« On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure » Georges Bernanos (« la France contre les robots »).
Un sommet orwellien a été atteint dimanche dernier par le ministre de l’intérieur du gouvernement Macron-Castex. Ordre avait été en effet donné de faire interdire toute espèce de prières lors de manifestations éventuellement autorisées pour la liberté du culte catholique. Assurément une nouvelle brigade a été créée à cette fin. Non pas de « police de la pensée », (celle-là existe déjà depuis la loi Rocard-Gayssot si bien dénoncée le 3 avril 1990 dans le Figaro par l’admirable journaliste Annie Kriegel, ancienne stalinienne repentie) mais de « police de la prière ».
Extraordinaire et terrible menace en effet contre la République de Big-Brother que celle de la personne humaine immobile, dans un silence provocateur, constituant pour « nos gouvernants » un bien pire trouble à l’ordre public que tous les bruits et toutes les fureurs des dizaines d’émeutes quotidiennes. Un silence assurément interprétable comme celui d’une intolérable prière intérieure.
A Strasbourg notamment il apparut que la personne de haut rang policier, en charge de l’autorité publique sur les lieux de la manifestation avait été formée selon les nouvelles instructions darmanesques: « observer, scruter, percevoir le grave délit de prière intérieure, sommer de la cesser, et si persistance, embarquer. Pièce à conviction à saisir: le chapelet catholique, redoutable arme par destination, antirépublicaine. »
Mais cette personne fut à l’évidence après un moment de courroux républicain, comme frappée de sidération.
On imagine avec quelle sainte colère un Charles Péguy, un Bernanos, un père Bruckberger auraient commenté la directive macro-darmanesque. Mais sans doute auraient-ils exprimé aussi une vigoureuse insurrection spirituelle et morale devant la plate acceptation d’un tel haineux comportement gouvernemental par une hiérarchie épiscopale dans une affligeante continuité de plate soumission si ce n’est de lâche collaboration.
Selon les médias, pendant les mois du premier confinement, les rentrées du « denier du culte » auraient été diminuées de 30%. Quel va être le chiffre du deuxième ? D’après ce que l’on nous rapporte, ce ne serait qu’un début de désaffection. Beaucoup de fidèles semblent en effet être de plus en plus décidés à ne plus verser ce denier du culte aux diocèses de la tiédeur collaborationniste et à en transférer le don au profit de l’une des multiples œuvres courageuses dans la diversité du catholicisme de conviction. On ne saurait leur donner tort.