lundi 16 novembre 2020

« Hold Up » : comment le gouvernement par la peur virale aura généré une peur virale du gouvernement

Par Michel Léon

Cible d’un tir de barrage d’une violence exceptionnelle de la part des médias du système et de la clique macroniste au pouvoir, le documentaire polémique « Hold Up » signe probablement un tournant capital dans le drame politico-sanitaire que vit la France. Unanimes, les télévisions, radios et journaux soumis à l’européo-mondialisme techno-marchand ont pilonné ce long métrage de plus de deux heures et demie afin de dissuader ces « gens qui ne sont rien » de le visionner. Résultat : cinq millions de vues en moins d’une semaine. Face à l’interdiction de sa projection dans les salles obscures, « Hold Up », dont la réalisation en moins de quatre mois a coûté 200.000 euros financés par dons, a été mis en ligne avec accès gratuit. De samedi 14 novembre à la mi-journée au dimanche 15 novembre au soir, le nombre de vues sur la seule plate-forme Youtube avait bondi de 460.000 à un million.

 

« Hold Up » a pour réalisateur Pierre Barnérias, un ancien journaliste de TF1 et Europe 1, radio macroniste s’il en est. Il est devenu « Berufsverbot » comme aux plus beaux temps des dictatures du XXe siècle. Il réunit des témoignages, analyses et points de vue d’une impressionnante série de personnes qualifiées, trente-sept au total : deux Prix Nobel, une ancienne directrice de recherches à l’Inserm, une députée, des avocats, des sociologues, un anthropologue de la santé, des médecins chefs de services, une sage-femme, une psychologue, un ancien ministre de la Santé… et bien d’autres.

 

Sur chacun des sujets abordés les témoignages, avis et analyses sont recueillis après exposé scrupuleux de documents, vidéos de déclarations publiques, statistiques officielles, textes authentiques. L’ensemble est présenté dans un contexte puissamment émotionnel, propre au média télévisuel.

 

Une plaidoirie exclusivement à charge, mais qui répond à un discours dominant à tendance totalitaire

 

La première caractéristique de cet énorme travail est de constituer une plaidoirie à charge. Contre les gouvernements aux ordres de l’industrie pharmaceutique. Contre les injonctions contradictoires des ministres français, le pathétique Olivier Véran en tête. Contre la sphère globaliste droguée au numérique, aux vaccins et aux nanotechnologies… Probablement est-ce la principale faiblesse de l’exercice : le discours est à sens unique, hormis des avis divergents sur l’origine du coronavirus.

 

Mais on peut aussi interpréter « Hold Up » comme une réplique indispensable au discours unanime, systématique, homogène, répétitif, panurgique, borné et à pulsion totalitaire des organes de communication dominants depuis désormais presque un an qui justifient la mise à mort de l’économie occidentale au prétexte d’une grippe de force moyenne. Face à des médias aux ordres, à des journalistes massivement habités par des réflexes conditionnés depuis leur formatage en école de journalisme, gavés par une Agence France-Presse opportunément qualifiée d’organe de propagande menée par un affidé de Macron, il fallait une réplique. Sur le principe, elle est bienvenue.

 

Il y a de quoi ulcérer le pouvoir en place. Coralie Dubost, députée macroniste et confinementiste de l’Hérault, dénonçait sur-le-champ, tremblement d’indignation sous la plume, un « documentaire délirant à gros budget qui excite la complosphère (… ) et tourne autour du fantasme de l'instrumentalisation du coronavirus par les élites mondialistes ». Ces éléments de langage ont été repris presque exactement mot pour mot par plusieurs autres apparatchiks de la macronie, parmi lesquels la grande maîtresse de toutes les censures Laetitia Avia, ou encore un certain Tristan Mendès-France, obscur maître de conférences d’une vague université parisienne, spécialiste du numérique et ex-attaché parlementaire d’un député socialiste. Ce dernier se distingue en prétendant de façon pavlovienne qu’il s’agit d’un fantasme « d’extrême droite »… alors que les auteurs sont notoirement de gauche. A l’évidence, « Hold Up » a fait mouche.

