C’est
parce que ce magazine en date du 16 août a fait sa couverture avec la photo de
Georges Orwell et la mention « le
penseur le plus utile pour aujourd’hui », que je l’ai acheté.
Nous
avions, pour notre part, titré Reconquête
de Juin-Juillet : « À leur
lumière pour comprendre les phénomènes de notre monde ». J’avais placé
Orwell en tête d’une sélection de huit écrivains. Le dossier du Point sur ce
dernier m’intéressait donc. Il est bon mais hélas dévalué par des jugements
relevant d’une conformiste soumission au politiquement correct de l’actuel Big
Brother politico-médiatique dispensateur de la pensée unique. J’y reviendrai
rapidement un plus loin.
Mais,
ayant d’abord, selon ma manière, feuilleté l’ensemble du magazine, c’est sur la
soi-disant fantasmagorie historique du « grand remplacement » que
j’ai porté prioritairement mon attention. L’auteur du papier, un certain
Gabriel Bouchaud, est présenté comme « contributeur
de la veille d’idée Phébé ». Très sibyllin pour moi mais sans doute un
titre propre à épater les bobos initiés.
Bouchaud
présente d’abord quelques considérations sommaires, bien rapides, sur les
invasions romaines de la Gaule puis les invasions barbares de la Gaule romaine. Et il ajoute : « Quel rapport existe-t-il entre les événements historiques
décrits plus haut et ceux que nous vivons en ce moment ? En réalité bien
peu ». On ne voit donc guère la nécessité de ce constat sinon qu’il
lui permet d’asséner : « Le
seul dénominateur commun est le suivant : Il s’agit d’une arrivée de
nouvelles populations sur le territoire européen. Mais contrairement à ce qui
prévalait lors des invasions barbares du
Ve siècle, le nombre de migrants
est, comparé à la population déjà présente, infime ».
On
reste pantois, accablé devant pareille assertion globalisante piétinant à la
fois l’histoire, la géopolitique et la démographie, et tout bonnement le sens
commun. « Infime » donc
pour ce veilleur intellectuel autoproclamé, le nombre de migrants par rapport à
la population déjà présente ! On note bien sûr que Bouchaud, sans
vergogne, ne cite aucun nombre, ne considère aucune durée, ni aucun territoire
défini. Évidemment, si l’on considère le nombre de « migrants »
arrivant plausiblement en un jour sur le territoire de l’Union européenne –
quelques centaines ? quelques milliers ? – et par toutes les voies de
pénétration possibles de l’Espagne aux Balkans et par tous les moyens de
cheminement, cela peut être dit « infime ». Mais sur dix jours ?
Et sur cent jours ? Et sur dix ans, et sur cinquante ans ?
« Infime » toujours ? « Infime » vraiment ?
Ce
Bouchaud n’évoque même pas un fondamental facteur d’appartenance, d’identité,
de différenciation : l’islam. Ce mot ne vient pas une seule fois sous sa
plume. Certes les phénomènes d’immigration et de migrations ne se ramènent pas
à ce seul critère. Mais tout de même ! Combien de musulmans en France, en
Espagne, en Italie, il y a seulement trente ans ? Et combien de
mosquées ? Et combien aujourd’hui ? Proportions « infimes »
vraiment ? Demandez donc ce qu’ils en pensent à des milliers
d’instituteurs. Et pas seulement du « 93 » comme on dit aujourd’hui
(dans ce département qui est encore « Seine » mais si peu
« Saint-Denis ») mais aussi de milliers d’écoles des agglomérations
de Roubaix à Toulouse, de Pau à Grenoble, de Montpellier à Marseille et à Lyon,
de Perpignan à Mulhouse, à ceux même de moindres villes telles celles de ma
région, de Montauban, de Graulhet, de Mazamet. « Infime » ? Non,
un chiffre considérable de plusieurs millions, dès les années 1980 et chaque
année augmenté de deux ou trois cent mille nouveaux arrivants.
Or,
simultanément - mais est-ce interdit
d’évoquer la réalité, interdit de formuler des constats ? – la
démographie des populations qu’on peut désigner comme « vieilles
européennes », diminue bien en dessous des seuils de remplacement. En
France comme en Allemagne, en Italie, en Espagne… Causes multiples
certes : multiplication des divorces, contraception développée, avortement
banalisé, individualisme, société fatiguée…
Regardons
les photos des villes et des campagnes, des fêtes et des foules des temps « que
les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » et même que les
moins de cinquante ans n’ont pas connus. En quoi est-il donc monstrueux de
constater en bien des lieux de visibles changements ethnoculturels,
sociologiques, religieux ? De constater à Marseille que le Vieux-Port
n’est plus exactement celui de Pagnol ? Aucune haine là-dedans !
Aucune xénophobie ! Mais, à rebours, en certains quartiers de Toulouse, où
se trouve la nombreuse population des imams salafistes, vit-on vraiment selon l’idéal
du « vivre-ensemble » ? Et ainsi, dans tant de « territoires interdits de la
république », comme certains sont désormais
bien obligés de les nommer, et où sévit le pire racisme antiblanc.
En
1976, j’y reviens, j’écrivais pour la revue Itinéraires
un article, non pas de prophétie mais de prospective : « Le génocide français ».
J’anticipais ainsi ce génocide, selon quatre phases, spirituel, culturel,
démographique, civilisationnel :
-
les Français de moins en moins chrétiens,
-
les Français de moins en moins français,
-
les Français de moins en moins nombreux en France,
-
les Français de plus en plus vidés de leur appartenance à l’humanité.
