Les
résultats de l’enquête annuelle « Fractures françaises », menée par
la Fondation Jean Jaurès, Sciences Po et le Monde, réalisée par l’institut
Ipsos, sont souvent intéressants à analyser, même s’il faut y mettre la
distance nécessaire. Parmi les chiffres saillants de cette étude, on relèvera
tout d’abord ceux qui concernent l’immigration et l’islam : pour plus de
65% des sondés, « il y a trop d’étrangers
en France » ; 95% des sympathisants du FN sont de cet avis, et
83% des sympathisants LR (en progression d’année en année), contre 46% des
électeurs En Marche et PS, et 30% des partisans de la France insoumise.
Globalement, 60% des personnes estiment « ne plus se sentir chez elles comme avant » et que « de manière générale, les immigrés ne font
pas d’efforts pour s’intégrer en France ».
De
même, 40% des interrogés pensent que « la
pratique de l’islam est compatible avec les valeurs de la société française ».
Encore 40%, pourrait-on dire ! Mais cette proportion diminue très
fortement depuis 2015. Plus intéressant encore, malgré la formulation de la
question et en dépit de l’intense bourrage de crânes médiatico-politique visant
à exonérer l’islam, système théologico-politique, de toute responsabilité dans
les atrocités commises en son nom, 46% des sondés sont d’avis que « même s’il ne s’agit pas de son message
principal, l’islam porte malgré tout en lui des germes de violence et d’intolérance ».
Ce pourcentage progresse de 5 points par rapport à l’année dernière. Il ne faut
donc jamais désespérer de rien, et jamais surestimer le pouvoir anesthésiant
des propagandes.
Ces
deux thèmes essentiels, immigration et islam, ont été marginalisés durant la
campagne présidentielle et le FN, attendu, par ses électeurs traditionnels
comme par les nouveaux venus déçus des autres partis, sur ce terrain où il
aurait pu gagner en crédibilité et en voix après deux quinquennats catastrophiques,
a laissé passer lamentablement l’occasion. Il s’est même trouvé après les
scrutins la jamais décevante (sic)
Sophie Montel pour déclarer que le Front National était « trop anxiogène sur l’immigration »
(avant d’être mise à pied de ses fonctions de présidente du groupe FN en
Bourgogne-Franche-Comté). Or, s’il y a bien un constat que cette étude « Fractures
Françaises » contribue à valider, c’est l’urgence de la question
migratoire et islamique en France, et la prise de conscience, certes
progressive et certes pas encore assez « traduite » dans les urnes,
par une part majoritaire et toujours croissante du peuple français de cette
urgence vitale.
On
mentionnera aussi, en passant, l’analyse de stratégie politique qu’en tirent
deux des directeurs de cette étude, Gilles Finchelstein de la Fondation Jean
Jaurès et Brice Teinturier d’Ipsos : il n’y a ni porosité ni convergence
de valeurs entre les électorats Front National et France Insoumise, en
particulier, justement, au sujet de l’immigration et de l’islam, mais pas
uniquement. Pour les deux analystes, « les
cultures politiques demeurent profondément ancrées » et « la jonction des populismes n’est pas à l’ordre
du jour ». C’est en soi une excellente confirmation de ce que la
plupart des commentateurs sincères savaient déjà, tant il n’y a en effet rien
de commun avec les valeurs de la vraie droite, et d’ailleurs rien de bon pour
la France dans le néo-bolchevisme de Mélenchon et d’Alexis Corbière, son
Saint-Just en HLM.
On
pourra consulter cette étude sur : http://www.ipsos.fr/decrypter-societe/2017-07-03-fractures-francaises-2017-defiance-recule-peu
Pierre Henri