Je lis cela avec un
mélange d’effondrement et de commisération sur un site d’extrême-droite
catholique, « antisioniste » et quelque peu islamophile.
On le sait, je ne suis
pas plus un admirateur du président Trump que du président Poutine. Je préfère,
en quelque sorte esthétiquement, la personnalité du second, moins flambard, à
celle du premier mais je pèse aussi tout ce que la politique du second peut
recéler d’inquiétant dans son alliance avec la Chine et l’Iran et aussi avec la
Turquie.
Avec ce dernier pays, j’ai
d’ailleurs écrit dans le dernier numéro de Reconquête combien je doutais (et
espérais) que cette alliance puisse durer, tellement elle me paraissait aller à
l’encontre des constantes historiques des relations séculairement bien plus
conflictuelles qu’amicaux de ces deux puissances, l’une islamique, l’autre
chrétienne orthodoxe.
On a pu vérifier presque
aussitôt que je n’ai peut-être pas eu tort tant les rapports se sont crispés
entre les deux « alliés » d’un moment à propos de la guerre en Lybie.
L’autocrate Erdogan,
dont toute la politique expansionniste vise à ressusciter l’empire ottoman,
entend en effet se mêler de cette affaire-là, ayant déjà fait débarquer
quelques troupes pour soutenir le gouvernement dit d’union nationale de Fayez
el-Sarraj, gouvernement généralement présenté comme reconnu par la communauté
internationale, mais auquel s’oppose militairement le général Haftar qui contrôle
la majeure partie du territoire du pays et non sans appuis internationaux.
Bref, on n’est pas prêt
dans ce pays d’en finir avec les conséquences de la désastreuse élimination –
sans solution de remplacement – du dictateur Khadafi décidée irresponsablement
par Nicolas Sarkozy et Alain Juppé (alors ministre des Affaires étrangères)
sous l’influence de Bernard-Henri Lévy.
Alors que Khadafi ne
représentait plus aucun danger, ayant suscité l’hostilité de tous les islamismes
après la publication de son « livre vert » présenté comme… supérieur
au Coran ! Crime de lèse-prophète s’il en est.
Mais cela rappelé, c’est
l’Iran qui est principalement revenu dans l’actualité internationale avec l’élimination
du véritable numéro 2 du régime, le général Qassem Soleiman, le redouté patron
de toutes les unités et milices iraniennes hors des frontières du pays, et
notamment au Liban du Hezbollah, qui exerce sa domination théocratique
islamiste sur une grande partie de ce petit pays et surtout sur le gouvernement
du général Aoun.
Or le redouté Qassem
Soleimani était d’abord un tueur, responsable du grand nombre d’actes terroristes
perpétrés par le Hezbollah en collaboration avec les services secrets syriens et
d’abord au Liban.
Je n’ai pas été sans
remarquer que sur nombre de nos medias on parlait de « l’assassinat »
(sic !) de Qassem Soleimani et non « d’élimination ».
Le choix du mot « assassinat »
n’est pas anodin. Il est même très révélateur de la présence croissante de l’islamisme
dans nos medias.
Alors, Trump a-t-il bien
fait d’ordonner cette exécution et de s’en vanter ?
Je trouvais cela
regrettable car ayant pour effet de ressouder au moins partiellement, par
réflexe nationaliste, un grand nombre d’Iraniens autour de la dictature des
ayatollahs qui devenait de plus en plus honnie, et pas seulement en Iran mais
également en Irak et au Liban.
Au moment où j’écris, il
n’est pas évident que la décision de Trump ait finalement des effets si
catastrophiques.
Les dirigeants iraniens
ne comprennent sans doute que la force et n’ont pu, en fait de réponse à l’élimination
de Soleimani, qu’organiser des frappes sans effet.
Et il n’est pas dit que
les foules chiites, versatiles, demeurent longtemps dans leur retournement en
faveur du régime.
Carlos Ghosn : je reviendrai plus longuement dans
Reconquête sur ce que j’ai jubilatoirement exprimé ici après son extraordinaire
évasion. Un coup fabuleux nous apportant une part de rêve sur cette séquence réelle
à la hauteur du Comte de Monte-Cristo de
notre cher Alexandre Dumas.
La conférence de presse
d’hier de Carlos Ghosn a été époustouflante. Un extraordinaire long moment de
réplique avec une maestria remarquable de la part d’un homme ayant vécu
quatorze mois durant dans les affres que l’on peut imaginer, d’abord de garde à
vue, 108 jours durant, sans avocat pendant les interrogatoires dans une prison
où, hors les rares visites consulaires que l’on sait, il ne pouvait parler à
personne comprenant notre langue.
Incroyable « justice »
japonaise ayant permis son arrestation au motif d’une non-déclaration de
revenus… pas encore perçus ! Incroyable justice japonaise fonctionnant sur
un postulat de culpabilité, dans le plus absolu déni des principes de l’enquête
contradictoire, un des plus grands acquis du droit humain fondé sur la
recherche de la vérité.
La conférence de presse
de Carlos Ghosn méritera d’être étudiée dans les écoles d’avocats et de
magistrats, dans les séminaires de chefs d’entreprises. Toujours est-il qu’il a
été, qui peut le nier, un des plus grands chefs d’entreprise français de notre
histoire industrielle issu de la culture libano-française, de notre collège
Stanislas, de notre école polytechnique et de notre école des mines.
Des défauts, bien sûr,
des excès peut-être, mais quel zigotto peut oser affirmer que Carlos Ghosn aurait
pu pendant quelque quarante années, de chez Michelin à Renault, mener des
politiques aventureuses. Sans contrôle ? Sans rendre des comptes ?
Sans surveillance des actionnaires et de l’État ? Entouré donc de médiocres ?
Comme s’il n’avait pas établi la plus belle réussite de coopération qui puisse
être entre de très grandes entreprises de mentalité de culture et de tradition
aussi différentes que celles de la France et du Japon ? Il faut être
sérieux : l’État français n’a guère eu de gouvernants à sa hauteur.
L’État français ne l’a
pas soutenu comme il l’aurait dû face à son ignominieux traitement.
Quant au Japon, pays à
bien des égards admirables, je ne pensais pas qu’il était encore autant dominé
dans son industrie par un mauvais nationalisme revanchard et dans son système
judiciaire par des pratiques d’un autre âge.