mardi 18 avril 2017

Les apparatchiks du pédagogisme veulent continuer à démolir en paix !


Le « pédagogisme » est, rappelons-le, cette idéologie qui, dans ses diverses tendances et par ses multiples tenants, fait de l’école un lieu où l’on fait tout, sauf ce à quoi sert l’école, c’est-à-dire apprendre aux élèves les connaissances indispensables. On laisse l’apprenant construire ses propres savoirs et compétences dans l’interdisciplinarité, on forme un citoyen apte au vivre-ensemble, doté d’un esprit critique mais certainement pas de culture, marqueur du capital des classes privilégiées et de leurs héritiers, comme disait le  sociologue-pourrisseur Bourdieu. Enseigner ? Réactionnaire ! Inculquer ? Fasciste ! Le tristement célèbre Philippe Meirieu, grand gourou de ce délire officiel, co-signe un « appel à résister à tous les reculs et tous les replis », dans Libération du 15 avril, avec une poignée de professeurs en sciences de l’éducation, de syndicalistes, d’écrivains inconnus, et le vice-président de la Ligue de l’Enseignement.



            Cet appel, opportunément publié à quelques jours des élections présidentielles, accumule, dans un jargon qui n’impressionne plus que les crédules, les inepties les plus dangereuses intellectuellement qui empoisonnent depuis plusieurs décennies l’enseignement en France : il s’agit bien sûr de « résister » à l’ « autoritarisme et l’ultralibéralisme » (c’est franchement antinomique, mais passons…) qui séduisent « l’extrême-droite et une partie de la droite et du centre », à la « pédagogie à l’ancienne aux échos profondément identitaires » ! Nous y voilà ! L’école d’extrême-droite qui vient ira donc « détectant et dérivant au plus tôt les enfants "inadaptés" » : il faut comprendre ici que dériver, qu’on utilise pour les fonctions mathématiques et pour les bateaux, veut dire réorienter ou renvoyer. Et ça, c’est le Mal ! Il faut garder tout le monde jusqu’au bout (de quoi ?), prolonger la folie énoncée par  un Chevènement amenant « 80% d’une classe d’âge au bac », puis autant en licence, et pourqui pas en doctorat ? Il faut garder ceux qui ne sont pas faits pour les savoirs scolaires, ceux qui mettent le bazar ou font profession de dormir au fond, « il nous faut une pédagogie de l’émancipation, une pédagogie qui apprenne à chacun et à chacune à "penser par soi-même" », il faut apprendre à vivre-ensemble « et surtout à faire ensemble ».



Pour la grammaire, on repassera, puisque l’Ecole doit être avant tout une sorte de « fabrique de citoyens », conformément aux vieilles doctrines révolutionnaires dont le caricatural ministre Vincent Peillon se fit récemment le sectateur le plus acharné. C’est le lieu de la « transmission des valeurs contribuant à tisser le lien social », « une institution où tous doivent apprendre ensemble, fraternellement, pour que, de la confrontation sereine des différences, émerge un projet commun à l’horizon du possible » : un projet commun à l’horizon du possible, c’est beau, ce mélange de slogan publicitaire et de discours de Macron, c’est bien entendu risible et désespérément creux.



Les signataires s’opposent évidemment aux mesures de bon sens proposées par le Front National, comme l’apprentissage à 14 ans, « sanctionner les parents déficients », et surtout, horresco referrens, la restauration d’une « autorité aveugle au détriment de toutes les formes de coopération et de construction collective des règles qui permettent l’adhésion de chacun et de chacune à un projet commun ». Si l’on comprend bien, le chef d’établissement doit se concerter avec les élèves pour savoir s’il faut interdire le bavardage en classe, les insultes, les coups, les crachats : pourquoi pas les faire voter, pendant qu’on y est, et parvenir aux principes utopistes d’une absence totale de contraintes, des règles et de sanctions dans l’éducation scolaire ? Là se rejoignent les déconstructions-démolitions de Michel Foucault (Surveiller et Punir) et les fadaises à baba-cool des pédagogies Rudolf Steiner, chouette synthèse qui produit à la chaîne des inadaptés et des hommes mûrs pour les dictatures, les vraies.



Il faut aller voter pour faire barrage au FN, c’est la conclusion logique de ces destructeurs de l’Ecole, « là où nous, professeurs, éducateurs nous efforçons au contraire de montrer dans nos classes, auprès de ceux qui seront les Français de demain, d’où qu’ils viennent, l’importance de l’égalité, de la bienveillance, de l’acceptation de soi et donc de l’autre ». Une brillante réussite, faite d’un effroyable taux d’échec scolaire et de déliquance dans les innombrables banlieues ethniques de nos villes où les écoles sont devenus des zones de non-droit comme les autres, faite aussi d’un affaissement catastrophique du niveau culturel moyen que l’auteur de ces lignes, professeur d’histoire-géographie durant quelques années, a pu constater, comme des milliers d’autres avant lui, avec sidération.



Les piteuses gesticulations de cette bande de pourrisseurs ont pour seul intérêt de remettre en avant la question scolaire, au carrefour des phénomènes que nous combattons, décadence culturelle, nihilisme anti-identitaire, déconstruction, submersion migratoire, ravage de l’individualisme (que l’on observe chez les nouvelles générations de parents). L’école reste l’un des enjeux majeurs pour toute politique d’enrayement du pire et de redressement, ne l’oublions jamais.



Pierre Henri