Même si des amis polonais
et aussi des amis juifs m’ont félicité et dit partager mon indignation, je n’aurais
pas la prétention de croire que mes articles des 22 et 24 janvier sur ce blog
(et mes propos du 29 sur Radio-Courtoisie) aient pu être déterminants.
Mais toujours est-il que
la direction de Yad Vashem s’est tout de même avisée en début de cette semaine
de regretter officiellement les propos de désinformation tenus par M. Poutine
et Moshé Kantor à l’occasion de la commémoration des 75 ans de la libération du
camp d’Auschwitz-Birkenau.
L’institut international
pour la mémoire de la shoah s’est ainsi excusé d’avoir présenté des contenus
qui « déformaient » des faits historiques. Le directeur de Yad
Vashem, Dan Michmann, a reconnu des « inexactitudes »
- c’est le moins qu’on puisse dire – une présentation « partielle qui a créé une impression de
déséquilibre » dans la présentation du rôle de l’Union soviétique
durant la seconde guerre mondiale.
Et en effet :
-
Occultation
de sa responsabilité partagée avec son alliée l’Allemagne nazie dans le
déclenchement de la guerre.
-
Occultation
du dépeçage par Hitler et Staline de la Pologne, occultation des crimes contre
l’humanité (Katyn, etc…) perpétrés sous la houlette de Staline. Rien non plus
sur l’Ukraine et sur les pays baltes.
En réalité, la
récupération stalinolâtre de la commémoration a été le fait de deux hommes :
Vladimir Poutine et son grand ami le milliardaire Moshé Kantor.
Poutine marqua l’événement
en inaugurant à Jérusalem un mémorial des victimes du siège de Léningrad par l’armée
allemande, en profitant pour faire un vibrant éloge de l’armée rouge et ce, dans
la plus absolue occultation de la connivence hitléro-stalinienne qui avait
précédé la guerre des deux totalitarismes.
C’est Kantor qui avait
été en charge de la conception de la commémoration.
Kantor est en effet
simultanément un des plus riches et puissants oligarques russes, mais aussi un
ancien communiste pas du tout repenti, intime notamment de l’ancien président
de la république polonaise Aleksander Kwasniewski, lui aussi ancien bolchevique
pas du tout repenti.
J’ai bien connu ce
dernier lorsque je siégeais au Parlement Européen dans la délégation pour la Pologne.
Mais revenons à Moshé
Kantor. Selon le Jérusalem Post, il est « un des juifs les plus influents au
monde ». Outre son rôle d’oligarque, il exerce parmi bien d’autres
fonctions la présidence du Conseil politique du Congrès juif mondial et celle
de président du Congrès juif européen (CJE) après avoir été celui du Congrès
juif de Russie. Mais il est aussi vice-président du Conseil du Mémorial de Yad
Vashem.
C’est à ces différents
titres qu’il était pour Poutine et pour les dirigeants israéliens l’homme idoine
pour organiser la commémoration de la libération de Birkenau.
Mais le fait très
inattendu par rapport à cet événement, c’est que l’orientation
poutino-stalinienne qui lui a été donnée a été fort heureusement contestée par
les plus grands historiens israéliens de la seconde guerre mondiale.
Véritable levée de
boucliers contre la désinformation !
Observons que ce que l’on
peut faire avaler en France, on ne peut le faire gober en Israël !
Et ce, malgré la
puissance de la connivence de Poutine, de Moshé Kantor et de Benjamin
Netanyahou.
Le grand Soljenitsyne aurait
été heureux de constater et sans doute de pouvoir commenter ce fait. Une occasion
encore pour nous de faire observer la stupidité de ceux qui prêtent aux Juifs
une uniformité de pensée.
Mais j’ai abondamment
traité de cela dans mon livre « Histoire des juifs d’Abraham à nos jours »
publié en 2007.
Si j’en trouve l’énergie,
je voudrais pouvoir la prolonger en évoquant la période écoulée depuis.
PS : le président
de la République polonaise Andrzej Duda n’ayant pas été autorisé à répondre à Poutine
avait bien légitimement préféré rester à Varsovie.
Il serait heureux qu’Israël
répare aussi cette injustice à l’égard de la Pologne.