« La révolution ne s’est pas contentée de
faire tomber des têtes, depuis elles tournent » (Joseph de
Maistre)
« Ils ne
mouraient pas tous mais tous étaient frappés » (Les animaux
malades de la peste, Jean de La Fontaine)
Aux jeux
olympiques de la subtilité : Castaner et Martinez
- Pourquoi j’aime Castaner
Je
regarde ce jour, dans Le Figaro, la
photo datée du 23 avril de deux gendarmes en patrouille (sic) sur la plage
ensoleillée mais totalement vide de Palavas-les-Flots.
Les
esprits chagrins trouveront sans doute à redire à l’envoi de la gendarmerie là
où elle est apparemment strictement inutile. C’est qu’ils ne comprennent pas
que, si le ministre de l’Intérieur Castaner envoie la force publique déambuler
sur le sable, c’est qu’il a le plus grand souci de ce que les lits d’hôpitaux
ne soient pas encombrés. En effet, ses éminents conseillers sanitaires n’ont
pas manqué de lui rappeler que l’eau est encore froide au printemps et que des
baigneurs téméraires pourraient être victime d’hydrocution mortelle ou de
fluxion de poitrine nécessitant leur transport aux soins d’urgence.
Si
Sibeth N’Dyaye a communiqué qu’on pourrait peut-être « rouvrir » les
plages à partir du 2 juin, c’est que le bon Castaner, qui est de Marseille et
qui s’y connait, sait que l’eau sera alors plus tiède et que même s’il y aura
de nombreux baigneurs, il y aura moins de dangers de chocs thermiques. Et
surtout, le coronavirus, dit-on, n’aime pas la chaleur. Castaner, qui fait son
miel de toutes choses, a au moins retenu cela des propos du professeur Raoult.
Mais
les indécrottables esprits chagrins, pour tout dire pas très futés,
continueront de répéter qu’ils ne comprennent toujours pas pourquoi il faut
interdire des plages vides et tolérer l’accès de telle sorte qu’elles se
rempliront alors. Ils ne comprennent donc pas, ces demeurés, ces confinés, que
monsieur Castaner sait bien que « l’ennemi est invisible », comme l’a
déclaré son chef, monsieur Macron. Or, c’est précisément sur les plages vides
qu’on peut le mieux traquer les virus dits invisibles. Car, c’est justement là,
dans le miroitement de l’eau traversée de rayons du soleil, qu’on peut tout de
même en apercevoir des virus, fugitivement visibles, scintillants. C’est à ce
moment-là, bien sûr, que les gendarmes en état de légitime défense, peuvent en
tuer le plus.
Les
esprits chagrins, pauvres débiles, continueront d’ironiser sur le fait
d’annoncer des « réouvertures » de plages qui n’ont jamais été
fermées pendant des centaines de millénaires depuis le troisième jour de la
Création. Ils disent qu’une plage, ce n’est pas comme une porte qui doit être
ouverte ou fermée. Les Bordelais chagrins prennent l’exemple de la grande plage
de l’Atlantique qui, selon eux, va de l’embouchure de l’Adour à la sortie (ou à
l’entrée ?) du bassin d’Arcachon.
Voire,
voire, dit Castaner qui a en vu d’autres, mais ça peut se remplir ces
plages ! Et alors, qu’est-ce que vous faites quand ça contamine pire que
sur un marché de Wuhan ? Oui, croyez-moi, en ce temps de méchanceté
virale, on a bien de la chance d’être protégé par le bon ministre Castaner.
Lui, qui, pourtant, pourrait faire bien autre chose que de traquer ces bandes
de mauvais citoyens qui, les uns, commencent déjà à rouspéter (comme d’hab),
les autres, à ironiser parce qu’il nous a interdit d’aller plus loin sans
ausweiss que la ligne de démarcation à 100 kilomètres.
Pauvres
incultes, pauvres ignares qui ne savent pas que la science a formellement
établi que, pour le plus grand nombre, à partir du 101e kilomètre,
on rentre presque toujours en zone d’embuscade virale.
- Pourquoi j’aime Martinez ?
Encore
un, si dévoué au peuple en général et à la classe ouvrière en particulier, que
la presse bourgeoise attaque ignominieusement, c’est le grand syndicaliste Philippe
Martinez.
La
vérité, que je dévoile ici le premier, c’est que ce bon camarade, sous des
dehors un brin bourru (parce que moustachu), est en réalité un actif soutien de
Castaner dans le dévouement sanitaire et humanitaire. Cela doit demeurer
discret, mais s’il a fait fermer Renault à Sandouville, parfaitement approuvé
par de bons magistrats écolos, c’est pour aider Castaner. Car, comment mieux
faire respecter astucieusement la ligne de démarcation des 100 bornes, qu’en
supprimant les bagnoles ? Etant donné qu’il y aura plus que les
super-marathoniens pour l’atteindre et des vélocipédistes déjà un peu
entraînés. La marche, la pédale, tout ça, très bon pour tout le monde.
Et
les esprits chagrins de rouspéter en prétendant que ne plus fabriquer de
voitures, ça créera des chômeurs. Pauvres niais ! Comme si l’industrie du
vélo, ça n’allait pas en fournir des emplois ! Voyez donc l’exemple de la
Corée du Nord, quelle belle société écologique : tout le monde (ou
presque) marchant ou pédalant.
La
vérité, c’est qu’avec le virus, fruit de la providence, notre développement
social va accomplir un « saut qualitatif brusque », selon le concept
cher à Staline et à Mao, dans leurs enseignements éclairés de l’évolution
dialectique de l’histoire. Et chacun doit bien se douter qu’en la matière,
Martinez et plus discrètement Castaner, sont de grands penseurs.