lundi 1 avril 2019

Le cardinal noir contre l’autodestruction de l’Europe et « les idées chrétiennes devenues folles » du pape blanc.


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Le contraste est saisissant entre le doux mais ferme et réaliste cardinal africain et le tempétueux François fulminant à l’adresse des Européens ses soi-disant exigences évangéliques.

Dans son livre, « Le soir approche et déjà le jour baisse », à l’évidence le cardinal nous livre ses réflexions sur le crépuscule de l’Europe. Il nous parle de « l’effondrement de l’Occident », du déséquilibre en Europe, « d’une rare dangerosité sur les plans démographiques, culturels et religieux ». 

François semble n’avoir cure de cela. À Rabat, il n’a parlé que dans la ligne du pacte de Marrakech de l’ONU. Dans la plus totale méconnaissance de ce que les flux migratoires  (ce que j’ai appelé la tsunamigration) privent d’abord l’Afrique des classes moyennes dont elle a vitalement besoin, et ne font qu'accentuer les déséquilibres dangereux évoqués par le cardinal.

Dans son remarquable éditorial dans le Figaro de ce jour, Vincent Trémolet de Villers constate que « ce même pape qui demandait hier que l’on ouvre les portes de la cité à ceux qui souffrent lance aujourd’hui un appel à la destruction de ces portes et aussi des murs ».
 
Et peu lui importe, développe-t-il, que les chrétiens soient de moins en moins nombreux s’ils constituent « une oasis de miséricorde ». 

Ce ne sont plus en effet des mots dans le même registre que ceux de Jean-Paul II appelant naguère (en 1982) à Compostelle à une « nouvelle évangélisation de l’Europe », et qui lançait aussi dans son livre testament « Mémoire et identité » : « Tenez à l’identité culturelle de vos nations comme à la prunelle de vos yeux ! ».

On est dans une radicale discontinuité ! Comment François, dans une fiévreuse rhétorique romantique, peut-il imaginer qu’une oasis, fût-elle de miséricorde, puisse accueillir des myriades continentales de migrants qui ne déferleront pas toujours sans ce qu’il y a de plus facile à transporter, à savoir leurs conflits ? 

Le cardinal Sarah dénonce « l’entreprise multiculturelle européenne exploitant un idéal de charité universelle mal compris ». Il écrit encore que l’Europe « face au danger de l’islamisme radical, devrait savoir énoncer fermement à quelles conditions on peut partager sa vie et sa civilisation. Mais elle a honte de son identité chrétienne. C’est ainsi qu’elle finit par attirer le mépris ».

Hélas, François n’exprime pas pareille sagesse. Vincent Trémolet a justement conclu son éditorial par la phrase que nous citons si souvent du grand Chesterton : « Le monde est plein d’idées chrétiennes devenues folles ». Il ne manquait plus que le pape de notre temps pour en déverser à foison. 


·       Élections de ce dimanche 

À Ankara, camouflet pour Erdogan, mais…

L’AKP, le parti d’Erdogan, le dictateur-sultan ottoman-islamiste, a ce dimanche remporté presque partout les élections municipales en Turquie. Il fallait s’y attendre. Les partis non islamistes étant très surveillés et leurs cadres souvent emprisonnés, ils ne disposaient pas globalement du centième des moyens de propagande de masse du parti au pouvoir. 

Nonobstant cela, pour ce qui est des grandes villes où la population, pour de multiples raisons ethniques, politiques, économiques et sociales, religieuses, culturelles, et du fait des réseaux sociaux, n’est pas entièrement assujettie à Erdogan, on pouvait s’attendre à de bons résultats pour les oppositions, surtout si elles étaient unies. 

C’est ainsi que le parti d’Erdogan n’a, semble-t-il, conservé que de justesse la majorité des électeurs à Istanbul, capitale historique, mais l’a perdue à Ankara, capitale politique. C’est un gros camouflet pour ce dernier, une atteinte à la mise en place finale de sa domination islamo-totalitaire.

Cela s’explique par le fait de la résistance identitaire kurde, mais aussi par la persistance d’une opposition kemaliste, laïque, certes à la mode turque – pas question d’une contestation de l’identité musulmane du pays – hostile à l’idée du grand retour ottoman et de la soumission totale à la charia qu’Erdogan rétablit peu à peu.