 

La première partie traite de la gestion-panique d’une épidémie pourtant étrangement anticipée

 

Fantasme ? L’une des premières phrases du documentaire est prononcée par le Prix Nobel de Chimie Michael Levitt : « Je pense que vous pouvez pardonner un confinement. Deux, c’est beaucoup plus difficile ». C’est l’amorce de la première des deux grandes parties du film, celle qui traite de la gestion-panique d’une épidémie, pourtant étrangement anticipée – c’est attesté – par des cénacles qui voient dans ce genre de drame une colossale opportunité de marché.

 

La gestion française est marquée par des injonctions contradictoires permanentes qui, toutes, débouchent sur des restrictions historiques et probablement irrémédiables de libertés, à commencer par celle d’aller et de venir.

 

Le degré de gravité de l’épidémie est traité en détails, avec analyse des manipulations statistiques qui voient l’information passer du nombre de décès aux nombres de simples contaminés au gré des besoins du formatage de l’opinion. Les médecins Christian Perronne, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de Garches, et Laurent Toubiana, épidémiologiste, démontent l’organisation pseudo-scientifique de la panique. La députée membre de la commission des Affaires sociales Marine Wonner, exclue du parti macroniste pour impardonnable dissidence lors du vote sur le plan de déconfinement, insiste sur le passage en catimini, dès mi-décembre 2019, d’un arsenal législatif qui allait permettre au régime d’assigner la population d’un pays entier à résidence, trait inouï d’un totalitarisme qui n’a plus rien de « mou ». Autre « politique », Philippe Douste-Blazy éreinte le régime macroniste sur la question de l’hydroxychloroquine.

 

Revirements sur le port des masques, gestion occulte et autoritaire de l’arsenal répressif sans recours à l’article 16 de la constitution qui encadre l’action de l’exécutif, scandale historique de l’interdiction française de l’hydroxychloroquine avec cette la scandaleuse pseudo-étude publiée par le Lancet, ravageuse pour toute la science et la médecine en particulier, manipulation indirecte des statistiques par incitation financière des acteurs médicaux à multiplier les déclarations de coronavirus, assignation à résidence de la population en bonne santé au prix d’un effondrement économique, bâillonnement de toutes et tous au risque d’affections dues à des masques qui ne protègent pas leurs porteurs : le bilan est accablant, révoltant même. Il est difficilement contestable, même si une contradiction portée par des avocats du système eût paradoxalement renforcé le réquisitoire. Notons que, probablement soumis à quelques « amicales pressions », Philippe Douste-Blazy s’est tardivement – quoique mollement - désolidarisé du film « s’il y a le moindre caractère complotiste ».

 

La seconde partie passe de la plaidoirie à des conjectures sur un plan de contrôle total

 

L’autre partie du documentaire passe de la plaidoirie s’appuyant sur des constats, à une anticipation s’appuyant sur des conjectures. L’exercice est évidemment beaucoup plus risqué, même s’il est profondément troublant pour le spectateur.

 

« Hold Up » assemble des « briques » disparates pour tracer une ligne d’interprétation métahistorique : le coronavirus serait le levier sur lequel s’appuierait  une oligarchie technoscientifique 2.0 pour  « contraindre à une société de surveillance et de soumission », selon les terme d’un des coproducteurs de « Hold Up », Christophe Cossé, dans un entretien publié par le quotidien anarcho-bancaire Libération (on est loin du complot d’extrême droite pitoyablement dénoncé par le petit-fils de Pierre Mendès-France susmentionné).

 

Cette « idéologie sanitaire autoritaire » serait le moteur d’un basculement vers une tentative de contrôle total, préparé de longue date par des cerveaux tels ceux de l’éminence grise (et désormais sénile) Bernard Attali (mentor de Macron, c’est souligné), ou des vaccinateurs frénétiques Bill et Melinda Gates.

 

Le propos va jusqu’à conclure que la crise du coronavirus pourrait déboucher sur une vaccination de masse incluant l’injection de nanoparticules permettant de contrôler vaccination, parcours, santé et comportement des porteurs. Le brevet de ces nanoparticules injectables a été déposé par les Gates. Les métadonnées ainsi récoltées seraient gérées par un méga-système d’intelligence artificielle préprogrammée. « Hold Up » poursuit le raisonnement en liant ces données à la permission d’utiliser des crypto-monnaies qui remplaceraient les monnaies actuelles après interdiction des billets et des pièces. Bill Gates, les Rockefeller et les cénacles mondialistes seraient les grands ordonnateurs de ce projet totalitaire.

