Qu’il est bon camarade
ce Xi Jinping qui a prêté son bel avion au petit dodu Kim Jong Un pour aller
faire un peu de tourisme à Singapour et y serrer la main de ce Donald Trump au
visage avenant de bison du Nebraska.
Dans cette affaire-là,
il y a depuis des années tromperie sur toute la ligne. Elle repose sur le déni
de réalité que la Corée du Nord communiste, de 25 millions d’habitants, certes
ultra-militarisée et nucléarisée, n’est pourtant qu’une pièce dans le jeu de la
Chine communiste soixante fois plus peuplée et disposant de l’immense puissance
militaire que l’on sait.
Rappelons que dans ce
pays, fonctionne toujours à plein le système des camps du Laogaï (le Goulag
chinois) où sont notamment détenus des milliers de catholiques non soumis à l’Église
nationale. Sacrifices immenses d’autant plus héroïques que désormais le Vatican
de François, admirateur du régime (« le plus proche de la doctrine sociale
de l’Église !», selon son très fidèle Mgr Marcelo Sanchez Sorondo,
chancelier de l’Académie pontificale des sciences), entend persuader les
catholiques non soumis à l’Église du régime que, dorénavant, c’est en
rejoignant cette dernière qu’ils seront obéissants à Rome !
Quand on sait avec
quelle férocité le régime communiste a traité le Tibet (massivement génocidé)
et ses autres minorités, on mesure l’hypocrisie des discours « droitdelhommistes »
du Vatican.
Avec une constante d’environ
cent à cent cinquante mille détenus dans ses camps de la mort lente, la Corée
du nord fonctionne sur le modèle chinois. On mesure en Extrême-Orient la
réalité de la continuité lénino-stalinienne et maoïste. Sans compter - on le
voit, avec la coupe du monde de foutebale - que la Russie, de ses places à l’entrée
de ses stades, a conservé les statues du grand criminel dont la charogne
siliconée est toujours au pied du Kremlin sous le mausolée de la Place Rouge.
Or, Donald Trump, après
ses rodomontades de « matamore » ou plutôt de « matacocos »,
n’a rien obtenu du camarade Kim. Et pour la bonne raison que ce n’est que le
grand timonier Xi Jinping qui pourrait lui retirer ses joujoux nucléaires. Alors,
ce n’est pas demain la veille que la péninsule coréenne va être dénucléarisée ;
d’autant qu’elle n’est jamais qu’un petit territoire sous surveillance
chinoise.
En résumé, toute cette
affaire américano-coréenne, c’est comme la comédie de Shakespeare : « Beaucoup
de bruit pour rien ».
Le foot et Lénine.
Demain se déroulera à Moscou,
stade Loujniki, le premier match du Mondial de foot 2018.
Les dizaines de milliers
de supporters pourront contempler à l’entrée l’immense statue du créateur de la
Tchéka et du Goulag : Vladimir Illitch Oulianov, dit Lénine.
On a sous son socle
étalé une grande banderole en anglais : « Official fan shop »
sur laquelle figurent encore les inscriptions « Adidas » et « Visa ».
On se souvient de la parole, il y a un siècle, du dictateur bolchevique : « les
capitalistes sont si bêtes qu’ils nous paieront la corde pour les pendre ! ».
Mais aujourd’hui on peut
se demander si, dans un phénoménal génie de la synthèse dialectique, Vladimir
Poutine ne réalise pas l’émergence d’une sorte de national et impérial
libéralisme néo-bolchevique russe ?
Naturellement, nous
plaisantons un peu. Mais pas tout à fait.
L’histoire est certes
riche en analogies. Mais elle n’est pas un éternel recommencement. Or, face à
des joueurs d’échecs comme Xi et Poutine, que peut bien penser un Trump des
leçons de l’histoire ?