Il y a quinze jours, à
Beyrouth, au siège du parti Kataëb, notre ami Samy Gemayel, son président, nous
recevait longuement, bien qu’il fût en en pleine campagne électorale. Il nous
disait :
« L’Iran n’a plus besoin d’ambassade au Liban ;
avec le général Aoun, plus que soutenu, complètement tenu par le Hezbollah, il
est à la présidence de la République ; il est à la présidence de l’Assemblée
nationale avec le chiite Nabi Berry ; il y dispose de la majorité avec ses
alliés aounistes.
Enfin, avec le Hezbollah, qui n’est pas seulement un parti
mais est devenu plus qu’une milice, une armée qu’il a puissamment équipée, qu’il
encadre et commande, l’Iran domine de fait, insupportablement, notre pays. Face
à cela, nous maintenons et défendons coûte que coûte ce qui reste de liberté au
Liban dont nous voulons réaffirmer le droit à la souveraineté ».
Car, après le départ des
occupants syriens en avril 2005, leur allié du Hezbollah libanais ne s’était
pas volatilisé, au contraire, maintenant fortement ses positions dans la Bekaa
et surtout au sud, le long de la frontière avec Israël.
La guerre de 2006 entre
Israël et le Hezbollah ne fut pas décisive, marquée plutôt par un échec pour l’armée
hébreue, laissant sur le terrain beaucoup de ses excellente chars d’assaut
Merkava.
Depuis, le Hezbollah s’est
fortement renforcé, recevant notamment des pasdarans iraniens (« gardiens
de la révolution ») une dotation de plusieurs milliers de missiles
balistiques constituant un danger pour Israël malgré, jusqu’ici, le très
efficace système de défense antimissiles de ce pays.
Israël, on vient de le
voir, a réagi très durement aux manifestations des foules pourtant désarmées de
Gaza, lancées par le Hamas au pouvoir dans cette entité palestinienne. Aussi on
imagine difficilement que le moindre incident, toujours possible, avec le
Hezbollah ne soit pas suivi d’une nouvelle tentative israélienne d’éradication.
La majorité des Libanais
souverainistes ne la désapprouveraient certainement pas s’ils pouvaient du
moins ne pas en être des victimes.
Faudra-t-il donc que le
Liban paye encore lourdement son indépendance du prix du sang ? On veut l’espérer.
Sans grande illusion.
Nous traiterons
notamment de cela ce mercredi dans notre émission (de 18 h à 21 h) sur
Radio-Courtoisie.
Au programme encore :
- - Jeanne
Smits de retour de Rome.
- - Mai
68 : suite.
- - La
réédition très heureuse, sous le titre « La machine révolutionnaire »,
de textes majeurs d’Augustin Cochin, ce grand analyste des phénomènes de la
révolution française. Et la critique de la recension dans le Figaro de ce jour,
à bien des égards affligeante, et sous le titre surprenant de « Cochin,
théoricien de la démocratie ». Contentons-nous pour l’instant de rappeler
qu’il fut avec ses ouvrages « les sociétés de pensée », « l’esprit
du jacobinisme » et « la révolution et la libre pensée » l’un
des plus décisifs et percutants analystes du système de manipulation de la
révolution française, à l’origine de tous les totalitarismes modernes.