mercredi 17 avril 2019

Incendie de Notre-Dame : Macron, précipitation.


Les braises de l’incendie ne sont pas encore refroidies ; alors les pompiers de Paris craignent encore ce jour des effondrements.

Mais Emmanuel Macron, sans attendre l’évaluation des dégâts (qui ne se fera pas avant des semaines), a d’ores et déjà annoncé, avec toute la suffisance de son mimétique comportement de Césarion, que Notre-Dame serait reconstruite en cinq ans. 

« Reconstruite », le mot n’est évidemment pas adéquat. Car certes, la cathédrale n’est pas intacte mais elle n’est pas détruite. Si, comme les pompiers l’espèrent, leur crainte pourra être dissipée, alors certes on pourra rebâtir ce qui a été détruit et restaurer ce qui a été endommagé.

Mais pourquoi donc, sinon pour un effet cocorico, annoncer que cela sera fait en cinq ans ? Tout le monde sait bien que pareille restauration ne pourra se faire rapidement, sauf à la « massacrer », car « patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ». 

Pour ce qui est de la signification de l’événement, je me garde pour ma part, quitte à décevoir ceux qui me prendraient pour le mystique que je ne suis pas, d’interprétation providentialiste du désastre. Cela ne veut pas dire qu’il ne saurait y en avoir. Si je m’en tiens souvent au dicton « les voies de la Providence sont impénétrables », je crois fermement aussi, comme je l’ai écrit ici hier, que d’un mal Dieu peut faire surgir du bien. Même si nous ne le saisissons pas toujours. 

Certes, on ne saurait se leurrer sur la part de factice que peuvent recéler certaines réactions d’apitoiement circonstanciel sans doute pensées comme obligatoires.

Mais cela justement a montré combien certains pèsent que notre nation n’est pas encore totalement emportée par la barbarie culturelle et le mépris antichrétien et qu’il faut tenir compte de ce qui demeure d’attachement dans notre peuple aux symboles, aux réalités, aux monuments de la France et aux racines chrétiennes.

Et voici que, comme une bienfaisante réanimation, l’incendie a fait, au moins pour un temps, oublier les turpitudes au sein du clergé et permis de rappeler, ne fût-ce qu’un peu, ce qu’était la réalité profonde de l’Église même si le véritable Livre d’enseignement de la foi qu’est une cathédrale est bien hermétique pour beaucoup.

L’expression sinon de l’unanimité nationale du moins de grand partage de consternation devant la menace du feu qui, grâce à l’héroïsme des pompiers de Paris, n’a pas emporté totalement l’édifice sacré le plus emblématique de notre France, est un moment rare.

Voilà que, grâce à l’incendie, dans plusieurs très beaux articles et belles émissions, il a été parlé de Saint-Louis, de Jeanne d’Arc, de Paul Claudel et de Charles Péguy. Et aussi des plumes et des voix, inattendues, exprimant, enfin, avec force, leur consternation devant un signe hautement symbolique de cet effondrement génocidaire de civilisation que nous n’avons cessé de vouloir empêcher.