jeudi 3 juin 2021

La Chine rouge à la conquête du monde – Du choc des mondialismes

Dans mon survol quotidien de la presse, je me suis arrêté hier pour lire la pleine page du Figaro titrée : « La propagande chinoise à l’assaut du monde ». Sébastien Falletti y brosse avec clarté la stratégie médiatique élaborée avec d’immenses moyens sous la houlette du néo-empereur Xi pour rallier à la Chine rouge les nations en développement de l’Afrique à l’Amérique latine en passant par l’Asie. Ceci rejoint la vive et inquiète attention que nous portons à cet immense État-Empire d’une effrayante perfection totalitaire surgi de la longue et sanglante domination maoïste.

Rappelons que nous avons pour notre part titré le numéro de Reconquête du mois de mars : « Chine rouge : son emprise sur le monde ». Car, ce n’est pas seulement sur ce que l’on appelait naguère le tiers-monde que ce qui fut jadis l’empire du milieu développe ses tactiques de séduction.

Bien sûr, inéluctablement viendra le moment où l’expansionnisme rouge de la puissance jaune se heurtera à l’islamisme vert. Mais ce ne sera pas pour tout de suite. D’ailleurs, pour l’heure, le néo-sultan Erdogan qui voit tout l’intérêt des nouvelles routes de la soie, ne s’avise pas de se préoccuper du sort de ses coreligionnaires Ouïghours, minorité dérisoire à l’échelle de la Chine mais dans laquelle Xi voit un abcès musulman, sans inquiétude mais néanmoins à circonscrire sinon à éradiquer.

Aussi, la stratégie sino-communiste ne se détourne-t-elle pas du tout non plus de l’Occident qui constitue toujours l’entité majeure de son expansion commerciale.

Ces observations nous amènent à réitérer quelques considérations non-conformistes sur les questions du mondialisme et de la mondialisation. La mondialisation actuelle des échanges n’est pas en soi une abomination. Elle est la réalisation d’une immémoriale pulsion des peuples à aller vendre et acheter très loin de chez eux. Comme les Phéniciens, comme les Grecs, comme les Varègues, comme les caravaniers de toutes époques, comme nos grands découvreurs espagnols et portugais.

À la mondialisation de l’Antiquité, l’Empire romain ajouta son projet et son ordonnancement à vocation mondialiste de civilisation commune sur toutes les terres alors connues des Romains. Cela rencontre providentiellement l’universalisme de l’évangélisation catholique : « Allez et enseignez toutes les nations ».

Nous sommes confrontés aujourd’hui à une perversion idéologique de l’universalisme (toujours les « idées chrétiennes devenues folles » de Chesterton). Mais, s’il existe la réalité d’une fantastique mondialisation du fait des moyens de transport et de communication et si sont apparues depuis longtemps (bien après « L’utopie » de saint Thomas More, XVe-XVIe siècle) des utopies mondialistes et au premier chef le communisme ; et si aujourd’hui, assurément s’exerce d’aussi formidables qu’insupportables appétits idéologico-affairistes mondialistes, je ne crois pas du tout à l’inéluctabilité de l’avènement consensuel d’un pouvoir mondialiste unique, concocté par je ne sais pas trop quel complot planétaire façon élucubrations de Léo Taxil.

Je crois beaucoup plus à la thèse de Samuel Huntington qu’exprime le titre de son livre majeur : « Le choc des civilisations ». Il me semble donc beaucoup plus conforme à la réalité d’observer plutôt qu’un unique mondialisme, plusieurs stratégies mondialistes, non sans visées réciproques de manipulations. Je crois, certes, plutôt qu’à une proche unification planétaire à l’antagonisme durable de l’exécrable mondialisme chinois et de celui non moins exécrable du conglomérat américano-européen et des GAFAM.

Mais, la différence majeure entre les deux est qu’il y a encore dans les pays d’Europe et aux États-Unis des forces sociales et politiques de défense de la foi et des libertés. Rien de tel, hélas, dans la Chine rouge où ont été écrasées les dernières velléités d’autonomie des habitants de Hong Kong.

Il reste à attendre de voir si Xi Jinping lancera son armée dans la conquête de Taïwan, morceau autrement difficile à avaler, militairement et politiquement que Hong Kong. Certains peuvent penser qu’il n’est pas possible de risquer une grande guerre pour un si petit territoire. C’est exactement ce que pensaient les partisans de l’accord de Munich en 1939.