Alors
que, plus que jamais, le redoutable dictateur chinois aux allures bonhommes, Xi
Jinping, entend diriger d’une main de fer son pays dans le sillage de la
politique du grand Mao (le plus grand exterminateur de l’histoire), l’habile et
plaisant Vladimir Poutine, lui, l’ancien du KGB (« KGB un jour, KGB
toujours » ?), ne ramène-t-il pas un peu la Russie en quelques
aspects au moins au modèle soviétique ?
Après
avoir notamment décidé de modifier l’hymne russe avec l’air de l’hymne
soviétique, après la reconquête de la Crimée, après avoir exalté régulièrement
l’œuvre de Felix Dzerjinski, le démoniaque fondateur de la Tchéka, voilà qu’il
a signé le lundi 30 juillet un oukase de résurrection de la « direction politico-militaire »
des forces armées. Et ce, très symboliquement, un siècle jour pour jour après
la création de cet organe par le pouvoir bolchevique qui le mit en place à ses
débuts avec l’appellation de « bureau russe des commissaires
politiques », remplacé peu après, et jusqu’en 1991, par l’appellation qui
vient d’être reprise. En clair, c’est un organe d’éducation et de contrôle
idéologique de l’armée russe sur le modèle de celui, jadis, mis en place pour
l’Armée rouge, qui vient d’être recréé.
À
cette actuelle direction incombera notamment « l’éducation militaire
patriotique des jeunes ». Pas exactement un « gadjet » de type
service civil – colonie de vacances d’un mois que Macron veut proposer chez
nous…
Ce
que corrobore le fait que c’est à l’un des plus prestigieux officiers de
l’armée russe, le colonel-général Andreï Kartapalov (54 ans) qu’a été confié
cette mission de réanimation et d’organisation de la direction.
Kartapalov
commandait depuis 2016 jusqu’à ce jour les troupes russes en Syrie après avoir tenu
pendant deux ans le poste le plus important de l’état-major russe. Et pour que
soit bien renforcée l’importance qu’il accorde à la nouvelle direction, Poutine
a fait suivre la signature de son oukase par la désignation de Kartapalov au
rang de vice-ministre.
Les
poutinophiles pourront certes faire observer que Kartapalov n’est pas comme un
de ces commissaires politiques de jadis chargés de contrôler la rectitude
idéologique marxiste-léniniste de l’Armée rouge. Et qu’il est plutôt tout
simplement un commissaire militaire chargé d’éduquer les jeunes dans l’amour de
la patrie et de son armée en développant les structures d’instruction déjà
existantes à partir des organisations dynamiques du scoutisme poutinien.
Trouver là une ressemblance avec les chantiers de jeunesse imaginés en France
sous le gouvernement de Vichy serait évidemment un peu anachronique…
Mais
ce qui n’a pas pour l’heure été bien précisé, c’est la mission politique sur
l’armée dont Poutine a chargé Kartapalov. Le fait que ce dernier soit un
militaire, n’exclue pas qu’il puisse être un redoutable commissaire politique.
Mais au service de quelle idéologie exactement ?
Peut-être
s’agit-il de l’idéologie simplement poutinienne, ce nationalisme grand-russe
mâtiné d’étatisme néo-soviétique ?