lundi 14 mars 2022

Plus que jamais, lire Dostoïevski, écouter Stravinsky…

Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, n’a jamais été intellectuellement un aigle. Je l’ai, pendant des années, côtoyé au Conseil régional de Midi-Pyrénées : idéologiquement incolore, culturellement inodore, et sans (aucune) saveur dans ses besogneux discours d’une parfaite platitude et conformité.

Du moins, pouvait-on espérer qu’il n’était pas un imbécile au point d’être de ceux qui croient « sanctionner » le misérable envahisseur sanguinaire de l’Ukraine en frappant la grande culture russe, tels ces analphabètes du gouvernement du Koweït qui ont décidé d’interdire… Dostoïevski !

Eh bien non, Moudenc s’est abaissé au niveau culturel (pardonnable pour eux) de ces pauvres koweïtis en sommant de « clarifier sa position » (sic !) l’admirable Tugan Sokhiev, le chef de l’orchestre du Capitole et de celui du Bolchoï ! Ce dernier a exprimé une colère bien compréhensible face à la « culture de l’annulation » avec cet ukase moudinesque d’une bêtise « à faire hurler les constellations » comme aurait dit Léon Bloy.

Comme si le meilleur service à rendre à ce dangereux paranoïaque de Poutine n’était pas de s’en prendre à la culture russe ! Ce, au moment où il réprime avec toute la férocité de ses polices, ces milliers d’héroïques Russes qui manifestent contre la guerre, issus notamment du monde culturel ; et alors que, déjà, d’autres milliers ont fui un régime qui encense la mémoire de Staline, le plus grand criminel de l’histoire de la Russie.

J’ai donc passé hier une grande partie de ma soirée à ruminer devant les rayons de ma bibliothèque littéraire où sont rangés les livres de Dostoïevski, de Tolstoï, de Tourgueniev et de Gogol… Et aussi, devant les rayons où sont ceux des grands dissidents de l’enfer soviétique : Soljenitsyne bien sûr, mais aussi Kravchenko, Boukovsky et Evguenia Guinzbourg (« Le ciel de la Kolyma ») et encore Andrey Sakharov (le fondateur de « Mémorial », la mémoire du goulag, démantelé par Poutine). Et voilà que je retrouve « Ombres sur le Kremlin » de Michel Slavinsky, l’ouvrage de présentation de notre cher N.T.S. solidariste (en traduction du russe : Union Populaire du Travail) des années 1968-1980 durant lesquelles on apprenait aux jeunes militants à ne surtout pas confondre l’URSS et la Russie. Et aujourd’hui, de même, nous voyons bien que Poutine massacre l’Ukraine et simultanément assassine la Russie !

J’écoutais hier l’académicienne si bellement russophile, Hélène Carrère d’Encausse, développant que « Poutine n’a rien compris à ce qu’est devenu l’Ukraine ». J’ajouterai, pour ma part, qu’hélas beaucoup n’ont pas compris ce qu’est devenu Poutine !