jeudi 8 juin 2017

L’humeur du jour de François Girardin: du déni à la fiction, la presse redéfinit le crime et les criminels



C’est toujours le premier pas qui compte…

Mais en parlant de premier pas, on peut dire que des kilomètres ont été parcourus aujourd’hui, en matière de déni et d’inversion dans les médias !

Pensons par exemple au journal Libération titrant en 1975 sur sa une, tandis que les Khmers rouges commençaient à déporter les Cambodgiens vers les camps de la mort : « Phnom Penh : sept jours de fête pour une libération ». Et ce, bien sûr, sans qu’aucune excuse ou repentance quelconque n’ait été formulée ultérieurement, puisqu’au contraire la publication de 40 ans de « unes », récemment, a donné lieu au caviardage pur et simple de ce numéro de la honte, qui est loin d’être la seule ombre au tableau pour cette autocélébration du journal.

Plus près de nous, il y a Cologne. Souvenons-nous, c’était la nuit de la Saint-Sylvestre 2015. Dans la ville de Cologne en Allemagne, mais en réalité dans la plupart des grandes villes de ce pays, comme on devait l’apprendre par la suite, eurent lieu de véritables viols collectifs organisés dans les foules en liesse par des populations fraîchement arrivées en Allemagne. Mais le scandale ne devait éclater qu’une semaine plus tard, après qu’un rapport interne de la police eut été « fuité », faute de quoi on peut légitimement penser que le couvercle eût été encore maintenu sur la marmite.

Cologne, c’est près de 800 plaintes enregistrées, dont une quarantaine de plaintes cachées par la police très vraisemblablement sur ordre de l’exécutif. Cologne, c’est aussi le silence coupable des médias, lesquels ne prendront la parole que contraints et forcés par les circonstances et de façon outrageusement malhonnête et complaisante envers les violeurs. Qu’entendra-t-on, en effet, lors de ce mois de janvier 2016 ?

1/ Les agresseurs ne sont pas des « migrants », mais simplement des immigrés de fraîche date venant des pays arabo-musulmans du Maghreb et du Moyen-Orient. On a osé expliquer à l’époque que cette deuxième version était sans conteste beaucoup plus « antifasciste » et respectueuse des droits de l’Homme que la première et qu’elle devrait par conséquent clouer le bec à tous ceux qui avaient commencé à s’émouvoir du scandale en parlant des « migrants »… Des immigrés de culture islamique, donc, pas des migrants : il n’en fallait pas moins, selon les chœurs de l’indignation de la presse retardataire, pour constituer une puissante excuse aux viols et aux agressions sexuelles en bande organisée !

2/ Dans la foulée, on constata que « des idées fausses sur les femmes occidentales » biaisaient le comportement de « migrants » par ailleurs tout ce qu’il y avait de plus braves. Mais de ces idées-là, le grand public ne connut pas l’origine : sans doute venaient-elles de la planète Mars. Toujours est-il que les programmes de cours à l’éducation affective et sexuelle dans le cadre du « vivre-ensemble » furent organisés, de manière qu’une réponse pédagogique appropriée puisse être apportée au « problème », plutôt que soit encouragée une répression faisant le lit des « idéologies-de-repli-les-plus-moisies-et-les-plus-nauséabondes ».

3/ Du côté des hautes autorités de la conscience morale autoproclamée, l’organisation Amnesty International, s’exprimant par la voix de son responsable des programmes pour les personnes déracinées, qualifia carrément de « détail » les événements de Cologne[i]. Forts de ce soutien de poids, il ne manquait plus aux politiques et aux journalistes que l’onction inattaquable de féministes ayant pignon sur rue, dans cette affaire de viols en réunion sur des femmes. Le plus beau fleuron illustrant le ralliement des soi-disant féministes à la banalisation scandaleuse d’une pratique ethnique et religieuse du viol à grande échelle est sans doute constitué par cette citation mémorable de Caroline de Haas : « Ceux qui me disent que les agressions sexuelles en Allemagne sont dues à l’arrivée des migrants : allez déverser votre merde raciste ailleurs. »[ii]. L’élégance en prime…

Après cela, tout devient possible, tout est permis.

De même qu’il ne s’était rien passé à Cologne, en 2015, il ne s’est donc rien passé non plus dans le quartier de La Chapelle à Paris, où les femmes, en ce joli mois de mai 2017, ont décidé (sans qu’on comprenne vraiment pourquoi…) de protester contre le harcèlement de rue et ce que pudiquement les médias qualifient d’« incivilités ». 1500 pétitionnaires contre les « violences faites aux femmes » dans un quartier euphémiquement qualifié de « populaire » sont donc comptés pour rien par des médias dont la complaisance se tourne systématiquement et exclusivement vers les « malheureux migrants ». Caroline de Haas, toujours elle, a même osé suggérer « qu’on élargisse les trottoirs »[iii] dans le quartier, de manière sans doute que des « dadames » importunes, racistes et d’ailleurs frustrées ne soient plus obligées de frôler les pauvres hommes stigmatisés.

Relativiser, déconstruire, exonérer, détourner les regards : voilà le programme et c’est toujours le même ! Avec bien sûr en corollaire la seule et unique dénonciation qui vaille, la seule délation véritablement morale et d’ailleurs héroïque : celle des « fachos », de la pensée « nauséabonde », de l’idéologie « moisie », des idées « rances », des « boules puantes » et autres substances malodorantes qui empoisonnent le débat d’entrée de jeu.

