lundi 22 mai 2017

Pour le nouveau Trump, « islam is business ». Mais pas le chiite !




La première caractéristique qui se dégage du personnage Trump est qu’il peut au gré des circonstances proférer tout et son contraire ; ou plutôt lire ce que désormais sa vigilante diplomatie affairiste lui a fixé de dire.

On avait déjà noté le revirement à 180 degrés de ses propos sur la Chine lorsqu’il en reçut le président XI-Jingping dans sa propriété de Floride avec la délicatesse d’apparat et la subtilité de bon goût dont il est capable. Il ne fut plus alors question de guerre économique sans merci avec l’empire du milieu. 

Hier, en Arabie, à Ryad, devant le roi Salman et quelques dizaines de chefs d’État ou représentants de leurs pays au sein de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), institution majeure de l’Oumma, Trump s’est à nouveau livré à un fantastique changement de discours et de politique. 

On se souvient de la brutalité de ses considérations, sans souci des nuances de la réalité, qu’il tenait sur l’islam et de ses mesures d’interdit du territoire américain aux ressortissants de 7 pays musulmans.

Cette fois, timide comme un gamin, la paupière plus tombante encore que d’habitude, ce fut lui qui s’efforça d’effectuer en quelque sorte une danse du ventre de séduction capitaliste avec la grâce d’un cow-boy texan, devant un parterre de richissimes bédouins, à l’évidence jubilant en leur for interne, devant le spectacle de ce roumi désormais bien respectueux de l’islam puisqu’ayant reçu d’eux un marché de 110 milliards de dollars rien que d’armement, et, globalement, des contrats à hauteur de 380 milliards.

Certes il faut s’efforcer de comprendre Donald Trump. Quand on peut vendre autant de chars d’assaut à ces Crésus, il ne faut tout de même pas risquer de les froisser en leur suggérant de mettre des bémols à leur charia.

Les porte-plume de Trump au service des fabricants d’armes américaines de toutes sortes n’ont donc pas jugé bon de lui faire tenir quelques propos à connotation évangélique de demande de quelque liberté religieuse en ce royaume.

Et pour obtenir diplomatiquement une cathédrale à La Mecque, ce n’est toujours pas sur lui qu’il faudra compter. Mais plutôt, Donald Trump a proféré que l’islamisme et le terrorisme qu’il fallait « tous ensemble, oui, tous ensemble » combattre, c’était l’Iran et les méchants chiites.  

Oublié donc le fait que la création de « l’Etat islamique », que lui aussi désormais n’appelle plus que « Daesh », avait été le résultat des collaborations des services secrets turcs, saoudiens, qataris et autres, toutes puissances sunnites. Mais le Trump aux accents nouveaux qui a discouru devant le roi Salman en a cette fois rassuré beaucoup.

Désormais, ce n’est plus un dangereux islamophobe. Car voilà qu’à Ryad ce bon entrepreneur américain du bâtiment tout comme ceux de la dynastie locale des Ben Laden a finalement parlé de l’islam à peu près aussi pacifistement que le pape François. À la nuance près, mais de taille, que pour le moment, ce n’est pas encore le grand amour avec l’autre branche des fils du prophète, celle des partisans d’Ali, le quatrième calife, la chiite, celle qui est dans l’alliance avec la Russie et la Chine. Nonobstant les accords de paix passés par le gouvernement Obama et les autres avec cet Iran des mollahs issu d’une atroce révolution sanguinaire mais qui n’est pas plus et pas moins idéologiquement islamo-totalitaire que la sunnite Arabie saoudite.

Avec la nuance d’ailleurs que si dans les deux régimes le fait d’adopter une autre religion que l’islam est passible de la peine de mort, en Iran, les quelques chrétiens d’origine étrangère, essentiellement arméniens, peuvent pratiquer leur religion dans de discrètes églises selon une stricte application de la dhimmitude.

Ceci n’est même pas possible en Arabie saoudite wahhabite, que sa dynastie considère tout entière comme étant une grande mosquée, puisque terre du prophète. 

Il est donc bien décevant que Donald Trump n’ait pas au moins grappillé un peu de liberté chrétienne sur les gigantesques marchés qu’il a signés. Après l’accord de paix avec l’Iran signé par Obama et nos États Donald Trump et ses conseillers  envisageraient-ils une guerre ?  

On hésite tout de même devant cette hypothèse car ce serait celle du risque d’un affrontement avec la Russie alors que jusqu’ici Donald Trump a semblé vouloir avec Vladimir Poutine d’une politique d’amitié. 

Mais avec lui, ne faut-il pas s’attendre à tout… et à son contraire ?

Et nous prendrons notre temps pour analyser ultérieurement ce qu’il en sera de son passage en Israël et en Palestine.