Nous étions en ce pays
alors que battait son plein la dernière phase de la campagne des élections
législatives, les premières depuis neuf ans et dont on aura les résultats ce
dimanche soir 6 mai alors que la diaspora a déjà voté. Le mode de scrutin est
probablement le plus compliqué, le plus surréaliste que l’on puisse observer et
s’efforcer de comprendre.
Il faut vraiment s’y reprendre
à plusieurs fois pour appréhender les règles d’attribution des 128 sièges, à la
proportionnelle, mais dans le cadre des cazas
(circonscriptions administratives propres à ce pays) regroupées en 15 circonscriptions
(de une à quatre cazas). Un nombre variable de sièges en fonction de la
population y sont à pourvoir, et sur la base d’un mécanisme d’attribution sur
critère communautaire (chiites, sunnites, druzes, maronites, orthodoxes, grecs
catholiques, etc…) et à pourvoir parmi les candidat des listes présentés par
les partis, non sans coalitions ou ententes locales, et sur la base aussi d’un
choix de vote préférentiel parmi les candidats de la liste.
Et c’est ainsi que, par
exemple, des chiites pourront peser selon les configurations pour faire élire
un sunnite ou un maronite. Et de même, des maronites pour faire élire en d’autres
lieux tel candidat d’autre confession musulmane ou chrétienne.
Bref, un mode de désignation
dont nous ne vous conseillons pas d’étudier la subtilité toute orientale si
vous ne disposez pas de capacités d’analyse bien supérieures aux nôtres.
En revanche, ce qui
semble clair, mais nous verrons cela dimanche soir, c’est que, sauf glissements
marginaux, les rapports de force au Sérail n’évolueront guère. Hélas.
Le parti « Forces
Libanaises » de Samir Geagea devrait tout de même obtenir, nous a-t-on
affirmé, un peu plus de sièges (2 ou 3 de plus) et ce serait bien. On peut
hélas regretter que ce mouvement se soit
soumis à la nécessité d’une alliance (par trop dépendante) avec le parti
sunnite de Saad Hariri, l’actuel premier ministre sunnite.
Cependant une autre
partie des chrétiens soutient encore le général Aoun, président de la
République, allié du Hezbollah, le parti-milice chiite totalement sous contrôle
de l’Iran et dont des milliers d’hommes combattent en Syrie.
Notre sympathie va donc
bien sûr prioritairement aux listes souverainistes de nos amis Samy Gemayel, le
président des Kataëb (candidat dans le fief familial du Meten), et de Nadim
Gemayel, (candidat dans le bastion de la résistance chrétienne, le quartier d’Achrafieh
au cœur de Beyrouth).
Par-delà leur hallucinant système, l’importance
de ces élections est déterminante pour l’avenir non seulement du Liban mais de
tout le Proche-Orient. Espérons qu’elles ne vont pas entraîner une mainmise
encore plus grande de l’Iran sur le pays des cèdres.
Car c’est là le revers
de ce qui se passe en Syrie. Dans ce pays, il est certes préférable que le
régime n’ait pas été balayé par les forces islamistes, appuyé qu’il a été par
la Russie mais aussi par le Hezbollah.
Or l’islamisme chiite ne
vaut pas mieux que l’islamisme sunnite. Les deux islamismes ne veulent qu’un
seul mode de relation avec les chrétiens : la dhimmitude. Et à terme leur
disparition. Comment oublierait-on que l’entente syro-iranienne est dans la
continuité de l’atroce occupation syrienne du Liban jusqu’à il y a peu ?