mercredi 27 mai 2020

« Algérie mon amour »

Réflexions sur les jeunes gens du Hirak

J’ai regardé, non sans tristesse mêlée de colère, ce mardi 26 mai sur la « 5 » le documentaire « Algérie mon amour » poignant à bien des égards, réalisé sur les jeunes gens du Hirak par le journaliste algérien Mustapha Kessous.

Le Hirak est le mouvement de masse algérien, tant arabe que kabyle qui a, pendant des mois, drainé dans les rues de toutes les grandes villes d’Algérie des millions de jeunes des deux sexes, unis autour du slogan mobilisateur : « F.L.N. dehors ! »

Pourquoi de la tristesse ?

Tout simplement parce que ce beau travail de vérité c’était d’abord, sans que cela ait du tout été explicitement recherché par le réalisateur, bien au contraire même, un hommage à l’œuvre française en Algérie :

 - des militants du Hirak, s’exprimant à la perfection en français : Hania, algéroise, technicienne dans le cinéma ; Sonia, psychiatre à Tizi Ouzou la capitale de la Kabylie ; Athmane, avocat, défenseur de manifestants emprisonnés; Medhi et Anis, rêvant d’un autre avenir que celui de l’immense échec d’un pays naturellement riche voué à  tant de misères par l’incompétence des gens du pouvoir depuis « l’indépendance » de 1962, mafia de la nomenklatura militaro-policière que le départ de « Boutif » la momie qui toussait, n’a pas entièrement abattu.

« Voyez ce qu’il ont fait de notre Algérie » s’écrie un des deux.
La caméra vient en effet de se promener sur des immeubles beaux jadis construits avant 1962…

L’insupportable, c’est qu’à certains moments du documentaire, ces jeunes gens, nés bien après l’indépendance, évoquent, avec sincérité, l’affreux temps de la colonisation.

Comme si ce qu’ils désignent par « notre Algérie » n’avait pas été en grande partie réalisé du temps de la présence française. Et pas seulement pour le bien des colons.

Mais s’ils parlent notre langue, s’ils rêvent de venir vivre et travailler en France, ils ne savent pas grand-chose de l’histoire de leur pays, à moins peut-être qu’ils ne se risquent pas à laisser apparaître qu’ils en savent plus et mieux que ce qu’on leur a enseigné. Mais il est vrai aussi que c’est Mr Macron lui-même, en plein élan de désinformation-trahison qui a commis l’ignominie d’évoquer « le crime contre l’humanité  de la colonisation ».

Les jeunes gens du Hirak sont intelligents, courageux. Certains, n’en doutons pas, sauront remonter des effets aux causes, et conclure que ce Macron qui léchait les babouches de Boutif est un indigne représentant de la France.

Certains savent aussi qu’il y a quelques années, à Oran, nombre de leurs précurseurs, exaspérés, révoltés par la gabegie des dirigeants fellaghas avaient scandé « Algérie Française ».

Plusieurs dizaines avaient été arrêtées, condamnés à de lourdes peines, de détention. Quel a été leur sort ?

Par millions, les jeunes gens du Hirak accusent le FLN de leur avoir volé leurs rêves.

Nul doute que de plus en plus nombreux seront ceux qui savent ce qu’il en fut, avant l’indépendance, de ces voleurs de rêve.

Ils découvriront inéluctablement que beaucoup d’entre eux furent d’abord des voleurs de vies, et certains des tueurs impitoyables, des bourreaux sadiques de dizaines de milliers de chrétiens, juifs ou musulmans, ce que le désinformateur Macron n’a jamais osé rappeler.

Je songeais hier au soir en regardant ce documentaire que l’idéal d’une « Algérie Française » qui avait animé tant des nôtres, n’était pas d’une certaine manière aussi illusoire que nous ne le sommes dits ensuite.

Ô, bien sûr, l’avenir de l’Algérie n’aurait pu être que très différent de ce qu’elle était au vingtième siècle, dans son mode d’organisation, centralisé, jacobin. Sans doute un régime d’indépendance était-il souhaitable, inéluctable.

Mais l’idée d’une république fédérale d’Algérie, confédérée à la France, aurait-elle relevé de l’utopie ?

Bien sûr que non. Les jeunes de l’Hirak, imprégnés de mode français de vie, savent-ils qu’il fallut au FLN assassiner 400 000 musulmans amis de la France jusqu’à ce que la plus grande trahison de notre histoire lui donne enfin l’occasion de faire ce qu’il a hélas fait de l’Algérie.

Une autre solution que le grand crime contre l’humanité perpétré en 1962 aurait évité à nos compatriotes pieds-noirs le choix entre « la valise ou le cercueil » ! Elle aurait évité l’immigration de millions d’Algériens pouvant alors vivre et travailler au pays.

Mais quel dirigeant politique, saurait aujourd’hui mener une politique de rayonnement français en Algérie ?

Certainement pas certaine nostalgique passéiste de la politique du général de Gaulle !