 

« Hold Up » passe donc du réquisitoire à la prospective. Le rappel de l’intervention glaçante du médecin multi-casquettes délirant Laurent Alexandre devant des étudiants d’une grande école, les qualifiants de « dieux » en opposition aux « inutiles », précède une longue séquence sur la réaction bouleversée d’une sage-femme au bord des larmes, s’indignant de ces propos dignes des nazis. Le pathos est complet.

 

L’absence d’analyses critiques sur une série de facteurs déterminants est la principale faiblesse de « Hold Up »

 

Sur cette dernière partie, la faiblesse de la démarche de « Hold Up » saute aux yeux. Non que les projets déments de gestion totalitaire et informatisée des comportements concoctés par une élite paranoïaque relèvent du seul fantasme. Ils sont déjà concrétisés pour partie, avec le formatage des personnes que permet la gestion des métadonnées issues de leurs actions sur internet, avec la volonté de contrôle des budgets par la monnaie électronique, ou encore avec le déploiement précipité de la 5G.

 

Mais l’absence d’analyse critique sur une série de facteurs déterminants est la principale faiblesse de l’exercice. Pour être crédible, une telle prospective eût dû intégrer les facteurs d’incertitude que constituent les grandes dialectiques économiques, les enjeux de pouvoirs, les failles du numérique, les faiblesses structurelles de la pensée positiviste, l’autonomie, même résiduelle, des peuples, les limites énergétiques bientôt atteintes par l’explosion des transmissions, l’épée de Damoclès que constitue la gigantesque bulle monétaire… Cette absence de débat affaiblit la démonstration, excluant une pensée complexe au bénéfice de l’émotion et de l’irrationnel.

 

Il en va de même pour l’utilisation du concept infiniment trop abstrait de « capitalisme », typique d’un réductionnisme intellectuel propre à la gauche. Ou par l’interprétation univoque du projet de « Great Reset », prôné par l’ONU et les cercles globalistes pour faire basculer le modèle industriel vers un mode supposément plus « soutenable » mais déjà truffé d’insurmontables contradictions, et relancer une croissance agonisante.

 

Ce documentaire et son succès foudroyant constituent un symptôme, un fait social

 

Reste une certitude. Quoiqu’on en pense, ce documentaire et son succès foudroyant constituent un symptôme, un fait social que les castes au pouvoir en Occident et singulièrement dans la France jacobine, feraient bien de méditer. Sa virulence, sa longueur, sa dramatisation, l’homogénéité de son propos, ses projections anxiogènes ne forment que l’image symétrique de la gestion et de l’instrumentalisation dévastatrices d’un phénomène sanitaire relativement banal par l’oligarchie et par le titanesque lobby médico-pharmaceutique dont la corruption n’est plus à démontrer.

 

Ce psychodrame s’opère sur fond de déroute philosophique et spirituelle. Giorgio Agamben l’a superbement décrit dans un texte publié sur lundi.am le 9 novembre, intitulé « Quand la maison brûle » : « Mais comment témoigner d’un monde qui part en ruines avec les yeux bandés et le visage couvert, d’une république qui s’écroule sans lucidité ni fierté, dans l’abjection et la peur ? La cécité est d’autant plus désespérée, parce que les naufragés prétendent gouverner leur propre naufrage, jurent que tout peut être tenu techniquement sous contrôle, qu’il n’est besoin ni d’un nouveau dieu ni d’un nouveau ciel – seulement d’interdits, d’experts et de médecins. Panique et forfanterie. (…) Une culture qui sent venir sa fin, désormais sans vie, cherche à gouverner comme elle peut sa ruine à travers un état d’exception permanent. » *

 

A la dérive paranoïaque d’élites décadentes enfermées dans leur matérialisme mortifère, « Hold Up » oppose une réponse-panique d’observateurs affolés, désormais suivis par des populations dont la révolte – ou da désintégration - ne saurait tarder. Ce n’est peut-être pas la bonne réponse mais c’est un fait.

 

La macronie corrompue devrait s’interroger : si conspirationnisme il y a, qui d’autre qu’elle a suscité ce conspirationnisme ? C’est le gouvernement par la peur virale qui a généré la peur virale du gouvernement.

 

(*) https://lundi.am/Quand-la-maison-brule