Grand lecteur dans
ma jeunesse de Pierre Benoît, et donc de son roman « Pour Don
Carlos », j’ai toujours eu beaucoup de sympathie pour l’idéal carliste en
Espagne qui anima, notamment pendant la guerre civile ces admirables chouans de
Navarre (mais pas seulement), qu’étaient les « requetés ». Avec leur
belle devise : « Dios, Patria,
Fueros, Rey », leur hymne : « l’oriamendi », et surtout
leur courage au combat dans une belle émulation héroïque avec les admirables
phalangistes de José Antonio, les requetés font partie, comme les Cristeros
mexicains, et comme nos Vendéens et Chouans et autres combattants de la foi et
de la liberté, Polonais, Baltes, Russes, Ukrainiens, Vietnamiens, Arméniens,
Libanais du grand mémorial spirituel multicontinental de la chrétienté qu’il
faudrait sans doute dans l’avenir inscrire dans la pierre d’une immense crypte
prolongeant celle du Valle de los Caidos.
Chapeau Carlos !
Mais pour l’heure,
c’est pour l’exploit d’un autre Carlos (prénom fréquent au Liban) que les prétendants
carlistes, que je ne saurais taire une jubilatoire admiration : Carlos
Ghosn !
Ô je sais bien, je
l’ai déjà écrit, que tout dans ce grand chef d’entreprise, sur le plan des
valeurs sociales, ne nous est pas sympathique. Et inversement, nous pouvons
voir une grande admiration pour la civilisation japonaise, pour les grandes
vertus de courage, de civisme, de discipline, de solidarité et de belle culture
de ce peuple. Avec cependant, au revers de la médaille, une certaine tradition
de dureté si ce n’est de cruauté telle qu’elle se manifesta atrocement dans les
persécutions au XVIe siècle contre les convertis au catholicisme et,
plus près de nous, pendant la Seconde Guerre, en Indochine occupée où des
milliers de nos compatriotes furent massacrés par la « Kempeitaï »,
l’impitoyable organisation de police, de répression et de terreur de l’armée du
soleil levant.
Mais le moins
qu’on puisse lui reconnaître, c’est que Carlos Ghosn, non sans quelques
pratiques de réorganisations contestables et de méchants licenciements, a su
globalement redonner de la prospérité à Renault et de surcroit sauver Nissan,
chose difficile à avaler pour de très fiers dirigeants japonais.
On lit ce jour
dans Le Figaro un entretien avec un autre grand industriel français (et fier Vendéen
non négationniste du génocide de 1793), Didier Pineau-Valencienne. Il répond à
propos de Ghosn : « Il est
tombé au Japon dans un traquenard probablement ourdi par des concurrents
malveillants ». Ce dont d’ailleurs tout le monde se doutait un peu.
Toujours est-il
que Carlos Ghosn a réussi à s’extraire ou plutôt à se faire exfiltrer de sa
résidence japonaisement si surveillée où on lui interdisait la moindre
conversation téléphonique avec son épouse. Au nez et à la barbe d’une police
qui n’est pas faite de plaisantins ! Chapeau l’artiste, et chapeau à ceux
qui ont réussi l’opération !
On attend
maintenant de savoir par combien de « seifukus » (vulgairement
hara-kiri) dans la hiérarchie policière et gouvernementale, elle se soldera. Et
bien sûr, nous suivrons attentivement la conférence de presse que donnera
Carlos Ghosn la semaine prochaine. Avec d’ailleurs une certitude, c’est qu’il
ne dira rien de ceux qui ont monté son exfiltration et dont on peut espérer
qu’ils ne se feront pas prendre. Car, sans doute, ont-ils déjà pu, eux aussi,
ne pas s’attarder au pays des douces geishas et des durs samouraïs.
En attendant ce
qu’il dira, il me plait de savoir que Carlos est libre dans le pays de son
enfance. Libre dans ce Liban qui a tant besoin d’un homme de son génie pour
refaire décoller son économie ruinée et reculer la pauvreté galopante.
Et si finalement
l’exfiltration de Carlos Ghosn était un bienfait de la providence pour le pays
des cèdres où, selon la Bible, coulaient à profusion « le lait et le
miel », symboles de prospérité et de mansuétude divine.