De même, que peut-on dire dans ce contexte de Sarah Halimi, défenestrée de son appartement le 4 avril dernier après avoir subi une longue séance de torture de la part d’un jeune islamiste de 27 ans qui la menaçait au vu et au su de tout le voisinage en la traitant de « sale juive » ? C’est simple, on évitera tout simplement d’en dire le moindre mot, d’autant que, présente sur les lieux depuis longtemps au moment où le jeune djihadiste était en train d’achever sa victime au cri de « Allah Akbar ! », la police, pour des raisons mystérieuses, ne se décidait pas à intervenir. Pour finir, l’assassin tortionnaire, qui pourtant ne présentait aucun antécédent psychiatrique, a été enfermé dans un établissement de soins, et du côté des médias on a observé un blackout total tandis que se préparait le grand suffrage antifasciste de l’élection présidentielle.

C’est donc en vain qu’on attendra un Carpentras médiatique. Il faut reconnaître aussi que, au contraire de l’affaire Carpentras, on voit mal comment cette affaire Halimi, qui à ce jour n’a pas encore de nom, pourrait servir de levier pour un assaut républicain contre le FN, avec appel au meurtre et menace de tous ordres contre des boucs émissaires désignés d’avance et totalement innocentés sept années plus tard… C’est donc en pure perte que cette affaire serait instruite et sans doute les gros médias, à l’exception notable du Figaro et de l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, ont-ils raison de se taire sur un fait divers absolument insignifiant comparé aux enjeux de la lutte contre les idéologies résurgentes des années trente, avec leur cortège d’odeurs inconvenantes. Quand on a la peste brune bien en face, on ne s’attarde pas sur un fait divers !

Le vrai visage du « multi kulti » sera-t-il révélé au grand jour ?

De même qu’on jugera médiatiquement inutile et importun de rapporter les agressions sexuelles survenues lors de l’édition 2017 du carnaval des cultures à Berlin. Que dire en effet d’un « carnaval » créé et organisé pour célébrer le « multi kulti » et qui serait le théâtre d’« incivilités » illustrant les mœurs de certaines « cultures » à l’exclusion des autres ? Ne serait-ce pas là de facto le signe avant-coureur d’une fragrance aux relents nauséabonds, laquelle plongerait très vite l’aventureux « lanceur d’alerte » dans un état de fièvre fasciste incurable ?

Ainsi le déni de presse, poussé jusqu'aux confins de la complicité criminelle, débouche-t-il naturellement sur l’instrumentalisation cynique du fait criminel et potentiellement jusqu’à la fiction pure et simple. Dès le 16 novembre 2015, c’est-à-dire pas plus de trois jours après les attentats islamistes du 13 novembre 2015 à Paris, la priorité du journal Libération n’était-elle pas de recueillir des témoignages d’« actes islamophobes » ? De même que de prétendues féministes n’ont pas d’insultes assez dures pour criminaliser des victimes au motif qu’elles inventeraient le récit de leurs soi-disant agressions pour « faire le jeu de l’extrême-droite », de même tout attentat islamiste donne-t-il lieu, à peine les détonations retenties, à de véritables procès en sorcellerie contre les hordes imaginaires de l’« islamophobie » au galop.

Les chantres de la bienveillance et de la réinsertion à tout prix ne s’exonèrent donc absolument pas de penser le Bien et le Mal, simplement ils le font en termes de Bons et de Méchants. Avec des Méchants qui sont toujours les mêmes, suivant une classification gravée dans le marbre de l’idéologie et quoi qu’ils puissent subir ou faire par ailleurs. Et avec des Bons qui sont toujours les mêmes aussi, suivant la même classification périodique des éléments et quoi qu’ils puissent subir ou faire, eux aussi. Alors, tant pis pour les européennes violées, maltraitées, tant pis pour les Juifs torturés, tant pis pour les Chrétiens persécutés, tant pis pour les peuples bafoués, les oubliés de la mondialisation heureuse… Ceux-là n’avaient qu’à se donner la peine de naître du bon côté de l’Histoire suivant les faiseurs d’Histoire, dans la bonne case, dans la bonne caste. Et pour le reste, qu’on les maltraite, qu’on les viole, qu’on les torture ou qu’on les supplicie, qu’est-ce que ça peut bien changer ?

Nous sommes les vrais lanceurs d’alerte.

Les choses doivent pourtant changer, c’est ce que montre l’Histoire : ce genre de situation est intenable. D’autant que, par un phénomène de vases communicants, on observe que, plus abject sera le crime, plus abjectes aussi seront les imputations à l’encontre des vraies victimes, suivant le mouvement d’une colère irrépressible de la part des idéologues ayant fait vœu d’en exonérer leurs protégés criminels pour les attribuer à leurs ennemis désignés. Commençons donc par dire cela en révélant la réalité au coup par coup, c’est notre devoir d’éclaireurs.

François Girardin


[i] Lors de l’émission Polonium, avec Natacha Polony, sur la chaîne Paris Première, le 4 mars 2016.

[ii] Le 7 janvier 2016, sur Twitter. Ayant par la suite déposé plainte en raison des violentes réactions (uniquement verbales) déclenchées par son tweet et afin de « montrer que c'est interdit et grave les menaces de violences sexuelles », celle qui avait posé un interdit moral sur la dénonciation des violeurs migrants s’est indignée dans ces termes confondants du non-lieu rendu par la Justice : « Des milliers de messages d'insultes, des dizaines d'appels à me violer, à venir me "planter", à m'égorger. Et personne n'est condamné. Notre société ne pourrait donner un message plus limpide : "les mecs, menacez tranquille, violez tranquille, le risque est nul". ». Comme quoi le bon sens n’est jamais très loin, quand il s’agit de défendre son propre intérêt, non pas celui de victimes réelles et anonymes…

[iii] lelab.europe1.fr, 22 mai 2017