lundi 24 juin 2019

Bonne nouvelle : Imamoglu fait faire glouglou à Erdogan à Istanbul


Erdogan ne s’est peut-être pas encore noyé mais, du moins, a bu, hier, une sacrée tasse dans le Bosphore.

Son parti islamiste pan-ottoman, l’AKP, a en effet ce dimanche bien plus perdu l’élection municipale à Istanbul que lors du précédent scrutin, annulé. Cette fois, la liste de l’opposant Ekrem Imamoglu (Parti Républicain du peuple – CHP) obtenant 54 % des suffrages a ainsi devancé de 750 000 voix celle de l’ancien premier ministre d’Erdogan, Binali Yildirim. Bien mieux que le précédent différentiel de 14 000 voix !

La bataille municipale était d’importance stratégique pour les deux partis et Erdogan, longtemps maire d’Istanbul (ville de quinze millions d’habitants !), ne l’avait pas dissimulé. Cette défaite s’ajoute à celle de la perte d’Ankara, la capitale du pays et de plusieurs villes lors du scrutin général. 

En fait, c’est désormais une vaste portion du pays compte tenu de l’importance des populations kurdes et des populations alévies (branche de l’islam à la confluence du sunnisme et du chiisme) qui, malgré le resserrement dictatorial, s’affirme hors du carcan erdoganien.

Deux photos lors de leurs votes symbolisent bien cette heureuse rupture : 

-        Celle d’Erdogan, et de son épouse sous tchador, l’un et l’autre l’air grave, sans doute sans illusions sur les résultats.
-        Celle d’Imamoglu, l’air joyeux accompagné de son épouse très souriante avec sa blonde et libre chevelure.

Certes, la Turquie est de population quasi intégralement musulmane après le génocide des Arméniens et autres chrétiens des années 1915-1918. Mais, d’une part, Erdogan n’a pas pu éliminer toutes les couches fidèles au kémalisme (dit laïque) ; de l’autre, s’est développé un émouvant phénomène mémoriel chez nombre de Turcs, femmes ou hommes, celui de la découverte plus ou moins récente qu’ils sont des descendants d’aïeules chrétiennes enlevées et islamisées de force par des hommes polygames voire possesseurs de harems.

Ainsi, m’a-t-on dit, surgirait chez plusieurs une aspiration à découvrir la religion de leurs aïeules chrétiennes, arméniennes, grecques, assyro-chaldéennes ou autres… 

Somme toute, un christianisme renaissant par une sorte de début de culte des ancêtres…