lundi 12 septembre 2022

« Grand Dieu sauve le Roi… »

 

« Grand Dieu sauve le Roi… »

Pour parler dans les formes du temps je n’ai jamais été très « fana » de la Marseillaise et j’ai quelquefois confié combien je lui préférais, et pour l’air et surtout pour ses paroles qui sont tristement racistes (« …qu’un sang impur » !), d’autres hymnes nationaux musicalement plus beaux et aux textes moins sanguinaires.

Car on pourrait au moins modifier le contenu du nôtre…

 En revanche, il m’a toujours plu de rappeler à mes amis anglais qui souvent l’ignoraient que le « God save the Queen » (ou, comme désormais, « the King ») fut à l’origine un cantique français, ce que chacun peut aisément vérifier sur internet.

C’est en effet en remerciement à Dieu qui avait sauvé le Roi d’une très douloureuse et délicate opération que Madame de Brinon, supérieure de la maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr, écrivit ce cantique avec les paroles que voici :

« Grand Dieu sauve le Roi,

Longs jours à notre Roi,

Vive le Roi,

À lui la victoire,

Bonheur et gloire,

Qu’il ait un règne heureux et l’appui des cieux !... »

Et ce fut le très admirable Jean-Baptiste Lully, surintendant de la musique à la Cour qui mit les paroles en musique. Louis XIV aima ce cantique que les demoiselles de Saint-Cyr lui chantèrent lors de chacune de ses visites.

Mais il ne s’agissait pas d’un hymne national et il aurait peut-être été oublié si, vingt-huit ans après sa création, Georg-Friedrich Haendel, compositeur de la Cour d’Angleterre, en visite à Versailles, n’avait pas été enthousiasmé par cette œuvre.

Il la présenta alors à son roi Georges II sous le titre « God save the King ! » et le cantique fut adopté en 1745 comme hymne officiel du Royaume. Rappelons que ce monarque, roi de Grande-Bretagne, était aussi duc de Brunschwick-Lunebourg (Hanovre) et prince électeur du Saint Empire romain germanique.

Pour ce qui est du nouveau roi, Charles III, il se trouve qu’étant en Angleterre pour un séjour universitaire d’été en 1969, j’avais alors acheté une chope illustrée par le château de Carnavon Castle « to commemorate the Investiture of H. R. H. Charles, prince of Wales ».

J’ai conservé cette chope, datée du 1° juillet 1969, sous mon regard dans un rayonnage de ma bibliothèque. Je pense que semblable chope sera abondamment vendue désormais pour commémorer le sacre de celui qui est devenu Charles III.
Mais, pour tout dire, je n’éprouve pas a priori pour ce nouveau monarque l’admiration que j’ai souvent eu pour sa mère, et notamment à la lecture des pages que Winston Churchill a consacrées à la future jeune reine dont il dirigea les premiers pas dans le métier, dans ses « Mémoires sur la seconde guerre mondiale ».

Ce n’est pas ici, mais sans doute dans Reconquête, que je développerai en quoi, malgré toutes mes réserves de Français sur différents aspects de la politique anglaise, je n’en ai pas moins pensé à certains égards combien la monarchie britannique, institutionnellement, m’est souvent apparue supérieure à notre République.

Certes, comme on peut le lire sous la plupart des plumes qui l’évoquent, Élizabeth II n’exerça pas directement le pouvoir, seulement un pouvoir d’influence.

Mais l’histoire, déjà, fait apparaître que cette influence ne fut ni négative ni si minime, ni si effacée.

Ainsi, à l’occasion des 31 ans de la troisième indépendance de l’Ukraine, Élizabeth II n’hésita pas à faire publier sur le compte tweeter officiel de l’Ambassade du Royaume-Uni à Kiev les messages que voici :

“Sa Majesté la Reine félicite les Ukrainiens ». Dans son message à Volodymyr Zelensky, elle a dit: « Je suis très heureuse dadresser à Votre Excellence et au peuple ukrainien mes salutations les plus cordiales à l’occasion de la célébration de votre Jour de l’Indépendance ».

Et encore, avec sa propre signature : “En cette année des plus difficiles, j’espère qu’aujourd’hui sera l’occasion pour le peuple ukrainien, en Ukraine et dans le monde entier, de célébrer sa culture, son histoire et son identité. Puissions-nous nous tourner vers des temps meilleurs à l’avenir. Elizabeth R.”

Et rappelons que, dès le mois de mars 2022, elle avait concrètement manifesté son soutien aux réfugiés ukrainiens par un don personnel que l’on sait avoir été très généreux. Ce que salue Chrétienté-Solidarité.

 

L’Ukraine face à Poutine

C’est donc le titre, tout simplement, de mon petit livre sur l’invasion poutinienne de ce pays depuis plus de six mois maintenant.

Ceux qui le liront ou qui ont déjà lu mes articles dans Reconquête ou sur ce blog me concèderont que j’ai jusqu’ici préféré parler d’invasion « poutinienne » plutôt que d’invasion russe.

Si j’ai été jadis antisoviétique je n’ai jamais été antirusse, militant au contraire pendant des dizaines d’années avec mes amis russes (notamment du NTS) pour la libération de leur pays.

Jadis, jusqu’à la chute de l’URSS, il n’était pas en effet idoine de confondre les Russes et les soviétiques. Hélas, le misérable Poutine a vraiment tout fait pour que les Ukrainiens soient désormais nombreux à faire longtemps cette confusion. Pour qu’il en soit ainsi le moins possible, il faut rappeler qu’en grand nombre ne cessent de se manifester, souvent au péril de leur vie et malgré de multiples assassinats, perpétrés par le FSB, continuateur de la Tchéka et du KGB, des héros russes de la liberté.

Or voici qu’aujourd’hui nous apprenons qu’après les défaites et replis de l’armée poutinienne, un grand nombre d’élus russes de Moscou ou de Saint-Pétersbourg ont le courage de demander la démission de Poutine.

Pour ma part, si partisan que je fusse de la liberté et de la souveraineté de l’Ukraine, j’avoue n’avoir guère cru à une possible victoire ukrainienne, tant me paraissait immense la disproportion entre les territoires, les ressources, le nombre des habitants et les forces armées des deux pays.

J’ai certes acheté (4.50 €) le remarquable tout petit livre (éditions Seuil) du suisse André Markowicz : « Et si l’Ukraine libérait la Russie ? ». Mais je ne considérais cette hypothèse que comme très hautement improbable, compte tenu de la force de la dictature poutinienne bâtie sur le carcan du FSB et la puissance, pensait-on, de l’armée qu’on disait la deuxième du monde.

Certes, Poutine dispose encore de tous les atouts de son alliance avec la Chine communiste et l’Iran, et aussi désormais avec la Corée du Nord, mais on peut se demander, une fois encore, comme lors de sa défaite en Afghanistan, si l’immense Russie aujourd’hui néo-totalitaire n’est pas un colosse aux pieds d’argile.

Et puis Poutine n’a-t-il pas commis l’hétérotélique tour de force d’avoir réveillé l’OTAN comme outil de résistance de la Pologne, des Pays Baltes et autres nations de l’Europe de l’Est qui se souviennent de ce que fut l’oppression de l’URSS que regrette tant le camarade Poutine.