Prague, Grozny) à la destruction d'un pays
libre. Prélude à d'autres apocalypses...
Alain Sanders