J’avais
médité sur la définition du génocide élaborée après son étude de
l’extermination des Arméniens et autres chrétiens de Turquie par le créateur du
mot, le grand magistrat juif polonais, Raphaël Lemkin : « Tout plan méthodiquement coordonné
pour détruire la vie et la culture d’un peuple et menacer son unité biologique
et spirituelle ». Définition adoptée à l’O.N.U. et au Tribunal de
Nuremberg.
À
la réflexion, ce que je constatais pour la France ne me paraissait pas en
contradiction avec cela. Simplement, à la différence des génocides perpétrés
par les Jeunes-Turcs, les nazis et les communistes, la poursuite d’un génocide moins
brutal, sous anesthésie, d’un génocide par substitution de population. On peut
ensuite débattre : « génocide »
selon moi, ou « suicide »
selon Éric Zemmour ou Douglas Murray, ou « grand
remplacement » comme Renaud Camus. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut
être atteint d’une grande aptitude au déni de réalité pour qualifier de « fantasmagorie » le grand
remplacement !
Retour sur Orwell
À
l’occasion de la nouvelle, et excellente, traduction de « 1984 » par Josée Kamoun, on peut se féliciter qu’un
siècle après la Révolution d’Octobre et la création par le monstre Dzerjinski
de la Tchéka lénino-trotskiste, matrice de la Gestapo, le génial Orwell ait
fait l’objet d’un « grand retour » culturel. Comme je l’ai mentionné
en tête de blog, le dossier que lui a consacré Le Point serait globalement bon s’il ne souffrait d’une certaine
soumission à la bien-pensance, particulièrement affligeante.
Ainsi,
dans un tableau intitulé « Ses
erreurs de jugements », y dénonce-t-on son homophobie parce qu’il « utilisait régulièrement les termes
« folle » et « tapette » pour discréditer ses
adversaires ». Qualificatifs en effet que notre Big Brother collectif
ne saurait aujourd’hui que traquer ! Et au diable la liberté d’expression !
On
nous a présenté encore Orwell comme « pas
franchement féministe » (sic) parce qu’il « a souvent dépeint des
personnages féminins sans grandes capacités intellectuelles ». Bien
sûr, on ne saurait aujourd’hui que camper des femmes de haute volée
intellectuelle. Sinon, gare, Big Sister pourrait vous regarder !
Enfin,
le pire : Georges Orwell « s’opposait
à l’avortement ». C’est évidemment ce que, au Point, on se devait de
relever comme « une erreur de
jugement ».
Car,
point trop n’en faut contre notre actuel Big Brother.
P.S. :
Le hasard de mes déambulations d’été dans le grenier de mes archives et de mes
publications me fait redécouvrir le numéro 32 de La Griffe du premier trimestre 1999. Je l’avais titré « Sale Français !... ».
Mon éditorial débutait en effet par ces lignes : « ‘C’est ainsi, je ne peux plus sortir dans certains quartiers
sans me faire traiter de sale Français.’ L’homme qui dit cela, à la télévision,
dans un long entretien où il avoue son désarroi face à la montée de la
sauvagerie dans sa ville, c’est le maire de Toulouse, Dominique Baudis ».
Dominique
Baudis, emporté encore jeune, n’est hélas plus de ce monde mais je m’étais
remémoré à l’époque, en cette année 1999, qu’il n’y avait pas si longtemps, quelques
années à peine avant l’expression de son désarroi devant l’injure raciste, il
se félicitait encore de ce que sa ville soit une « grande ville juive, espagnole et arabe », une grande
ville d’un heureux « vivre-ensemble ».
Je lui avais alors fait remarquer qu’il aurait pu tout de même ajouter que
Toulouse était aussi, tout de même, une grande ville française, gasconne et languedocienne
avec également sa composante « pied-noir ».
Depuis,
on sait quelle tournure a pris à Toulouse le « vivre-ensemble ». Pas
de problème bien sûr entre Français de longue date et ceux d’origine espagnole
et autres origines européennes et ceux de religion ou de culture juive. Mais
Baudis n’aura pas pu connaître ici-bas les abominables crimes d’un Mohamed
Merah, immonde assassin de nos soldats de Montauban et des petits-enfants de
l’école juive Hozaratorah. Ni constater l’incroyable popularité de ce dernier
dans certains secteurs de la population « arabe » ou plus exactement
islamique. Et on voit ce même phénomène de popularité dans certains
quartiers de Carcassonne pour l’assassin des victimes de Carcassonne et de
Trèbes et de l’héroïque colonel Beltrame.
Mais
le successeur de Baudis, Jean-Luc Moudenc, qui peut encore moins ignorer que
son prédécesseur la réalité de la population pro-islamiste de sa ville dans des
quartiers de « grand remplacement », n’en était pas moins présent
avec l’archevêque et autres notabilités, rabbin y compris, à l’inauguration de
la grande mosquée de Toulouse, autour de son imam, Mohamed Tatai qui, sans
doute, se délecta en leur disant bien sûr quelques-uns des versets des hâdiths
en arabe ne prônant pas vraiment un bon « vivre-ensemble » notamment
avec les juifs.
Heureusement
qu’à Toulouse aussi, sans doute, « le grand remplacement » n’est
qu’une fantasmagorie…