Sauf notables et rares exceptions, je ne connais pas de profession plus conformiste, plus formatée, plus conditionnée, plus mimétique que celle des journalistes qui nous caquètent d’une chaîne à l’autre, privée ou publique, les mêmes obligatoires considérations.
Tous s’accordent, du matin au soir, pour évoquer semblablement, répétitivement la nocivité de ce qu’ils nomment « la théorie du Complot » et affirmer qu’il faut citoyennement la combattre, en traquer les adeptes.
Ainsi, ce matin, une énième fois, est à l’ordre du jour, la vraiment très très inquiétante adhésion à la théorie du complot de partisans du Rassemblement National.
Cela est en effet angoissant. La République serait donc alors vraiment en danger !
On le sait, militant de la droite de conviction, je ne suis pas, tant s’en faut, un adepte de tout le corpus d’idées et de positions de Marine Le Pen. Disons ici, pour faire bref, qu’en dehors de leur bon anti-immigrationnisme et de leur affirmation souverainiste, je les trouve bien conformistes aussi et surtout tristement éloignés d’une authentique volonté d’écologie humaine. Mais puisque ce parti serait entaché par une grande perméabilité à la dangereuse « théorie du complot », j’aimerais tout de même que l’un de ceux qui la dénoncent explique enfin ce que l’on entend par là ?
Pour ma part, je sais que l’histoire est riche d’une innombrable multitude de complots. Ces complots seraient-ils les mille facettes « du Complot » ? Quelle en est alors la théorie interprétative ? Et voilà que surgit dans ma pauvre mémoire un foisonnement de complots.
Et d’abord ceux dont est riche la Bible et qui ont souvent nourri les tragédies de Shakespeare et de Racine. Celui de Mardochée et de la belle Esther, celle-ci séduisant Assuérus pour lui faire éliminer l’antisémite Aman et tous les siens ; celui de l’héroïque Judith, au charme rayonnant, fine mouche endormant la méfiance de l’abominable général assyrien Holopherne.
-Voici venir aussi les meurtrières Athalie et Jézabel.
Et le complot des complots : celui du Sanhédrin achetant l’apôtre Judas Iscariote pour qu’il leur livre Jésus.
-Voici maintenant l’incomparable Cléopâtre dans ses œuvres d’élimination et de séduction.
-Voici Catalina et sa conjuration dénoncée par Cicéron ; et voilà Marcus Junius Brutus à la tête de la conspiration aboutissant à l’assassinat de Jules César.
Sautons les siècles : évoquons au moins le Complot des poudres de 1605, éventé mais remarquablement manigancé par des nobles catholiques pour faire sauter avec 36 barils de poudre le Parlement de Westminster, avec dedans le roi Jacques I° et les parlementaires.
On n’en finirait pas d’évoquer les complots des guerres de religion.
Alors, sans attendre, évoquons en vrac ceux des Illuminés de Bavière et ceux de la Loge des neuf sœurs, et tous ceux des girondins et tous ceux des jacobins ; et la « conspiration des égaux » de Gracchus Babeuf, et celui du chouan Cadoudal organisant l’attentat de la rue Saint Nicaise contre Bonaparte ; et tous ceux des Carbonari et autres sociétés secrètes anarcho-terroristes, et des adeptes du « Catéchisme du révolutionnaire » de Bakounine.
Il faudrait ne pas oublier les complots des Oustachis croates et ceux de la Main noire serbe, et aussi d’une autre Main noire, l’andalouse ; ni le complot tramé par le prince Ioussoupov pour liquider Raspoutine.
Viennent alors les complots bolcheviques tramés par Lénine et Parvus (voir Soljenitsyne) et par Trotski aboutissant à la révolution d’octobre.
À la suite de quoi, tous les complots de Staline mais surtout la traque de tous les complots inventés pour nourrir les procès de Moscou et notamment, après la seconde guerre, la fameuse répression antisémite du mirobolant « complot des blouses blanches ».
Chez nous, en France, pour ce qui est du célèbre complot dit de « la Cagoule », un des grands connaisseurs en fut un certain François Mitterrand. Tout bonnement parce qu’il en fut. Et il garda d’ailleurs, jusqu’au bout, ses amitiés avec les principaux protagonistes.
Terminons enfin cette courte rétrospective de complots bien réels avec celui qui aboutit au 13 mai 1958 ramenant le général De gaulle au pouvoir.
Alain de Sérigny, qui avait été le directeur de « l’Écho d’Alger », écrivit sur cela son livre « Les treize complots du 13 mai ».
Alors, un ou plusieurs, il n’est pas d’historien pour nier qu’il y eut complot.
Il y a eu ainsi dans l’histoire des milliers de complots réels qu’ont pu mener en effet des praticiens quelquefois aussi théoriciens des techniques et de l’art du complot comme Lénine.
Mais cette constatation ne rend pas adepte de « la théorie du Complot », ce qui, à bien lire, renvoie à l’idée d’une théorie unique, précise, (« la » théorie) d’un seul complot (« du » complot).
Aussi, ce que les medias attaquent sous l’imputation de « complotisme, ce n’est pas la participation à un complot mais l’adhésion à la théorie unique du complot unique, ou pour mieux dire encore, à la mythique théorie d’un mythique complot.
Or, s’il y a bien quelque chose qui semble bel et bien pouvoir relever d’un complot, sans qu’il soit unique, et sans que nous ayons accès à sa théorisation à la manière de Gramsci, c’est bien l’extraordinaire mimétique connivence de presque tous ceux de la nomenklatura médiatique dans la dénonciation des adeptes de « la théorie du complot ».
Alors surgit l’aveuglante réalité que ce sont eux les adeptes, les propagateurs, matin, midi et soir, de la théorie du complot !
Oui, finalement, les vrais complotistes ne sont-ils pas ceux qui vivent de la sempiternelle et obsessionnelle dénonciation du complotisme !
Oui, il y a plus dangereux que les complotistes, ce sont les vrais comploteurs !
Pour le reste, sur une crise « simultanément » sanitaire, politique, économique, psycho-pathologique, culturelle, telle que celle déclenchée par le coronavirus en même temps que celle propagée par le « corano-virus », comment ne se grefferaient pas des visées de conditionnement et de manipulation totalitaires de la masse des braves gens abrutis par tous les virus des désinformations étatiques ou des puissances financières supra-nationales ?
Et comment, dans ce contexte, n’apparaîtraient pas, outre de nécessaires observations, analyses et révélations de scandaleuses connivences et de perverses entreprises liberticides de domination mondialiste, quelques interprétations de la réalité par trop globalisantes et quelquefois un brin farfelues.
On ne saurait s’en inquiéter. Elles ne sont qu’une inéluctable conséquence réactive des cataractes de désinformation médiatique déversées chaque jour.
Le problème, c’est que l’apparition d’un vaccin spirituel et moral généralisé de déconditionnement et de libération anti-totalitaire ne semble pas être pour demain.
Alors, sans l’attendre, continuons le combat à la Lumière de Celui qui a dit : « la Vérité vous rendra libres ».