Je ne connais pas le
général Thierry Burkhard, le chef d’état-major de l’armée de terre. Je ne puis avoir
a priori pour lui que respect, me doutant bien qu’il n’est pas arrivé si haut
dans notre hiérarchie militaire sans compétences ni sans avoir risqué lui
aussi, au long de sa carrière, sa peau de soldat dans plusieurs de ces « opérations
extérieures » où sont tombés nombre de ses frères d’armes de tous grades.
Il a donc par un « twitt »
manifesté sa « profonde indignation »
à la découverte des misérables dessins et plaisanteries sarcastiques de
Charlie-Hebdo exploitant sans vergogne la mort de nos 13 soldats au Mali.
Mais il a cru bon d’ajouter
l’expression de son « incompréhension » témoignant de ce qu’un grand
chef militaire de haut rang, qui a été confronté aux guerres asymétriques de l’islam
jihâdiste, peut en effet selon son propre aveu ne rien savoir, et donc ne rien
comprendre, de l’infinie abjection de Charlie-Hebdo.
On nous dira qu’il est
encore heureux que ce général ne lise pas ce journal que tant d’institutions
subventionnent par leurs abonnements. Oui et non ! Car se battre pour la France,
ce n’est pas seulement affronter les ennemis terroristes de la France. Faudrait-il
ne rien savoir et donc ne rien comprendre en effet des entreprises de dérision,
de déconstruction, de décomposition auxquelles certains se livrent avec une
jubilation peut-être non moins corrosive que la haine frontale ?
On nous dira que ce
torchon de Charlie est de moins en moins lu. Peut-être, mais si le général a
répondu, c’est bien qu’on lui a dit qu’il était lu, encore lu pour le moins par
quelques catégories de nos concitoyens se repaissant de sa scatologie et de sa
pornographie blasphématoire.
Le général ne dirait pas
son « incompréhension » s’il avait seulement regardé la couverture de
Charlie du 13 mars de cette année : la plus ignoble, la plus obscène caricature
du Christ en croix.
Quand il est possible que sur le visage d’un homme martyrisé,
qu’on le croie ou non fils de Dieu, une misérable se soit acharnée à atteindre
le plus haut degré d’avilissement, comment alors s’étonner que l’on utilise,
bien moins obscènement d’ailleurs mais dans une autre forme d’abjection, le
thème du soldat dans son cercueil ?
Ce que le général ne
sait peut-être pas, c’est l’indicible saloperie morale des gens de Charlie. Car,
après s’être disputés comme des chacals sur les fonds recueillis pour que
continue leur production après l’ignoble massacre de leurs collègues, ils
exploitent à fond le thème de l’impunité radicale que selon eux leur
confèrerait le fait que le terrorisme islamique a tué nombre des leurs. Alors,
rentabilité maximum : « On a tué
certains des nôtres par haine de nos caricatures, alors nous, on a bien le droit
imprescriptible de pouvoir encore plus, comme bon nous semble, tout tourner en
dérision, tout salir, tout avilir, tout profaner ».
Général, faites-vous
donc apporter ne serait-ce que ce numéro de Charlie du 13 mars de cette année
et vous comprendrez que nous voulions simplement vous expliquer pourquoi
certains ont pu ne pas comprendre votre incompréhension ! Avec l’expression
de notre total irrespect pour Charlie-Hebdo, nous vous disons notre profond
respect pour votre haute mission et pour les soldats qui meurent pour notre patrie.
Bernard Antony