mardi 4 juillet 2017

Les résultats annuels de l’enquête « Fractures françaises » : brefs commentaires



Les résultats de l’enquête annuelle « Fractures françaises », menée par la Fondation Jean Jaurès, Sciences Po et le Monde, réalisée par l’institut Ipsos, sont souvent intéressants à analyser, même s’il faut y mettre la distance nécessaire. Parmi les chiffres saillants de cette étude, on relèvera tout d’abord ceux qui concernent l’immigration et l’islam : pour plus de 65% des sondés, « il y a trop d’étrangers en France » ; 95% des sympathisants du FN sont de cet avis, et 83% des sympathisants LR (en progression d’année en année), contre 46% des électeurs En Marche et PS, et 30% des partisans de la France insoumise. Globalement, 60% des personnes estiment « ne plus se sentir chez elles comme avant » et que « de manière générale, les immigrés ne font pas d’efforts pour s’intégrer en France ».

De même, 40% des interrogés pensent que « la pratique de l’islam est compatible avec les valeurs de la société française ». Encore 40%, pourrait-on dire ! Mais cette proportion diminue très fortement depuis 2015. Plus intéressant encore, malgré la formulation de la question et en dépit de l’intense bourrage de crânes médiatico-politique visant à exonérer l’islam, système théologico-politique, de toute responsabilité dans les atrocités commises en son nom, 46% des sondés sont d’avis que « même s’il ne s’agit pas de son message principal, l’islam porte malgré tout en lui des germes de violence et d’intolérance ». Ce pourcentage progresse de 5 points par rapport à l’année dernière. Il ne faut donc jamais désespérer de rien, et jamais surestimer le pouvoir anesthésiant des propagandes.

Ces deux thèmes essentiels, immigration et islam, ont été marginalisés durant la campagne présidentielle et le FN, attendu, par ses électeurs traditionnels comme par les nouveaux venus déçus des autres partis, sur ce terrain où il aurait pu gagner en crédibilité et en voix après deux quinquennats catastrophiques, a laissé passer lamentablement l’occasion. Il s’est même trouvé après les scrutins la jamais décevante (sic) Sophie Montel pour déclarer que le Front National était « trop anxiogène sur l’immigration » (avant d’être mise à pied de ses fonctions de présidente du groupe FN en Bourgogne-Franche-Comté). Or, s’il y a bien un constat que cette étude « Fractures Françaises » contribue à valider, c’est l’urgence de la question migratoire et islamique en France, et la prise de conscience, certes progressive et certes pas encore assez « traduite » dans les urnes, par une part majoritaire et toujours croissante du peuple français de cette urgence vitale.

On mentionnera aussi, en passant, l’analyse de stratégie politique qu’en tirent deux des directeurs de cette étude, Gilles Finchelstein de la Fondation Jean Jaurès et Brice Teinturier d’Ipsos : il n’y a ni porosité ni convergence de valeurs entre les électorats Front National et France Insoumise, en particulier, justement, au sujet de l’immigration et de l’islam, mais pas uniquement. Pour les deux analystes, « les cultures politiques demeurent profondément ancrées » et « la jonction des populismes n’est pas à l’ordre du jour ». C’est en soi une excellente confirmation de ce que la plupart des commentateurs sincères savaient déjà, tant il n’y a en effet rien de commun avec les valeurs de la vraie droite, et d’ailleurs rien de bon pour la France dans le néo-bolchevisme de Mélenchon et d’Alexis Corbière, son Saint-Just en HLM.


Pierre Henri