Les braises de l’incendie
ne sont pas encore refroidies ; alors les pompiers de Paris craignent
encore ce jour des effondrements.
Mais Emmanuel Macron,
sans attendre l’évaluation des dégâts (qui ne se fera pas avant des semaines),
a d’ores et déjà annoncé, avec toute la suffisance de son mimétique
comportement de Césarion, que Notre-Dame serait reconstruite en cinq ans.
« Reconstruite »,
le mot n’est évidemment pas adéquat. Car certes, la cathédrale n’est pas
intacte mais elle n’est pas détruite. Si, comme les pompiers l’espèrent, leur
crainte pourra être dissipée, alors certes on pourra rebâtir ce qui a été détruit et restaurer ce qui a été endommagé.
Mais pourquoi donc, sinon
pour un effet cocorico, annoncer que cela sera fait en cinq ans ? Tout le
monde sait bien que pareille restauration ne pourra se faire rapidement, sauf à
la « massacrer », car « patience et longueur de temps font plus
que force ni que rage ».
Pour ce qui est de la
signification de l’événement, je me garde pour ma part, quitte à décevoir ceux
qui me prendraient pour le mystique que je ne suis pas, d’interprétation
providentialiste du désastre. Cela ne veut pas dire qu’il ne saurait y en
avoir. Si je m’en tiens souvent au dicton « les voies de la Providence
sont impénétrables », je crois fermement aussi, comme je l’ai écrit ici
hier, que d’un mal Dieu peut faire surgir du bien. Même si nous ne le
saisissons pas toujours.
Certes, on ne saurait se
leurrer sur la part de factice que peuvent recéler certaines réactions d’apitoiement
circonstanciel sans doute pensées comme obligatoires.
Mais cela justement a
montré combien certains pèsent que notre nation n’est pas encore totalement
emportée par la barbarie culturelle et le mépris antichrétien et qu’il faut
tenir compte de ce qui demeure d’attachement dans notre peuple aux symboles, aux
réalités, aux monuments de la France et aux racines chrétiennes.
Et voici que, comme une
bienfaisante réanimation, l’incendie a fait, au moins pour un temps, oublier
les turpitudes au sein du clergé et permis de rappeler, ne fût-ce qu’un peu, ce
qu’était la réalité profonde de l’Église même si le véritable Livre d’enseignement
de la foi qu’est une cathédrale est bien hermétique pour beaucoup.
L’expression sinon de l’unanimité
nationale du moins de grand partage de consternation devant la menace du feu
qui, grâce à l’héroïsme des pompiers de Paris, n’a pas emporté totalement l’édifice
sacré le plus emblématique de notre France, est un moment rare.
Voilà que, grâce à l’incendie,
dans plusieurs très beaux articles et belles émissions, il a été parlé de
Saint-Louis, de Jeanne d’Arc, de Paul Claudel et de Charles Péguy. Et aussi des
plumes et des voix, inattendues, exprimant, enfin, avec force, leur
consternation devant un signe hautement symbolique de cet effondrement
génocidaire de civilisation que nous n’avons cessé de vouloir empêcher.