lundi 30 décembre 2019

Globalement, une fin d’année 2019 contrastée


  • France : le grand échec de la réforme des retraites

On ne sait ce que dira demain soir Emmanuel Macron pour ses vœux au peuple de France. C’est évidemment d’abord sur la poursuite de la grève des transports contre sa réforme des retraites qu’il est attendu. 

La question aujourd’hui n’est même plus de savoir si la réforme initialement concoctée pourra passer mais si Macron annoncera le report de ce qu’il en reste à une date ultérieure. L’objet majeur de cette réforme était d’en finir avec la quarantaine de régimes « spéciaux » coûtant cher à la collectivité nationale.

D’ores et déjà, ça c’est fichu au train où vont leurs remplacements par des régimes désormais « particuliers », c’est-à-dire à peu près la même chose.

Exit donc le grand projet d’un régime « universel ».

En cette affaire, le gouvernement a jusqu’ici été pitoyable, ayant fonctionné sur une dramatique méconnaissance de la réalité du monde syndical toujours largement tenu par des noyaux et fractions léninistes ou lénino-trotskystes. Or, sur ce monde, l’influence de la connivence maçonnique organisée autour d’un Jean-Paul Delevoye est à peu près nulle : l’hostilité centenaire remontant aux célèbres « 21 conditions de Moscou » entre le communisme et la franc-maçonnerie n’a pas entièrement disparu.

Le premier effet de la calamiteuse réforme annoncée aura été de redonner du grain à moudre au bolchevisme syndical un peu assoupi dans le confort de sa bureaucratie largement subventionnée avec l’argent public.

Avec le Peppone Martinez et l’apparatchik Laurent brun, mû par son mimétisme léninien, la CGT a retrouvé les réflexes de ses meilleurs temps staliniens dans l’art des piquets de grève et des méthodes d’intimidation. Enfance de l’art révolutionnaire aussi que de manipuler une partie de la mouvance des gilets jaunes ou tout simplement de faire porter des gilets jaunes aux adhérents de la CGT qui a les moyens d’ne acheter autant que nécessaire.

Évidemment, comme le disait Maurice Thorez, « il faut savoir terminer une grève ».

Mais pour le moment, ce sont les syndicats grévistes, bénéficiant toujours d’une grande complaisance médiatique qui semblent attendre, sûrs d’eux et dominateurs, l’occasion de triompher que leur donnera quelque revirement gouvernemental.

Je ne suis toujours pas sûr de m’être trompé en écrivant naguère qu’Emmanuel Macron ne terminerait pas son mandat.

Ce dont je suis sûr aujourd’hui, c’est qu’il ne pourra désormais faire passer aucune réforme sociale salutaire pour le pays. Nul doute qu’il concoctera encore des funestes réformes sociétales avec mesdames Buzin et Schiappa.

Une réforme des retraites était nécessaire. Celle, médiocre et compliquée, que son gouvernement croyait pouvoir faire passer est d’ores et déjà laminée. Enterrée ou pas, elle ne va déboucher que sur un échec.

Dans le monde :

  • « Le grand retour ottoman »
Ces mots faisaient il y a quelques années la couverture de Reconquête.

C’est toujours un des grands dangers pour l’Europe. C’est tout le programme d’Erdogan. 

-        Trump a hélas abandonné les Kurdes de Syrie chassés par l’armée turque.

-        Poutine a conclu avec Erdogan une alliance surprenante, contre-nature. Combien de temps durera-t-elle ? Pour l’instant, elle dure.

-        L’armée turque vient de faire son entrée en Libye après l’accord conclu à Tripoli entre Erdogan et le chef du gouvernement libyen, Faiez Sarraj.

C’est le retour de la Turquie en Méditerranée. Faiez Sarraj a contre lui les forces du maréchal Khalifa Haftar qui domine l’est du pays et est soutenu par l’Égypte, les Émirats-Arabes-Unis et… la Russie. L’alliance turco-russe ne doit pas tous les jours être bien évidente.


  • Afghanisan : le recul américain.

Après la débacle soviétique en Afghanistan, il y a trente ans, c’est maintenant au tour de l’Amérique de Trump de vouloir plier bagage, et de négocier pour cela avec les talibans.

Cela ne chagrine pas Poutine, adepte de la vieille maxime : « Les ennemis de nos ennemis sont nos amis ». Les chefs talibans sont désormais officiellement reçus à Moscou, avec tous les égards, par Sergueï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères.


  • Chine – Iran – Russie : manœuvres navales conjointes en mer d’Oman et dans l’océan indien, près du détroit d’Ormuz.

Ces manœuvres, démarrées le 27 décembre et programmées pour les quatre derniers jours de l’année, ont évidemment une importance géopolitique majeure. 

C’est pour le régime islamiste d’Iran une manière de montrer que le pays n’est pas militairement isolé face aux États-Unis et à leurs alliés. Mais rien d’étonnant dans ces manœuvres quand on considère d’une part que la Russie est l’alliée du régime syrien que l’Iran soutient également, avec notamment le renfort du Hezbollah libanais ; de l’autre que la Chine a un immense besoin du pétrole iranien.

Comme je l’ai souvent répété, si le mondialisme est une abominable idéologie, on peut se rassurer en constatant qu’un super-gouvernement mondial, ce n’est pas encore pour demain. 

Il faudrait au moins pour cela que Poutine, Trump et Xi Jinping (et Narandra Modi, et Erdogan…) nouent un idyllique pacte de gouvernance de la planète. Peu probable !


  • Liban : le carcan du Hezbollah.

Le Liban est dans une terrible crise économique et sociale. Mais, fondamentalement, la crise est politique et même géopolitique. Car la grande majorité des Libanais, chrétiens comme sunnites et même, désormais, bien des chiites aussi, ne supportent plus le carcan du Hezbollah.

Celui-ci a pris il y a quelques années le relais de l’occupation syrienne. Plus subtilement peut-être car ne pouvant facilement tenir simultanément sa guerre en Syrie, préparer l’éventualité d’un nouveau conflit avec Israël, et tenir l’essentiel du gouvernement libanais selon son alliance avec le général Aoun, président de la République.

Le Liban n’a besoin ni de la Syrie, ni de l’Iran, ni de l’Arabie saoudite, ni de la guerre avec Israël.



  • L’heureuse nouvelle du Brexit


L’année s’est bien achevée pour Boris Johnson, le plus souvent fielleusement caricaturé dans nos medias, un peu comme Trump, alors qu’il est un homme très cultivé. La plupart des analystes politiques avaient annoncé son inéluctable échec avec une sublime incompétence.

Or, finalement, c’est le très aristocratique Johnson qui a réalisé pour l’heure le plus bel exploit populiste, écrasant partout un travaillisme archéo-léniniste et autres partis déconnectés des réalités populaires. God save the Queen mais aussi God save Johnson !