mardi 10 novembre 2020

Lettre à l’illustrissime et delphinal docteur en médecine neurologique et Ministre de la Santé de la république, Olivier Véran

 

 

Très honorable Ministre,

 

 Souffrez un instant que mon humble, mortelle et profane personne Vous adresse ses plus sincères et profonds remerciements. Face au virus du rhume asiate, les claquemurages virils et sans faiblesse auxquels vous avez contraint les volages populations de la république dont vous êtes l’un des plus éminents grands prêtres et l’initié aux plus élevés des cénacles, resteront sans doute comme  les plus audacieuses décisions auxquelles vous-mêmes et le Président dont vous êtes le zélé serviteur vous serez courageusement résolus.

 De fait, leurs conséquences prouvent, s’il en était besoin, qu’elles s’imposaient : la France a de nouveau évité 400.000 décès, selon votre grand Maître, voire un tragique bilan final probablement supérieur au chiffre de sa population. Nous concevons ainsi, très honorable Ministre, combien le cerveau d’un neurologue confirmé par la Faculté française et baigné des lumières des Sciences politiques, parvient à comprendre, pénétrer, englober et interpréter à leur bienfaisant avantage les encéphales retardataires du commun des populations dont il a la lourde charge. Ce cerveau, c’est le Vôtre.

 Nous ne saurons que nous féliciter pour les innombrables mesures préventives par lesquelles votre non moins éminent confrère des  Finances de la république a compensé les débours innombrables de ces claquemurages – quoique inévitables, cela va de soi –, en distribuant une centaine de milliards d’euros, voire bientôt plus encore puisque ces enfermements doivent devenir la nouvelle façon de régenter nos déplorables instincts. Ces sommes considérables n’auraient d’évidence servi à rien, quoiqu’en insinuent quelques mauvaises langues, dans les recherches et les traitements contre les cancers qui chaque jour de l’année font trépasser quelque 420 Français, soit environ 150.000 chaque douze mois, puisque l’on sait qu’il s’agit là d’une inconfinable fatalité.

 Votre virile mansuétude, très honorable Ministre, acceptera nonobstant, je l’en implore, quelques suppliques que l’imparfait cerveau de votre serviteur va prendre la liberté de lui adresser.

 Le coronavirus asiate n’est point, loin s’en faut - et votre encéphalique et diplômée pensée en est évidemment informée - le seul danger auquel les populations dont vous avez la charge, attardées et inconscientes des périls,  sont exposées.

 Chaque année, la grippe saisonnière occit plusieurs dizaines de milliers de citoyens de la république que vous guidez de vos lumières, souvent autant que l’asiate coronavirus en a fait trépasser cette année. Ces épidémies récurrentes et létales surviennent de janvier à mars. Ainsi vous suggéré-je de confiner chaque année les populations ces trois mois durant, sans faiblesse ni exception. Leur destin sanitaire en sera sans nul doute conforté.

 Le soleil, éminent ministre, de juin à septembre cause chaque année des dizaines de milliers de mélanomes, qui ont au demeurant suscité de la part de vos confrères dermatologues une annuelle et louable journée d’inspection gratuite. Durant ces mois tragiques, un enfermement tous volets fermés des inconscients citoyens de votre république éviterait, n’en doutons point, des milliers de coûteuses ablations et des centaines d’accablants et douloureux trépas dermatologiques.

 Votre excellence daignera-t-elle accepter quelque ultime concours ? Nous le savons tous, la circulation automobile  cause chaque année plus de trois mille cinq cents décès, soit une dizaine chaque jour que crée le GADLU,  et des milliers d’estropiés à vie. Nul doute qu’un tel désastre, qui dure depuis près d’un siècle, serait conjuré grâce à l’extension d’un strict confinement piétonnier aux saisons de travail et de migrations vacancières durant lesquelles les populations, dont vous détenez l’éminente vocation d’assurer la plus humaniste et paternelle des protections, demeurent aujourd’hui libres de se livrer à leurs périlleux déplacements.

 Maintes autres menaces entament la paisible survie de nos insensés contemporains. Je n’en ai jusqu’ici évoqué qu’une infime poignée. Avant que la Science, dont vous êtes puissamment nourri et l’un des plus illustre et zélés serviteurs, ne résolve la douloureuse question de la mort, mon ultime et modeste suggestion sera la suivante, et je ne doute pas que vous la recevrez comme l’hommage de l’ignorant à l’Eclairé. Votre excellence pourrait convertir l’interruption volontaire de grossesse (l’IVG), qui déjà évite en ce pays à près du quart des enfants à naître de devoir subir l’ignominie d’un monde bardé de souffrances et d’inégalités, en interruption prophylactique de grossesse (l’IPG). Cette IPG, rendue universelle, Eminence, mettrait enfin un terme aux tourments d’une humanité tragiquement livrée à l’inconséquence criminelle d’un démiurge malfaisant dont vous-mêmes et vos lumineux acolytes n’avez point encore totalement rectifié les effrayantes erreurs.

 Mais nous savons que vous-mêmes, qui êtes désormais placé à la tête des hautes cohortes des savants créateurs, allez bientôt illuminer ce monde obscur de votre infinie bienveillance. Nous espérons le salut médical de votre haute régence, vous qui avez étudié « la Confusion d’origine épileptique au sein d’une population âgée » afin de brillamment obtenir votre doctoral et médical diplôme. Nous plaçons en Vous notre infinie confiance, qui avez été décoré d’une éblouissante « maîtrise en gestion et politique de santé » à l’Institut d’études politiques de Paris, ouvrant ainsi la voie au sacrifice ministériel de votre personne, laquelle dut abandonner la mort dans l’âme, mais pour le bien du plus grand nombre, quelques malheureux patients que vous eussiez pu sauver d’un infernal destin. Nous nourrissons l’espoir, grâce à votre illustre raison et sous votre bienveillante férule, que la vaccination universelle contre les crimes d’une épouvantable et malfaisante déité surviendra bientôt, ouvrant la voie à la félicité éternelle et républicaine.

 Eclairé par cette mondaine espérance, ma négligeable personne prie humblement votre haute bienveillance d’accepter, Très illustre Médecin Neurologue et honorable Ministre, les respectueuses et admiratives salutations de votre très dévoué et obéissant serviteur,

 Alceste Bigaradier