La première caractéristique qui
se dégage du personnage Trump est qu’il peut au gré des circonstances proférer
tout et son contraire ; ou plutôt lire ce que désormais sa vigilante
diplomatie affairiste lui a fixé de dire.
On avait déjà noté le revirement
à 180 degrés de ses propos sur la Chine lorsqu’il en reçut le président
XI-Jingping dans sa propriété de Floride avec la délicatesse d’apparat et la
subtilité de bon goût dont il est capable. Il ne fut plus alors question de
guerre économique sans merci avec l’empire du milieu.
Hier, en Arabie, à Ryad, devant
le roi Salman et quelques dizaines de chefs d’État ou représentants de leurs
pays au sein de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), institution
majeure de l’Oumma, Trump s’est à nouveau livré à un fantastique changement de
discours et de politique.
On se souvient de la brutalité de
ses considérations, sans souci des nuances de la réalité, qu’il tenait sur l’islam
et de ses mesures d’interdit du territoire américain aux ressortissants de 7
pays musulmans.
Cette fois, timide comme un
gamin, la paupière plus tombante encore que d’habitude, ce fut lui qui s’efforça
d’effectuer en quelque sorte une danse du ventre de séduction capitaliste avec
la grâce d’un cow-boy texan, devant un parterre de richissimes bédouins, à l’évidence
jubilant en leur for interne, devant le spectacle de ce roumi désormais bien
respectueux de l’islam puisqu’ayant reçu d’eux un marché de 110 milliards de
dollars rien que d’armement, et, globalement, des contrats à hauteur de 380
milliards.
Certes il faut s’efforcer de
comprendre Donald Trump. Quand on peut vendre autant de chars d’assaut à ces
Crésus, il ne faut tout de même pas risquer de les froisser en leur suggérant
de mettre des bémols à leur charia.
Les porte-plume de Trump au
service des fabricants d’armes américaines de toutes sortes n’ont donc pas jugé
bon de lui faire tenir quelques propos à connotation évangélique de demande de
quelque liberté religieuse en ce royaume.
Et pour obtenir diplomatiquement
une cathédrale à La Mecque, ce n’est toujours pas sur lui qu’il faudra compter.
Mais plutôt, Donald Trump a proféré que l’islamisme et le terrorisme qu’il
fallait « tous ensemble, oui, tous ensemble » combattre, c’était l’Iran
et les méchants chiites.
Oublié donc le fait que la
création de « l’Etat islamique », que lui aussi désormais n’appelle plus
que « Daesh », avait été le résultat des collaborations des services secrets
turcs, saoudiens, qataris et autres, toutes puissances sunnites. Mais le Trump
aux accents nouveaux qui a discouru devant le roi Salman en a cette fois rassuré
beaucoup.
Désormais, ce n’est plus un
dangereux islamophobe. Car voilà qu’à Ryad ce bon entrepreneur américain du
bâtiment tout comme ceux de la dynastie locale des Ben Laden a finalement parlé
de l’islam à peu près aussi pacifistement que le pape François. À la nuance
près, mais de taille, que pour le moment, ce n’est pas encore le grand amour
avec l’autre branche des fils du prophète, celle des partisans d’Ali, le
quatrième calife, la chiite, celle qui est dans l’alliance avec la Russie et la
Chine. Nonobstant les accords de paix passés par le gouvernement Obama et les
autres avec cet Iran des mollahs issu d’une atroce révolution sanguinaire mais
qui n’est pas plus et pas moins idéologiquement islamo-totalitaire que la
sunnite Arabie saoudite.
Avec la nuance d’ailleurs que si
dans les deux régimes le fait d’adopter une autre religion que l’islam est
passible de la peine de mort, en Iran, les quelques chrétiens d’origine
étrangère, essentiellement arméniens, peuvent pratiquer leur religion dans de
discrètes églises selon une stricte application de la dhimmitude.
Ceci n’est même pas possible en
Arabie saoudite wahhabite, que sa dynastie considère tout entière comme étant
une grande mosquée, puisque terre du prophète.
Il est donc bien décevant que
Donald Trump n’ait pas au moins grappillé un peu de liberté chrétienne sur les
gigantesques marchés qu’il a signés. Après l’accord de paix avec l’Iran signé
par Obama et nos États Donald Trump et ses conseillers envisageraient-ils une guerre ?
On hésite tout de même devant
cette hypothèse car ce serait celle du risque d’un affrontement avec la Russie
alors que jusqu’ici Donald Trump a semblé vouloir avec Vladimir Poutine d’une
politique d’amitié.
Mais avec lui, ne faut-il pas s’attendre
à tout… et à son contraire ?
Et nous prendrons notre temps
pour analyser ultérieurement ce qu’il en sera de son passage en Israël et en
Palestine.