jeudi 6 février 2020

Yad Vashem : quoique partiel, un heureux mea culpa !


Même si des amis polonais et aussi des amis juifs m’ont félicité et dit partager mon indignation, je n’aurais pas la prétention de croire que mes articles des 22 et 24 janvier sur ce blog (et mes propos du 29 sur Radio-Courtoisie) aient pu être déterminants.

Mais toujours est-il que la direction de Yad Vashem s’est tout de même avisée en début de cette semaine de regretter officiellement les propos de désinformation tenus par M. Poutine et Moshé Kantor à l’occasion de la commémoration des 75 ans de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau.

L’institut international pour la mémoire de la shoah s’est ainsi excusé d’avoir présenté des contenus qui « déformaient » des faits historiques. Le directeur de Yad Vashem, Dan Michmann, a reconnu des « inexactitudes » - c’est le moins qu’on puisse dire – une présentation « partielle qui a créé une impression de déséquilibre » dans la présentation du rôle de l’Union soviétique durant la seconde guerre mondiale. 

Et en effet : 

-          Occultation de sa responsabilité partagée avec son alliée l’Allemagne nazie dans le déclenchement de la guerre.

-          Occultation du dépeçage par Hitler et Staline de la Pologne, occultation des crimes contre l’humanité (Katyn, etc…) perpétrés sous la houlette de Staline. Rien non plus sur l’Ukraine et sur les pays baltes.

En réalité, la récupération stalinolâtre de la commémoration a été le fait de deux hommes : Vladimir Poutine et son grand ami le milliardaire Moshé Kantor. 

Poutine marqua l’événement en inaugurant à Jérusalem un mémorial des victimes du siège de Léningrad par l’armée allemande, en profitant pour faire un vibrant éloge de l’armée rouge et ce, dans la plus absolue occultation de la connivence hitléro-stalinienne qui avait précédé la guerre des deux totalitarismes. 

C’est Kantor qui avait été en charge de la conception de la commémoration.

Kantor est en effet simultanément un des plus riches et puissants oligarques russes, mais aussi un ancien communiste pas du tout repenti, intime notamment de l’ancien président de la république polonaise Aleksander Kwasniewski, lui aussi ancien bolchevique pas du tout repenti.

J’ai bien connu ce dernier lorsque je siégeais au Parlement Européen dans la délégation pour la Pologne.

Mais revenons à Moshé Kantor. Selon le Jérusalem Post, il est « un des juifs les plus influents au monde ». Outre son rôle d’oligarque, il exerce parmi bien d’autres fonctions la présidence du Conseil politique du Congrès juif mondial et celle de président du Congrès juif européen (CJE) après avoir été celui du Congrès juif de Russie. Mais il est aussi vice-président du Conseil du Mémorial de Yad Vashem.  

C’est à ces différents titres qu’il était pour Poutine et pour les dirigeants israéliens l’homme idoine pour organiser la commémoration de la libération de Birkenau.

Mais le fait très inattendu par rapport à cet événement, c’est que l’orientation poutino-stalinienne qui lui a été donnée a été fort heureusement contestée par les plus grands historiens israéliens de la seconde guerre mondiale. 

Véritable levée de boucliers contre la désinformation !

Observons que ce que l’on peut faire avaler en France, on ne peut le faire gober en Israël !

Et ce, malgré la puissance de la connivence de Poutine, de Moshé Kantor et de Benjamin Netanyahou.

Le grand Soljenitsyne aurait été heureux de constater et sans doute de pouvoir commenter ce fait. Une occasion encore pour nous de faire observer la stupidité de ceux qui prêtent aux Juifs une uniformité de pensée. 

Mais j’ai abondamment traité de cela dans mon livre « Histoire des juifs d’Abraham à nos jours » publié en 2007. 

Si j’en trouve l’énergie, je voudrais pouvoir la prolonger en évoquant la période écoulée depuis.


PS : le président de la République polonaise Andrzej Duda n’ayant pas été autorisé à répondre à Poutine avait bien légitimement préféré rester à Varsovie.

Il serait heureux qu’Israël répare aussi cette injustice à l’égard de la Pologne.