Les
abonnés se souviennent de ce que j’avais, il y a quelques années, titré
Reconquête : « Le grand retour ottoman ». La plupart des États
européens, mais aussi les États-Unis et Israël s’illusionnaient alors sur Recep
Tayyip Erdogan, généralement qualifié dans nos médias « d’islamiste
modéré » alors que tout, déjà, montrait qu’il était tout simplement un
islamiste pan-ottoman et férocement antichrétien dans la continuité
exterminationniste du dernier sultan, Abdul Hamid II, des Jeunes-Turcs
francs-maçons, organisateurs du génocide, et de Mustapha Kemal qui le
paracheva. J’ai souvent rappelé autant que de besoin les mots du poète turc
national-impérialiste qu’Erdogan aimait citer et qui l’inspirent : « Les mosquées sont nos casernes, les
coupoles nos casques, les minarets nos baïonnettes et les croyants nos
soldats ».
Il
y a peu, Donald Trump, qui ne veut pas déplaire à son électorat évangélique, a
manifesté son indignation devant la persistance du pouvoir turc à maintenir
odieusement en détention – et quelle détention ! – depuis bientôt deux
ans, le pasteur américain Andrew Brunson, père de trois enfants, accusé de tout
et de n’importe quoi, en fait, coupable d’animer à Izmir, l’ancienne Smyrne,
une minuscule communauté chrétienne résiduelle, là où, au début du XXe
siècle, les chrétiens, principalement grecs, étaient encore majoritaires.
Erdogan a fulminé contre le président américain capable de préférer « un
prêtre », a-t-il dit avec dédain, à son partenaire stratégique de l’OTAN.
Erdogan,
qui manœuvre des masses de fanatiques nationalistes islamo-turcs en Allemagne
et en France, continue à l’évidence de professer une conception de la nation ottomane
aussi islamiquement pure que possible et ce par tous les moyens. Ne se
trouve-t-il pas régulièrement des « déséquilibrés » pour assassiner
un de ces héroïques prêtres ou religieux ayant osé venir en Turquie pour
perpétrer une infime présence de témoignage chrétien ?
Peut-être
a-t-on parlé à Trump du très courageux ambassadeur américain Henry Morgenthau
qui pendant les années du génocide arménien (et des autres chrétiens), œuvra au
péril de sa vie pour témoigner de l’immense barbarie jeune-turque ? Peut-être
veut-il être digne de sa mémoire ?