vendredi 4 mai 2018

Élections législatives au Liban


Nous étions en ce pays alors que battait son plein la dernière phase de la campagne des élections législatives, les premières depuis neuf ans et dont on aura les résultats ce dimanche soir 6 mai alors que la diaspora a déjà voté. Le mode de scrutin est probablement le plus compliqué, le plus surréaliste que l’on puisse observer et s’efforcer de comprendre.

Il faut vraiment s’y reprendre à plusieurs fois pour appréhender les règles d’attribution des 128 sièges, à la proportionnelle, mais dans le cadre des cazas (circonscriptions administratives propres à ce pays) regroupées en 15 circonscriptions (de une à quatre cazas). Un nombre variable de sièges en fonction de la population y sont à pourvoir, et sur la base d’un mécanisme d’attribution sur critère communautaire (chiites, sunnites, druzes, maronites, orthodoxes, grecs catholiques, etc…) et à pourvoir parmi les candidat des listes présentés par les partis, non sans coalitions ou ententes locales, et sur la base aussi d’un choix de vote préférentiel parmi les candidats de la liste.

Et c’est ainsi que, par exemple, des chiites pourront peser selon les configurations pour faire élire un sunnite ou un maronite. Et de même, des maronites pour faire élire en d’autres lieux tel candidat d’autre confession musulmane ou chrétienne. 

Bref, un mode de désignation dont nous ne vous conseillons pas d’étudier la subtilité toute orientale si vous ne disposez pas de capacités d’analyse bien supérieures aux nôtres.

En revanche, ce qui semble clair, mais nous verrons cela dimanche soir, c’est que, sauf glissements marginaux, les rapports de force au Sérail n’évolueront guère. Hélas.

Le parti « Forces Libanaises » de Samir Geagea devrait tout de même obtenir, nous a-t-on affirmé, un peu plus de sièges (2 ou 3 de plus) et ce serait bien. On peut hélas  regretter que ce mouvement se soit soumis à la nécessité d’une alliance (par trop dépendante) avec le parti sunnite de Saad Hariri, l’actuel premier ministre sunnite.

Cependant une autre partie des chrétiens soutient encore le général Aoun, président de la République, allié du Hezbollah, le parti-milice chiite totalement sous contrôle de l’Iran et dont des milliers d’hommes combattent en Syrie. 

Notre sympathie va donc bien sûr prioritairement aux listes souverainistes de nos amis Samy Gemayel, le président des Kataëb (candidat dans le fief familial du Meten), et de Nadim Gemayel, (candidat dans le bastion de la résistance chrétienne, le quartier d’Achrafieh au cœur de Beyrouth).      

 Par-delà leur hallucinant système, l’importance de ces élections est déterminante pour l’avenir non seulement du Liban mais de tout le Proche-Orient. Espérons qu’elles ne vont pas entraîner une mainmise encore plus grande de l’Iran sur le pays des cèdres.

Car c’est là le revers de ce qui se passe en Syrie. Dans ce pays, il est certes préférable que le régime n’ait pas été balayé par les forces islamistes, appuyé qu’il a été par la Russie mais aussi par le Hezbollah.
 
Or l’islamisme chiite ne vaut pas mieux que l’islamisme sunnite. Les deux islamismes ne veulent qu’un seul mode de relation avec les chrétiens : la dhimmitude. Et à terme leur disparition. Comment oublierait-on que l’entente syro-iranienne est dans la continuité de l’atroce occupation syrienne du Liban jusqu’à il y a peu ?